Magazine Cinéma

Charlize theron - interview - mai 2016

Par Aelezig

Source : Elle - mai 2016

A l'instar de son personnage dans The last face, en compétition à Cannes, Charlize s'engage à 200 %. Dans ses combats humanitaires comme dans ses films. Et l'égérie du parfum J'adore de Dior fait même la part des choses. Rencontre.

Il fait beau à  Los Angeles ce jour-là, mais le fond de l'air est frais. Autour de Charlize Theron, toute l'équipe du shooting s'affaire : photographes, assistants, coiffeurs, maquilleurs, agents...

z12

Cannes 2016 pour The last face

Vêtue d'un maillot de bain une pièce, grande blonde sculpturale, Charlize s'approche de la piscine pour une ultime photo. "Mais elle est glacée !" s'exclame-t-elle. Avant de se ressaisir aussitôt... Impassible, sans frémir, l'actrice entre lentement dans l'eau comme une déesse hiératique à qui, à la différence de nous autres mortels, les variations de température ne feraient ni chaud ni froid. Cette image correspond bien à la star. Une icône ultra pro, dont la beauté surnaturelle semble tout droit sortie de l'âge d'or de Hollywood.

Plus tard, pourtant, dans un salon luxueux de cette mansion des hauteurs de Hollywood - elle porte un peignoir blanc et ses boucles mouillées sont délicieusement décoiffées -, elle se révèle amicale, voire expansive. Elle parle avec chaleur de son engagement pour l'Afrique (elle a fondé l'Africa Outreach Project en 2006, afin de lutter contre le sida en Afrique), de ses deux enfants adoptés, Jackson, 4 ans, et August, petite fille arrivée dans la famille l'été dernier. Et même de The last face, le fillm qu'elle a tourné avec son ex-boy-friend, Sean Penn, présenté en compétition à Cannes. Elle donne l'impression d'être une femme forte, équilibrée, épanouie.

On finirait même par se persuader que l'on est en face d'une personne excessivement normale s'il n'y avait pas ce métier si peu normal qu'elle exerce. Et surtout sa filmographie, étonnante. Car depuis le début de sa carrière, elle n'a cessé de choisir les rôles les plus extrêmes, les plus dérangeants : celui d'une tueuse en série dans Monster, en 2003, pour lequel elle prend 15 kilos et s'enlaidit au possible (et qui lui vaut l'Oscar de la meilleure actrice en 2004) jusqu'à Mad Max : Fury Road, l'an passé, où elle arbore un crâne rasé et un bras amputé. Comme si tous ces personnages déjantés lui permettaient d'expurger ses zones d'ombre les plus indicibles. "Je n'ai pas fait de psychothérapie, explique-t-elle. Etre actrice me suffit."

Mais la noirceur ne semble pas déborder de ses films et s'épandre dans le reste de sa vie. Preuve en est sa collaboration impeccable, depuis plus de dix ans, avec Dior, dont elle est l'égérie, pour le parfum J'adore. Chaque campagne raconte un nouveau chapitre de la femme selon Dior. Et de la femme moderne tout court. En 2006, elle apparaissait nue et scandaleusement belle dans une publicité signée Jean-Baptiste Mondino, et dans un autre clip du même Mondino, The future is gold, en 2014, elle laissait le vieux monde (la galerie des Glaces du château de Versailles), et se hissait à l'assaut du dôme le long d'une étoffe soyeuse en y enroulant ses jambes interminables... Ainsi va Charlize Theron, qui semble pouvoir se démultiplier à l'infini. Interview.

z13

Publicité pour J'adore, de Dior

Au cinéma, vous jouez des personnages extrêmes, border-line, alors que dans les campagnes Dior, vous incarnez une créature blonde et ultra glamour. De quelle femme vous sentez-vous la plus proche ?

Je revendique toutes ces différentes personnalités. Je pense que le femmes sont tout cela à la fois. C'est une grande erreur de penser que nous ne pouvons être qu'un seul personnage - une mère ou une séductrice, une femme au foyer ou une working-girl... Les femmes on trop souffert, dans le passé, d'être rangées dans des petites cases. Comme les hommes, elles possèdent de multiples facettes.

Au début de votre carrière d'actrice, vous vous êtes éloignée du mannequinat. Aujourd'hui avec Dior, vous semblez totalement assumer votre rôle d'égérie et tirer une fierté de votre beauté. Qu'est-ce qui a changé en vous ?

Quand j'ai commencé, il faut se souvenir qu'il n'y avait pas de mannequins qui devenaient actrices. C'était très mal vu. Si cela arrivait, on pensait qu'il s'agissait de filles sans talent qui utilisaient leur beauté pour devenir comédiennes. J'ai donc essayé de m'éloigner du mannequinat le plus possible pour pouvoir m'affirmer comme actrice. Heureusement, les choses ont beaucoup changé en dix ans et il n'existe plus de telles frontières. Et c'est un immense plaisir pour moi d'être égérie Dior.

Après dix ans passés à être égérie de J'adore, quels sont vos rapports avec la maison Dior ?

C'est comme une famille. Vous ne pouvez pas travailler aussi longtemps avec des gens sans établir des relations de confiance, sans avoir le sentiment de faire partie d'une équipe. Au fil des campagnes J'adore, qui racontent une histiore - ce qui est très important pour moi -, nous avons créé des liens solides, bien réels, dans lesquels je me sens à l'aise. C'est très agréable. A la fin de la journée, vous avez accompli un travail avec des personnes que vous considérez comme vos amies.

Certains disent que vous êtres inaccessible, et même secrète. Comment, en tant qu'actrice, vivez-vous le fait de devoir vous exposer dans vos films ?

Mais justement, je ne m'expose pas dans les films ! Je joue un personnage. Il y a une idée fausse, et communément répandue, qui consiste à penser qu'une actrice devrait dévoiler son intimité. Je n'y crois pas. Si je ne livre pas des morceaux de ma vie intime au public, c'est pour préserver mon propre équilibre mental : je veux pouvoir rentrer le soir et avoir l'impression qu'une part de moi reste encore secrète, intacte. Et puis j'ai déjà l'impression de me dévoiler pas mal en interview, comme maintenant avec vous.

z14

Mad Max : Fury Road

Que vous a apporté le cinéma ?

Jouer la comédie, pour moi, a toujour été une manière d'explorer la condition humaine. Au fil des rôles, on atteint une connaissance de l'existence que ne permet pas la vie ordinaire. Comme dans tous les arts, on parvient à des niveaux de conscience, d'intensité, qui dépassent l'expérience quotidienne.

Vous avez dit un jour qu'à vos débuts, vous aviez rêvé de voir votre nom sur un panneau de Sunset Boulevard... Qu'est-ce que cela vous fait de le voir aujourd'hui ?

Ah bon, j'ai dit ça ? Mais non, je ne crois pas ! Mon plus grand rêve, à cette époque de ma vie, était simplement de réussir à vivre de mon art. Je connais beaucoup d'acteurs qui n'y sont pas parvenus, qui n'y arrivent toujours pas, et qui sont obligés de faire des petits boulots à côté. C'est très dur. Je men sens exceptionnellement chanceuse.

Comment se sent-on lorsqu'on a réalisé ses désirs ? Qu'est-ce qui vous pousse à aller de l'avant aujourd'hui ?

Toujours la même idée : raconter des histoires. Je me vois moins en comédienne qu'en "storytelleuse", que ce soit quand j'incarne un personnage ou quand je produis des films à travers ma propre société. Participer à la création d'un récit qui va m'émouvoir, me faire réfléchir, rendre la vie plus excitante, je ne connais rien de mieux.

On dit que vous êtes particulièrement proche de votre mère. Quel est son rôle dans votre vie ?

Un rôle primordial. Nous nous voyons tout le temps, nous discutons de tous les sujets, ce qui ne veut pas dire que nous sommes soudées par la hanche ! C'est une personne très solide, saine d'esprit, sécurisante. Elle aime les gens, elle est capable de se lever à 5 heures du matin pour aller faire de la randonnée avec ses amis. Ca m'impressionne. Et elle n'a pas peur de faire son sac à dos du jour au lendemain pour m'accompagner pendant trois mois sur un tournage en Hongrie et faire un peu de baby-sitting !

z15

Avec son fils Jackson, et Sean Penn

Vous avez adopté deux enfants ces dernières années. Qu'est-ce que cela a changé dans votre vie ?

Tout ! Quand je suis devenue mère, je le souhaitais depuis longtemps, je le désirais ardemment et je me suis beaucoup investie dans cette démarche. Car ce n'est pas facile d'adopter, même quand on est une célébrité. Mais quand j'ai tenu mes enfants dans mes bras, cela a dépassé en bonheur tout ce à quoi je m'attendais. Aujourd'hui, c'est devenu une source de joie quotidienne, quelque chose de plus fort que tout le reste, plus fort que ma carrière.

Vous avez adopté un étant mère célibataire. Avez-vous l'impression d'incarner une autre façon d'être parent ?

Je ne sais pas. Je n'ai pas essayé de prouver quoi que ce soit ou d'en faire un symbole. Les choses se sont déroulées comme cela. Quand vous adoptez, il faut que ce soit sans arrière-pensée. Si je me suis lancée dans cette démarche, c'est parce que j'avais la conviction intime qu j'étais capable de remplir mon rôle de mère et de donner à mes enfants tout l'amour et l'attention dont ils auraient besoin. Personne ne souhaite devenir un parent célibataire, mais j'ai appris il y a bien longtemps qu'on ne contrôle pas tout dans sa vie. Je me suis adaptée à la situation. Je suis quelqu'un de pragmatique.

Dans le dernier film de Sean Penn The last face, vous jouez une femme qui travaille dans une ONG en Afrique. Est-ce un rôle proche de votre expérience de star engagée ?

Pas vraiment. Mon personnage est une vraie professionnelle de l'humanitaire. Avec Africa Outreach Project, j'essaie plus modestement de m'entourer de gens d'expérience, d'en apprendre le plus possible sur les domaines où j'interviens. Et d'aller au maximum sur le terrain pour comprendre. Mais je ne ne suis pas au même niveau d'implication.

Dans ce film, les deux personnages s'aiment, mais ont une vision de leur travail totalement différente. Au point que celle-ci va les séparer...

Le personnage que je joue pense que les problèmes de misère doivent se résoudre à une grande échelle, sur le plan macropolitique. Son amant, le médecin incarné par Javier Bardem, estime au contraire qu'il faut aider les gens individuellemnt, au quotidien. Au-delà de la problématique humanitaire à l'oeuvre dans le film, ces divergences de conviction renvoient à des schémas qui nous concernent tous. On aime parfois passionnément quelqu'un, mais notre vision du monde, nos croyances vont s'opposer totalement aux siennes.

Vous êtes un personnalité très engagée. Vous vous battez contre le sida et les violences sexuelles en Afrique, mais aussi pour l'égalité des sexes et pour le mariage gay. D'où vous vient cet élan militant ?

C'est ma personnalité. Je suis quelqu'un de militant, qui aime agir et s'impliquer concrètement. Même si je n'étais pas célèbre, je serais le genre de personne qui écrit à son député ! J'ai grandi dans une situation de grande injustice : l'apartheid. Alors, quand on a vuc e que j'ai vu en Afrique du Sud, dans mon enfance, on ne peut que se sentir concernée.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aelezig 127315 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines