La musique du Regimiento de Patricios
lors d'une précédente démonstration dans un stade moins rempli qu'hier
Sont-y pas beaux avec toutes ces couleurs bien espagnoles, soit dit en passant
Photo Casa Rosada
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Hier, j'ai profité du temps (interminable) des journaux télévisés français qui ne parlaient que de foot pour me faire un rapide aller-retour virtuel à Buenos Aires, pour voir une heure et demie de ce très long meeting international de musique militaire où la formation d'un régiment de parachutistes stationné à Toulouse participait à la rencontre, en uniforme garance et bleu marine du plus bel effet sur la pelouse verte du terrain de polo du quartier de Palermo. Dans le désordre et pour autant que ma mémoire ne me fasse pas défaut, j'ai entendu Auprès de ma blonde, La Marche du Régiment de Sambre et Meuse, La Galette, La Marche consulaire et un Mi Buenos Aires querido chanté assez peu tanguero (mais quel hommage de Toulouse à son fils argentin, Carlos Gardel !). Ils auraient eu encore plus de succès en balançant la Marcha de San Lorenzo (après tout, San Martín est mort en France et il est le principal héros de ce chant patriotique argentin !). Le chanteur aurait entendu tout le monde l'accompagner avec une ferveur dont il ne serait pas revenu à l'heure qu'il est ! La version militaro-franchouillarde d'un des classiques du répertoire populaire national dont cette formation nous a gratifiés a bien fait rigoler la très sévère ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, au visage plutôt revêche à son ordinaire. Elle s'est bien marré aussi en écoutant la fanfare des US Marines dans une interprétation (sans risque) (1) de Don't Cry To Me, Argentina mais ce qui a dû la faire sourire, c'est que la réalité historique sur quoi surfe Evita, ce n'est pas vraiment la tasse de thé de l'actuelle majorité au pouvoir.
Quant à la délégation chilienne, elle a consacré une partie de sa prestation à deux morceaux de Astor Piazzolla, Adiós Nonino et Libertango. Je n'ai pas vu que ça ait provoqué de sourires amusés sur les visages des ministres et du Président, qui n'était plus là lorsque les Français se sont présentés sur la pelouse. On a plutôt vu des sourires attendris par le salut symbolique et amical du peuple frère et même l'aboyeur officiel a relevé ce choix lorsque la fanfare chilienne se retirait (pas un mot au départ des Français et des Marines).
Un défilé sur Avenida del Libertador, dans Palermo, a duré plus de cinq heures : un mélange de défilé militaire traditionnel et de corso fleuri en plein hiver, avec chars et autres éléments fantaisistes, avec toutes les tenues traditionnelles et les activités sportives et culturelles du pays. C'était la première fois que des régiments défilaient à nouveau dans les rues de la capitale fédérale pour une célébration nationale. Les journaux disent que ce défilé d'une armée enfin démocratique et d'un peuple représenté dans sa diversité a connu un vrai succès populaire et les images semblent le confirmer.
Casa Histórica de San Miguel de Tucumán, toute parée pour le bicentenaire
Photo Casa Rosada
Tôt dans la matinée, épuisé par sa récente tournée en Europe suivie des déplacements à Salta puis à Tucumán, le Président Macri avait fait savoir qu'il déclarait forfait et n'assisterait pas aux festivités d'hier. Son tweet a causé une tel scandale dans la presse et l'opinion publique qu'il s'est résolu à prendre sa place dans les deux tribunes d'honneur, avec sa fille qui vient d'entrer à l'école primaire, à l'image des scènes similaires à Washington avec les présidents Clinton et Obama, tous deux père de fillettes au moment de leur élection.
Encore heureux, tout de même, qu'il ait surmonté sa fatigue : c'est lui qui l'a voulu, ce mandat de chef d'Etat !
Pour vous en mettre plein la vue : la célébration du bicentenaire de la Déclaration d'indépendance à la Casa Histórica de San Miguel de Tucumán pendant 3h03 (en haute définition), avec une visite spéciale du musée sur les pas du couple présidentiel (on ne fait pas mieux) – soit dit en passant, la première dame était d'une élégance extraordinaire ! la rencontre internationale des musiques militaires (3h17 en haute définition) le défilé militaire et civil sur Avenida del Libertador (5h17 en basse définition), avec les régiments historiques de l'époque révolutionnaire, le Regimiento de Patricios (la milice de notables qui était commandée par Cornelio de Saavedra, en mai 1810, reconnaissable à son écharpe rouge sur vareuse azur son chapeau haut-de-forme et son plumet retenu par une cocarde rouge, une tenue très proche de la tenue des civils portègnes en 1800) et le Regimiento de Granaderos a Caballo General San Martín (le corps d'élite fondé par San Martín le 12 mars 1812 et qui a été reconstitué en 1903 comme escorte présidentielle et symbole d'unité nationale). Autre présence très populaire dans ce défilé, auquel a assisté une partie militariste et droitière de la population, c'est certain : les associations de vétérans de la guerre des Malouines de 1982, une guerre qui marque profondément la conscience argentine eu égard au caractère très particulier de cet archipel dans l'histoire du pays (il a été pris par une action de guerre par la Grande-Bretagne, en 1833, sans déclaration de guerre, un acte particulièrement illégal même dans le monde tel qu'il existait en 1833, où l'Argentine était un pays indépendant reconnu par le Royaume-Uni en 1824)
la synthèse des trois jours de fête en un tout petit moins de deux heures par Televisión Pública
(1) Evita est une comédie musicale typiquement anglo-saxonne, qui n'a donc que fort peu à voir avec ce que représente Evita Perón en Argentine... Les Français se sont beaucoup plus exposés que leurs confrères de la marine des Etats-Unis : chanson en castellano pur portègne garanti que le chanteur a interprétée dans le texte. Une gageure sur le sol argentin !