Partager la publication "[Critique] INDEPENDENCE DAY : RESURGENCE"
Titre original : Independence Day : Resurgence
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Roland Emmerich
Distribution : Jeff Goldblum, Bill Pullman, Maika Monroe, Charlotte Gainsbourg, Liam Hemsworth, Jessie Usher, William Fichtner, Sela Ward, Vivica A. Fox, Judd Hirsch, Joey King…
Genre : Science-Fiction/Fantastique/Action/Suite/Saga
Date de sortie : 20 juillet 2016
Le Pitch :
Le monde fête en grande pompe la victoire de l’humanité contre les aliens. Dans l’espace néanmoins, la riposte s’organise. Les envahisseurs sont de retour. Plus nombreux, mieux armés et préparés, ils débarquent à bord d’un gigantesque vaisseau et sèment le chaos sur leur passage. Les humains, garants d’une technologie héritée des vestiges de la précédente bataille, font leur possible pour les repousser encore une fois mais le combat semble perdu d’avance. À moins que les héros d’hier et ceux d’aujourd’hui ne trouvent une solution pour sauver le monde…
La Critique :
Roland Emmerich a attendu 20 ans pour nous offrir la suite de son film le plus « culte ». 20 ans, c’est long, surtout pour l’industrie cinématographique qui, en général et à plus forte raison en cas de succès, rempile rapidement, jusqu’à ce que le public se lasse et passe à autre chose. Quand on poireaute aussi longtemps, c’est généralement pour jouer la carte « reboot » ou « remake », mais pas pour continuer à raconter la même histoire. Pour autant, voir débouler en 2016 un second Independence Day avec une partie du casting original, avait quelque chose d’enthousiasmant. Et tant pis pour Will Smith, qui de toute façon, était assez insupportable dans le premier.
Mais malheureusement, Smith a été remplacé. Oui, malheureusement, car force est de reconnaître que ceux qui se chargent de véhiculer la « cool attitude » nécessaire à ce genre d’entreprise parviennent à nous faire regretter le père de Jaden et de Willow…. Nous y reviendrons.
En 20 ans, le père Emmerich n’a pas chômé. Il a détruit plein de trucs. Avec un gros lézard dans un blockbuster à la ramasse en forme de relecture yankee foirée (Godzilla), avec un bon gros cataclysme climatique (Le Jour d’après, au passage l’un de ses meilleurs longs-métrages) ou encore avec une apocalypse maya (2012). Il a aussi changé de registre en suivant un Mel Gibson revanchard (The Patriot) ou en allant fureter du côté de Shakespeare, espérant trouver une légitimité d’auteur (Anonymous). Il a même donné dans la modeste fresque historique en revenant sur les émeutes de Stonewall à New York à la fin des années 60. Un drame qui est intervenu juste après un passage passé inaperçu à la Maison-Blanche, qui a bien pris cher pour pas un rond. Avec Independence Day : Resurgence, le réalisateur allemand revient à ses premières amours. Précédé de trailers furieux plein d’effets-spéciaux, ce gros truc bien massif allait-il parvenir à ressusciter l’esprit du premier et à s’imposer dans un paysage envahi par les super-héros ? Les résultats du box office n’étant pas super bons, la réponse est non. ID4 2 n’a pas trouvé son public. Pas complètement en tout cas et certainement pas au pays de l’Oncle Sam. Peut-être est-ce parce que cette fois, Emmerich a décidé de ne pas détruire New York ou Los Angeles mais plutôt Londres ? Allez savoir… Cela dit, que vaut vraiment le film ?
On a fait beaucoup de reproches à Independence Day. Son patriotisme exacerbé fut montré du doigt, tout comme son scénario famélique et ses personnages bien caricaturaux. En revanche, tout le monde ou presque s’était entendu pour saluer la prouesse technique. Au point qu’avec les années, le film fut tout doucement porté aux nues par une large frange du public.
Ce qu’il faut savoir au sujet du numéro 2, c’est qu’Emmerich a poussé tous les compteurs dans le rouge. Là encore, c’est l’Amérique qui prend les choses en main dès que les aliens ramènent leur fraise pour un match retour. Les autres chefs d’état peuvent bien aller se faire voir chez les grecs car c’est la Présidente qui commande, secondée par Jeff Goldblum et par le fils du personnage de Will Smith et ses super pilotes tellement burnés qu’on en vient à se demander comment ils arrivent encore à s’asseoir dans leurs petits cockpits. La case du patriotisme est bien cochée, mais après tout c’est normal non, surtout vu le titre ? Emmerich tente bien d’enrôler des personnages venus d’autre pays (coucou Charlotte Gainsbourg), mais au fond, vu qu’ils ne servent à rien sinon à brasser du vent, cela ne change rien. Ce nouvel Independence Day tente alors de nous faire avaler que les choses ont évolué. Les humains ont de nouvelles armes, ils vont sur la lune comme nous on va faire des randonnées à la montagne, et disposent de gros canons spatiaux pour péter la gueule des extraterrestres qui franchiraient la ligne jaune. Oui, il y a eu du changement depuis la dernière fois, mais non, cela ne sert à rien. Quand les aliens déboulent, c’est pareil qu’en 1996. Resurgence adopte ainsi exactement la même structure que son prédécesseur. La méthode des assaillants a légèrement été modifiée mais au fond, c’est pareil. Leur vaisseau est beaucoup plus grand (un rayon de 5000 kilomètres, voyez plutôt le truc mastoc), mais là aussi, c’est pareil. Il faut juste trouver leur point faible et comme Jeff Goldblum a accepté de signer à nouveau, on sait que les petits hommes verts vont l’avoir dans le baba. Surtout que là, comme indiqué plus haut, le scientifique peut compter sur des soldats qui en ont dans le ventre. Des mecs comme Liam Hemsworth dont la performance devrait rester dans les annales au rayon des « j’en peux plus de cette tête à claques », ou Jessie Usher, qui campe un fils adoptif de Will Smith tenant plus du clone. Même le geek timbré à cheveux longs et grisonnants du premier volet est de retour. Alors franchement, comment les aliens pouvaient espérer réussir leur coup ? Comme l’affirme l’affiche américaine, ils ont merdé avec la mauvaise planète.
Resurgence a le cul entre deux chaises. Rien qu’au niveau du casting. Entre vieux briscards et jeunes loups sexy et parfois insupportables (Charlotte quant à elle, est neurasthénique), une minuscule poignée d’entre eux a vraiment un rôle à jouer. Au final, seul Jeff Goldblum parvient à garder un semblant de contrôle, même si ce constat vient peut-être davantage de notre joie de le retrouver. Après un écrémage sans pitié, qui voit certains des vieux partir avec l’eau du bain dans des circonstances parfois involontairement comiques, le film continue et donne l’occasion à certains comédiens de se tirer de belles balles dans le pied. Bill Pullman par exemple est en roue libre. Mais c’est surtout la faute au scénario, qui compile les archétypes les plus rabattus, vus dans tous les trucs du genre. Le tout en faisant semblant de s’inscrire dans une démarche moderne, avec par exemple une louche de féminisme hyper mal traité qui tient plus du foutage de gueule. On vous le dit, rien n’a changé depuis 1996… À vrai dire, Independence Day : Resurgence est un monument de débilité filmique. Un peu dans le genre de 2012 qui déjà, tutoyait les sommets. À côté, Independence Day est un modèle de sobriété. Entre dialogues parfaitement crétins, situations bancales, rebondissements ultra prévisibles, personnages cons comme c’est pas permis, approximations scientifiques plus ou moins révoltantes et tout ces petits détails inutiles posés là pour habiller le tout, le métrage bat des records jusqu’au moment où il s’envole très haut pour ne jamais redescendre, en tentant d’épaissir son postulat avec l’arrivée d’un nouvel élément probablement censé déboucher sur d’autres volets, digne d’un épisode d’une mauvaise série de science-fiction écrite sous LSD un jour de canicule… À moins que le réalisateur et ses lieutenants n’aient décidé de confier la rédaction du script à un gamin de 10 ans. Ce qui expliquerait pas mal de choses…
Mais pourquoi coller un 2.5/5 si c’est si nul ? Bonne question ! En fait, Independence Day 2 fait partie de ces navets qui arrivent à trouver le bon équilibre pour tout de même divertir. On ne s’ennuie pas du tout devant ce bon gros barnum bourré à ras la gueule d’effets numériques. Ça bouge dans tous les sens et il faut bien avouer que le « plus c’est gros plus ça marche » à la base de l’entreprise, fait ses preuves. Cette orgie visuelle a quelque chose de fascinant. On dira ce qu’on voudra de Roland Emerich, mais celui-ci n’est pas un manche et quand il s’agit de dominer l’informatique pour donner du corps à ses visions, c’est l’un des meilleurs. Le show est gargantuesque. Sur grand écran, en 3D, avec le son au maximum, ça envoie sévère et au fond, c’est peut-être tout ce qu’on demande à ce genre de production.
Une production en l’occurrence suffisamment débile pour arracher à intervalles réguliers de bons gros rires gras. Ce n’est pas toujours drôle volontairement mais en tout cas, ça l’est souvent. Cette suite raconte tellement de foutaises qu’elle en devient presque cohérente dans sa déviance. Jusqu’au bout, avec un dénouement parfaitement con, et une réplique ultime qui finit de faire de ce gros machin difforme l’une des machines de guerre les plus joyeusement foutraques vues depuis des lustres.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : 20th Century Fox France