Magazine Cinéma

Quand les romanciers français s'emparent du réél

Par Filou49 @blog_bazart
22 juillet 2016

 Encore quelques livres de la saison 2015-2016 à recenser avant que ceux de la rentrée littéraire viennent tout renverser sur leurs passages.. et parmi eux, à l'instar du dernier Philippe Jaenada  pas mal de romanciers français ont décidé de partir d'un fait ou d'un personnage réeel pour tisser une fiction autour.... Petite revue de trois romans interessants à ne pas oublier pour les vacances d'été..

 1.Babybatch ;   Isabelle Coudrier

babywatch

« Ils étaient là, assis tous les trois dans la cuisine, les parents  et leur fille unique, dégustant des gâteaux. Á cet instant, il sembla à Dominique que rien ne changerait jamais, et elle ne savait pas si cela l’inquiétait ou si au contraire cela la rassurait. »

Qu’est-ce que tu as Dominique ? Cette rentrée scolaire te parait fade, tes anciens amis ne te comprennent plus, les professeurs sont si loin de toi alors que tu es une bonne élève et tu l’attendais depuis si longtemps cette entrée au lycée. Tes parents sont-ils heureux dans leur vie ? Pourquoi le nouveau prof d’anglais parle –t-il si bas ? Et ce jeune garçon au teint pâle se moque-t-il de toi ? C’est la première fois que tu te poses ces questions. Qu’est-ce que tu as ?

C’est simple Dominique, tu as quinze ans. Heureusement Benedict Cumberbatch, lui, connait la vie et dans la série Sherlock il explique, décortique, «  déductione » trouve et répond à toutes les questions, alors pour toi, Dominique, il va devenir Babybatch, le grand frère rêvé, l’ami imaginaire et l’amoureux inaccessible, celui qui, si il était à tes  côtés, résoudrait tous tes problèmes.

Joli et triste roman sur l’adolescence, jolie petite musique mélancolique sur la quête d’identité. Presque un roman minimaliste ou tout est dit en peu de mots : l’apprentissage de la solitude et l’âpreté de la vie lorsque l’on est une adolescente hypersensible.

Isabelle Coudrier trouve toujours la phrase juste pour nous faire pénétrer dans la psyché d’une jeune fille pour qui vivre ne sera jamais simple.

Une plume qui nous touche  au cœur.

MD

Patient Zéro, Philippe Besson

patient zero

"Et je suis convaincu d’une chose ce ne sont pas des monstres qui ont enfanté le sida mais l’ignorance et le manque d’information.."


Incipit,  nouvelle collection  proposée depuis le printemps 2016, portée par les Éditions Prisma et Steinkis Groupe voient de grands romanciers français y raconter une première fois, qu’elle soit historique ou universelle, dans des récits mêlant fiction et réalité . Après vous avoir parlé de Francois Bégaudeau  qui s'interessait à la comédie francaise et justement  de Jaenada qui allait voir du coté des premier jeux olympiques, voici que l'élégant Philippe Besson s'interesse au patient zéro des années SIDA pour savoir qui a été le tout premier homme à transmettre le virus du SIDA.

On a longtemps soupçonné Gaëtan Dugas, un steward canadien, d’avoir été le premier homme à transmettre le sida : il était homosexuel et aimait  les nuits enfièvres et endiablées. Mais pour Besson, Dugas était un peu le  bouc émissaire  idéal à la pandémie du sida, car va vite s'apercevoir  d’autres avaient contracté la maladie avant lui plusieurs décennies avant et dans d'autres pays du haiti  aux USA. Maladie honteuse, souvent encore passé sous silence, chercher la genèse du virus est l'occasion de  nous faire  réfléchir à la naissance réelle d'une maladie qui a modifié les pratiques sexuelles et éducatives de ma génération et de la précédente.

Un court roman qui mélèe habilement  littérature et culture scientifique qui raconte avec beaucoup de pudeur et de bienveillance l’histoire romancée de ce premier patient d'une maladie dont on a toujours énormément à apprendre.  

 3. Le Bon plaisir, Françoise Giroud, ressortie 

bon plaisir

"Mais il s’était senti soudain vieux. La guerre ? Elle reviendrait. Secrètement, fugitivement, il désespérait du pouvoir de la culture sur les instincts, donc de la civilisation, bien que, publiquement, il en fît grand cas."

 Lorsque Françoise Giroud publie en 1983 son roman Le bon plaisir (édité aux éditions Mazarine ca ne s'invente pas !!!), elle prend le risque de révéler un énorme scandale politique puisque son livre évoque l’existence d’un fils caché du Président de la République.

La renaissance des éditions Mazarine grâce à l'éditeur Fayard a remis en avant, et c'est donc l'occasion de lire ce Bon Plaisir que je ne connaissais que grace à l'adaptation moyenne de Francis Girod avec Trintignant et Serrault réalisé dans la foulée du livre.

Une histoire d'un chef d'état qui est  le père clandestin d'un enfant naturel,  dont la mère Claire,  se fait agresser et voler son sac à main qui contenait une lettre écrite par son amant dix ans auparavant, au sujet de l’enfant qu’elle attend et dont  l'ancien président ne veut pas entendre parler. 

Au moment de  sa parution , en 1983 l’existence d’un enfant caché du Président de la République était un secret  révélé que dix ans plus tard, et la publication de ce livre aux éditions Mazarine sonnait pour ceux qui en étaient informés comme un clin d’oeil et même comme une vraie provocation.

Plus qu'un livre provocateur et vaguement people, on relit  cette chronique du pouvoir  avec grand intéret qui joue surtout sur toutes les ambivalences des personnages par le biais d'un  combat intime et médiatique qui aboutit à une réflexion sur le pouvoir et l’exercice du pouvoir assez universelle par-delà l’anecdote, et qui nous prouve montre qu'il y a 30 ans, comme encore aujourd'hui la fonction présidentielle peut avoir  quelque chose d’éminemment monarchique.

Une ressortie salutaire pour nous montrer que Francoise Giroud, trop vite cantonnée à une image de journaliste sans foi ni loi était aussi une romancière tout à fait estimable.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Filou49 15144 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines