Frédéric Faux, Les Boliviens rebelles, 2016.
C'est tout nouveau, ça vient de sortir ! Et comme tous les ouvrages qui paraissent sur la Bolivie, il ne pouvait se soustraire à mon oeil avisé... et souvent critique. D'abord, je me dis, qui c'est ce type qui, dès le préambule, remet à leur place ces pionniers de la Bolivie des années 60, certes pour l'essentiel romantiques amateurs de musique et à la vision peut-être trop angélique, mais grâce auxquels le pays est quand même sorti de l'ombre ? Il se pose en "vision parallèle" de la chose, soit. J'ai lu le livre. Il est au top de l'objectivité, documenté, très très bien écrit, juste. Je n'ai qu'un mot à dire : bravo, bien joué. Moi aussi, je suis la première à dénigrer ces amoureux du poncho en laine qui pique porté par tous les temps à Paris, ces abonnés aux clichés qui ne connaissent que la face touristique, le vernis, de la Bolivie. Moi aussi, comme l'auteur, je prône une vision plus réaliste, plus journalistique et le regard aiguisé de quelqu'un qui, attiré par ce pays contrasté, ne laisse pas l'émerveillement masquer ses défauts.
Le livre est parfaitement articulé en 4 parties :
- "le renouveau identitaire" qui a vu, depuis l'élection de Evo Morales, la résurgence et la réaffirmation de l'héritage indigène
- "le retour de la souveraineté" de la Bolivie sur ses richesses naturelles et un chapitre passionnant sur la toute nouvelle exploitation du lithium
- "le laboratoire d'El Alto" où l'auteur nous présente la ville champignon située au-dessus de la capitale sous des aspects que je ne maîtrisais pas forcément
- "une société sous tension" qui évoque, sans appuyer les thèses mensongères de la droite anti Morales mais sans langue de bois aucune, les problèmes épineux du trafic de cocaïne et du projet de construction de cette fameuse route polémique de Tipnis qui traverserait la région du même nom, parc naturel et lieu de vie protégé de plusieurs ethnies indigènes.
En conclusion, je peux le dire sans détour, sans bémol et sans nuances, ce livre est une mini Bible et, c'est rare et je le souligne, il m'a appris des choses que j'ignorais sur la Bolivie ! Champagne ! Ce n'est pas un minable résumé de toutes les recherches déjà menées sur le pays, ni un condensé de thèses pro ou anti Morales. C'est un travail sérieux, soigné et dense en informations. Je recommande chaleureusement et lui offre une place de choix dans ma bibliothèque !
(Avec en couverture, comme sur les autres ouvrages de cette collection dédiées aux peuples, la main d'un certain Guillermo, musicien bolivien résident à Paris que certains connaissent bien...)