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"La Troisième partie du monde", film obsédant

Par Luc24

Il y a quelque chose qui cloche avec la critique de cinéma. Censée défendre les propositions ambitieuses , nouvelles, courageuses, elle a de plus en plus tendance à revendiquer une certaine politique des auteurs tout en zappant les talents émergents. Après l'accueil mitigé réservé au pourtant très prometteur Nouvelle Donne, cette semaine c'est la Troisième partie du monde, film français atypique, qui connait les foudres d'une presse un peu trop vieillissante et qui semble perdre petit à petit le goût du risque. Certes maladroit, le premier film d'Eric Forestier n'en demeurre pas moins une alternative à un cinéma français souvent trop policé et académique. Notre pays compte des auteurs et votre voisin blogueur croit très fort en ce jeune cinéaste.

La critique  

La Troisième partie du monde
L'amour comme un trou noir : un premier film obsédant

Dans un aéroport, Emma (Clémence Poesy) rencontre François (Gaspard Ulliel). Alors que le coup de foudre frappe, François lui explique ce que sont les trous noirs qu'il étudie non sans passion. Sur un coup de tête, les deux jeunes gens partent pour un séjour dans la maison du frère de François. A l'écart du monde, ils s'apprivoisent, se cherchent, s'engueulent, font l'amour et rêvent d'un avenir à deux. Emma n'est pas une fille facile, encore moins une fille banale. Entre la femme enfant et la femme fatale, elle dispose de ce magnétisme qui rend les hommes fous. François n'y échappe pas, lui lance l'air de rien qu'elle est méchante avant de se rétracter. Amour, passion à la campagne...puis disparition. Par le plus grand des mystères, François part faire un tour à vélo et n'en revient jamais. Alors que son frère et la femme de celui-ci reviennent dans leur maison, ils trouvent une Emma seule et prise de court. Le temps passe et toujours pas de nouvelles de François. Retournée à Paris, Emma cherche des réponses entre deux visites d'appartements vides (elle travaille dans l'immobilier). Alors que Michel (Eric Ruf), le frère de François, lui rend visite, la jeune femme commence à se demander si elle n'est pas pour quelque chose dans la disparition de son romantique amant...

La Troisième partie du monde

Gare à l'amour passion ! En rencontrant Emma, François s'est-il frotté à des émotions trop grandes pour lui ? Probable (à un moment il balance : "T'es belle, ça me fait mal tellement t'es belle"). Car tous les hommes qui approchent la demoiselle semble finir bien mal (quand ils ne disparaissent pas, ils deviennent translucides). Objet de tous les désirs et de toutes les passions, elle se retrouve perdue en pleine confusion des sentiments, peinant à canaliser ses émotions intérieures. Dès les premières minutes, on s'attache à l'univers d'Eric Forestier. La caméra tremble, comme le coeur palpite lorsque l'amour survient, le bonheur se mêle à l'angoisse. Intuitif, sensoriel, très charnel, le début du film est aussi énigmatique que passionnant, peuplé d'instants de grâce. L'amour est sur l'écran , le vrai, celui qui ne triche pas mais peut aussi faire très mal. Le duo branché/glamour Clémence Poesy et Gaspard Ulliel dépasse son statut de base un peu réducteur pour devenir les interprètes habités d'un drame sentimental à la fois banal mais profondément universel, magnifié par le surnaturel. Que ceux qui s'attendent à un cinéma linéaire passent leur chemin, La troisième partie du monde refuse de faire dans l'explicite , dans le facile. Mélangeant sentiments et science-fiction, cette oeuvre à part dans le paysage cinématographique français s'articule autour de métaphores subtiles et évidentes.

La Troisième partie du monde

Il y règne une ambiance à la fois torride (quasi érotique par moments), mélancolique, angoissante et intrigante. Il y a la un style, un point de vue de cinéaste, du caractère. Sensible et universel, le parcours d'Emma parlera à tous les romantiques qui ont un jour souffert en amour. Un premier film attachant et original, pudique et fort. La musique de Jay-Jay Johanson colle à merveille aux images qui s'attardent sur les peaux et les visages des protagonistes. Seul bémol : les effets spéciaux. Ils soulignent un peu trop un propos qui se suffisait à lui seul, en plus d'être assez cheaps. Faute de goût donc mais on passera volontiers dessus tant l'émotion que procure ce film courageux et personnel est grande. N'ayez pas peur d'ouvrir la porte qui mène à l'amour et à ce film généreux.

 

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