Fernando Pessoa avait affirmé : « La littérature existe parce que la vie ne suffit pas. » La phrase, superbe, s’adresse finalement autant à l’auteur qu’au lecteur. Inscrire un complément à la vie, à l’Histoire, telle est la force de la fiction lorsqu’elle est bien menée, richement documentée. Claire Tencin s’est sans doute imprégnée de cette idée lorsqu’elle a écrit un court, mais dense roman, Aimer et ne pas l’écrire (Tituli, 100 pages, 16 €), qui vient combler une lacune dans la biographie de Montaigne. Est-ce d’ailleurs bien un roman ? N’est-ce pas plutôt un récit, dont la structure s’apparenterait à celle des poupées russes qui s’emboitent les unes dans les autres ?