Courir ? encore et toujours courir.
Tu me demandes ce que je cherche. Comment ne vois-tu
que je ne poursuis rien, que je suis poursuivie ?
Aucun but ne me mettrait ainsi hors d’haleine ;
je cours pour fuir un ennemi
et vainement, car déjà se confond
le martèlement de mon coeur avec le heurt de ses pas,
son ombre lèche mon ombre.
Comment peux-tu me parler
de buts, d’ambitions,
de longues routes, droites et ouvertes ?
La mienne fut courte et sinueuse,
parcourue sous la menace ?
et je suis parvenue au point où le cercle se referme.
*
In corsa ? ancora e sempre in corsa.
Mi chiedi cosa inseguo. Come fai a non accorgerti
che non inseguo ma sono inseguita?
Nessuna mèta mi darebbe tanto affanno;
corro così per sfuggire a un nemico,
e inutilmente, perché già si confonde
il martellar del mio cuore col rimbombo dei suoi passi,
la sua ombra lambisce la mia ombra.
Come puoi parlarmi
di scopi, di ambizioni,
di lunghe strade diritte ed aperte?
La mia fu breve e curva,
compiuta sotto la minaccia ?
e sono giunta al punto dove il cerchio si salda.
***
Margherita Guidacci (Florence, Italie 1921-1992) – Neurosuite (1970) – Traduit de l’italien par Gérard Pfister