Predator. 1 heure 47. États-Unis. Action – Science-fiction – Épouvante. Sortie en France le 19 août 1987. Réalisé par John McTiernan avec Arnold Schwarzenegger, Carl Weathers, Bill Duke, Shane Black, Elpidia Carrillo, Jesse Ventura, Sonny Landham, Kevin Peter Hall, R.G. Armstrong, Richard Chaves…
Le commando de forces spéciales mené par le major Dutch Schaeffer est engagé par la CIA pour sauver les survivants d’un crash d’hélicoptère au cœur d’une jungle d’Amérique Centrale. Sur place, Dutch et son équipe ne tardent pas à découvrir qu’ils sont pris en chasse par une mystérieuse créature invisible qui commence à les éliminer un par un. La traque commence.
« T’as pas une gueule de porte bonheur »
Aussi culte soit-il, je n’avais jamais eu l’occasion de voir « Predator ». Pourtant, je possède les dvd chez moi et je suis en général bon client des films avec Arnold Schwarzenegger mais je ne sais pas pourquoi, pour ce film, je n’ai jamais réussi à aller au-delà de la simple envie de le découvrir. Et même si quand je l’ai vu, j’étais enfin en condition, ce n’est même pas chez moi que je l’ai découvert mais grâce à un ami qui possédait le film en Blu-ray (vivement la baisse des prix pour que je puisse agrandir ma collection).
J’ai beaucoup aimé ce scénario écrit par Jim Thomas et John Thomas en tout cas. Je m’attendais à un film bien bourrin avec explosions en tout genre et mise en avant du fameux Predator mais plutôt que de tomber dans la facilité, le scénario opte pour une approche plus psychologique de cette histoire et nettement plus intéressante.
En effet, ici on ne découvre que très tardivement cet adversaire qui a la capacité à devenir invisible et même si on découvre encore plus tardivement toute ses capacités, le mystère sur ses origines est toujours maintenu. Du coup, tout comme cette troupe de mercenaire, on passe tout le film à essayer de comprendre et à se sentir traquer comme une proie.
D’ailleurs, en parlant de proie, j’ai trouvé ça très captivant aussi que les rôles ne cessent d’évoluer chacun des protagonistes devenant tout à tour, proie et prédateur. Bien sûr, avant que cette traque commence il a fallu envoyer tout ce beau monde dans la jungle mais même si le procédé utilisé reste simpliste et tient sur un post-it, on se retrouve vite entraîner dans cette histoire.
Autre point positif du scénario, c’est le fait qu’à aucun moment il ne se prend au sérieux. Pourtant, le sujet est maitrisé avec tout un code d’honneur du Prédator qui est constant du début jusqu’à la fin et toute une stratégie d’attaques et de défenses qui tient la route mais au-delà de ça, le film nous offre une palette de répliques désopilantes et bien placé qui fait que malgré une tension sans cesse présente, on passe un bon moment de détente. Loin d’utiliser les clichés habituelles quand il s’agit de parler de cette créature extra-terrestre et malgré quelques facilités, on n’as vraiment pas le temps de s’ennuyer une seule seconde et on ne voit pas le temps passer tant cette histoire défile rapidement sous nos yeux.
Bien que le Predator soit l’une des principales têtes d’affiche du film (ce qui est d’ailleurs surprenant tant ses apparitions sont peu nombreuses au final malgré un charisme exemplaire dissimulé sous du maquillage pour Kevin Peter Hall), le film bénéficie aussi d’un casting assez savoureux à commencer par un Arnold Schwarzenegger (Alan ‘Dutch’ Schaefer) qui se trouve dans un registre où il est à son aise.
En effet, pectoraux gonflés à bloc et muscles mis en avant (terrible la scène du bras de fer), l’acteur fait un adversaire redoutable pour l’extra-terrestre. L’ironie du sort (et c’est une idée très intelligente dans cette distribution), c’est que malgré sa musculature, Arnold Schwarzenegger fait une proie assez efficace. Du coup, le comédien peut nous montrer d’autres facettes de son jeu d’acteur. Il est très bon dans les scènes physiques mais il dégage aussi beaucoup de crédibilité je trouve dans les scènes où son personnage doit faire preuve de plus de psychologie. C’est d’ailleurs dans ses scènes qu’on y découvre un Arnold Schwarzenegger un peu différent de ce que l’on a l’habitude de voir et qui devra sa survie plus à sa tête qu’à ses bras.
A ses côtés, même si pour moi Carl Weathers (Dillon) sera toujours l’Appolo Creed dans la saga « Rocky », l’acteur s’en sort lui aussi très bien. J’ai eu un peu de mal à me le représenter comme un manipulateur hypocrite mais cela vient plus de mes souvenirs de mon enfance avec lui que de son jeu d’acteur car il reste convaincant et c’est un plaisir que de le voir évoluer. En tout cas une chose est sûre, il est vraiment parfait quand il s’agit de montrer une face assez orgueilleuse dans ses rôles.
Jesse Ventura (Blain) m’as lui aussi bien plu. L’acteur incarne le stéréotype absolu du mercenaire et cela fonctionne bien. Les traits de son personnage son certes grossiers et accentués jusqu’à son paroxysme mais cela marche sans que ça ne soit particulièrement choquant. Sonny Landham (Billy Sole) aussi m’as plu avec son côté indien qui écoute la nature lui parler (j’exagère à peine). Il dégage une certaine sagesse (c’est d’ailleurs le personnage le moins excentrique de la bande) et sa gestuelle modéré est efficace. Il incarne très bien la raison de ce groupe qui ne se mouille pas mais qui lorsqu’il parle c’est toujours pour dire quelque chose d’important.
Bill Duke (Mac Eliot) est quant à lui toujours charismatique. Je regrette un peu que cet acteur soit toujours un peu sous exploité au cinéma car là encore, il nous livre une très bonne prestation. Il à une gueule qui colle bien à l’emploi qu’on lui demande il est vrai mais en plus de cela, il n’en rajoute pas faisant à chaque fois tout ce qu’il faut pour être convaincant sans jamais tomber dans le risible (sauf quand le scénario le demande comme avec son coup du rasoir où je cherche encore une explication).
Shane Black (Hawkins) est lui aussi très bon même si je l’ai trouvé un peu plus léger que l’ensemble de la distribution au même titre qu’Elpidia Carillo (Anna) qui est là pour apporter une touche féminine à l’ensemble qui n’est pas pour déplaire.
John McTiernan fait partie de ses réalisateurs que j’affectionne tout particulièrement. Je n’ai pas vu toutes ses réalisations mais jusqu’à présent, il m’a rarement déçu. Là encore, j’ai découvert dans sa façon de mettre en scène des plans d’une richesse incroyable. Le réalisateur maitrise sa caméra et chaque plan est au service de l’histoire.
Très rythmé, le film exploite à merveille les décors qui sont mis à sa disposition. D’ailleurs, la jungle elle-même devient un personnage à part entière. On s’en sert pour fabriquer ses pièges, pour se cacher, pour créer une atmosphère oppressante… Partant au début d’un simple film d’action, « Predator » va peu à peu devenir plus que cela et s’orienter vers un côté fantastique. Le tout étant amené avec douceur et maitrise, cela ne m’as pas choqué bien au contraire on en serait presque à trouver cette histoire d’extra-terrestre crédible.
Le fait de filmer aussi cette histoire comme étant un safari pour le Predator avec ce but de collectionner des trophées (un peu comme l’homme qui garde une tête d’animal au-dessus de sa cheminée) est très bien exploité. Les effets spéciaux ont pris un petit coup mais remis dans son époque, ils sont saisissants. Le coup des lunettes thermiques permet d’ailleurs d’accentuer encore plus ce côté chasse avec une phase d’observation où on cherche à anticiper les mouvements de la proie.
La bande originale composée par Alan Silvestri est elle aussi très importante avec une partition qui correspond à son sujet même si comme pour le scénario, elle comporte elle aussi quelques touches volontairement comiques avec des musiques patriotiques jouant avec les clichés (on s’attend presque parfois à entendre retentir l’hymne américain).
Pour résumer, « Predator » fut un excellent film pour moi. Je ne sais vraiment pas pourquoi il m’a fallu tout ce temps pour me lancer avant de pouvoir le voir mais maintenant que c’est chose faite, je ne le regrette vraiment pas. Le film nous offre un très bon divertissement en nous donnant notre dose d’action et d’humour sans pour autant délaisser la partie psychologique des personnages qui a son importance. Ce côté chasse avec cette idée de safari et de code d’honneur (le Predator se battant toujours à armes égales) est une riche idée et j’ai vraiment passé un bon moment sans voir le temps passé. Un film à voir et à revoir sans modération, un film comme les années 80 savait nous offrir et dont je dois dire que je suis très friand. C’est sans prise de tête, c’est facile, c’est un parfait film pop-corn à prendre pour ce qu’il est.