Retour à Lodève
2016 un nouveau festival
Une équipe de bénévoles réunis en association, URGENCE POÉSIE, porte à bout de bras le renouveau de la poésie à Lodève (Hérault) espérant le retour du public par ce « passage » entre Millau et la mer…
Beaucoup sont encore amoureux de Lodève comme d’un lieu d’amitiés, de rencontres voire de passions quand on a le temps, celui des vacances…
La chute fut progressive, les raisons trop diverses pour les raconter ici mais le dernier coup fut porté par la nouvelle politique de la municipalité qui jugea trop « élitiste » le bouquet de poésie proposé depuis des années sous le nom de « VOIX DE LA MÉDITERRANÉE » alors qu’il ne l’était pas, que son ouverture aux poètes méditerranéens et aux poètes français de tous bords, des performeurs aux « gardiens » de la parole poétique, tendait à montrer une diversité rare. Suppression totale des subventions pour 2015. La seule librairie de la ville est même atteinte et, dernier élément du désastre, le Musée, très réputé, est fermé pour travaux interminables depuis des années…
2015 donc : élaboration d’un festival quand même, sans un euro dans les caisses et première réussite. Renouvellement en 2016 du 7 au 10 juillet, mais avec une organisation très professionnelle grâce à un comité au sein duquel on peut citer Marie Poitevin, Marie-Laure Genton, Louis Lafabrié et une centaine de bénévoles, se chargeant de la cuisine, essentielle, comme de l’éclairage et du son, primordiaux… Le financement participatif à l’aide d’une plateforme internet, permet de payer les frais et rémunérer les auteurs et artistes. Tous les logements sont prêtés par les habitants.
La ville de Lodève, touchée depuis longtemps par les fermetures d’usines, délabrée, fut refuge de harkis. Loin de Montpellier et des plages, elle se tasse au pied du Larzac. Son charme suranné a attiré des artistes, contribuant à lui redonner vie.
S’y ajoutent musiciens, éditeurs et écrivains qui se rencontrent pendant 4 jours. Trois ou quatre séquences journalières, un public curieux , du Cloître où Tarkos prononça dans les années 2000 ses presque dernières interventions, au jardin « partagé » des berges d’une des rivières à la Cour Casablanca, lieu privé amoureusement décoré et offert par les propriétaires ; ou sur la célèbre place de la Halle Dardé, très centrale, où toutes les chaises étaient prises et, surtout pour les soirées, dans la cour d’une association culturelle… Tout ne fut pas parfait : par exemple les présentations des auteurs à la queue-leu-leu, traditionnelles mais vraiment très scolaires ! Ou bien on oublie devant le micro qu’on n’est pas seul, que le temps est limité, ça arrive partout. Des broutilles. Espérons aussi que la Mairie pourra offrir des lieux au centre-ville. Et l’an prochain, le festival s’étendra vers les villages alentour…
Quant au contenu, toutes formes de poésie contemporaine furent offertes, de Julien Blaine à Dominique Sampiero pour citer les extrêmes, ou bien Marius Loris très impressionnant au Cloître. Des voix de Lyon : Béatrice Brérot, Yves Bressande, de Grenoble : Katia Bouchoueva. Les frères Soletti, amoureux de mots et de batterie. Une grotte des éditeurs a été pensée, un peu à l’écart des animations mais au moins il y faisait frais… et le lac de Salagou se trouve tout près, d’autant qu’il est devenu un site classé avec ses presqu’îles en collines rouges de pierres volcaniques…
Rendez-vous à tous pour l ‘édition 2017.
Fanny Danglade
photos F. Danglade, en haut Katia Bouchoueva et en bas Marius Loris.