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Une connaissance scientifique du vivant est-elle possible ?

Publié le 18 juin 2008 par Jcgbb

La biologie est précisément la connaissance scientifique du vivant ; si la biologie existe, comme c’est le cas, alors une science du vivant doit être possible. De l’existant au possible la conclusion est valide. Pourtant, la biologie n’est pas une science comme les autres ; la nature de son objet, qui n’est pas inerte mais animé et qui entretient un rapport particulier au temps, requiert une approche différente de l’astronomie ou de la chimie par exemple. Sans compter que parmi les vivants figure l’être humain, dont on voit mal comment concilier le statut de sujet libre et celui d’objet de connaissance.

La possibilité d’un savoir vrai et assuré portant sur la vie est attestée par la pratique même des biologistes. Ceux-ci ont recours aux observations et aux mesures, utilisent comparaisons et déductions : méthodes qui ont fait leurs preuves dans les autres disciplines scientifiques. Il est vrai que la biologie a pour particularité d’emprunter aussi ses méthodes à l’histoire, science humaine et non science de la nature, puisqu’il faut bien s’appuyer sur ces témoignages que sont les fossiles pour retracer l’histoire de la vie (l’évolution de Darwin). Mais si la biologie ne peut être rigoureusement déductive, elle s’appuie du moins sur des faits avérés et datés selon des méthodes fiables.

L’inconvénient avec le vivant, c’est qu’il ne se comporte pas tout à fait comme les objets de la physique et de la chimie. Difficile d’étudier un être qui se modifie sans cesse, qui est différent selon l’âge, l’espèce et le milieu. Les organismes ne demeurent pas identiques à eux-mêmes, mais vieillissent en se renouvelant. Il est presque impossible, lors d’une expérimentation, de modifier un facteur sans modifier tous les autres, du fait de l’étroite solidarité de toutes les parties d’un organisme. Et il n’est pas sûr que l’observation conduite en laboratoire soit équivalente à celle menée dans le milieu d’origine. Toutes ces particularités de l’être vivant rendent malaisée l’application des méthodes employées pour étudier les objets inertes.

Enfin, s’agissant de ce vivant qu’est l’homme, il est légitime d’interroger la validité des sciences humaines. Il ne va pas de soi que l’homme se prête à une connaissance de type scientifique. Car comment concilier la recherche des lois et le postulat du déterminisme d’un côté, l’initiative de l’action et l’affirmation de la responsabilité de l’autre ? Kant soutenait qu’il est impossible de connaître l’homme dans sa liberté de sujet moral. Nous pouvons le penser libre, quoique nous ne puissions le connaître que déterminé. La difficulté est alors de résoudre l’antinomie de la liberté et de la nature ; et de trouver un accord entre la dignité du sujet et l’instrumentalité d’un objet de savoir.

Corrigé bac philo 2008 : série L

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