Partager la publication "[Critique] THE WAVE"
Titre original : Bølgen
Note:
Origine : Norvège
Réalisateur : Roar Uthaug
Distribution : Kristoffer Joner, Thomas Bo Larsen, Ane Dahl Torp, Fridtjov Såheim…
Genre : Catastrophe
Date de sortie : 27 juillet 2016
Le Pitch :
Kristian, un scientifique, s’apprête à quitter la région dans laquelle il a passé de très nombreuses années à observer et étudier la montagne. Au moment de son départ néanmoins, il détecte des mouvements inquiétants dans la roche qui laissent présager une possible catastrophe. C’est alors qu’un pan entier de la montagne se détache et tombe dans l’immense lac, provoquant un gigantesque tsunami menaçant d’engloutir toute la ville…
La Critique :
Le film nous prévient d’emblée : les événements qu’il s’apprête à illustrer vont tôt ou tard se produire. En Norvège, les montagnes se morcellent parfois, et personne ne peut rien y faire, si ce n’est essayer de prévenir les catastrophes. Le risque étant bien sûr de voir un tsunami se former dans les fjords avec tout ce que cela sous-entend de conséquences dramatiques pour les habitants.
The Wave, le film de Roar Uthaug, qui vient d’ailleurs juste de se voir récupéré par Hollywood pour orchestrer le come back de Lara Croft, avec Alicia Vikander, imagine le pire. Comme avant lui l’avaient fait avec plus ou moins de réussite Twister, Le Pic de Dante, Volcano, ou dans une moindre mesure Le Jour d’après ou 2012.
The Wave est donc un pur film catastrophe qui entend respecter à la lettre tous les codes qui régissent ce style. Le scénario coche toutes les cases, à commencer par la galerie de personnages qui gravitent autour d’un héros noble mais aussi assez ordinaire pour encourager l’identification, incarné avec une belle énergie par Kristoffer Joner. Un père de famille un peu contrarié par un changement de carrière pas vraiment désiré, entouré de sa femme, de son fils aîné et de sa petite fille. Si tout le monde est à priori heureux, les sourires cachent notamment des problèmes de couple et bien sûr, comme c’est souvent le cas quand on parle de film catastrophe, le cataclysme en question importe moins que la nécessité de réparer les pots cassés et de ressortir de tout cela grandi.
Quand la vague déferle sur le village et engloutit tout sur son passage, le personnage central se comporte comme il est censé se comporter, conformément au cahier des charges que suit scrupuleusement le long-métrage. À la fin, avec un peu de chance, il sauvera non seulement les siens, mais pourra aussi compter sur la possibilité de voir son ardoise effacée et de recommencer sur des bases plus solides son histoire d’amour et sa vie de père.
Cela dit, The Wave n’insiste pas sur ce point avec autant de force comme ont pu le faire beaucoup d’œuvres américaines similaires. Les protagonistes sont « classiques », leurs réactions attendues, mais au fond, ça fonctionne car l’écriture est sincère et juste.
Les bons sentiments ne sont pas soulignés à l’extrême et il n’est pas si difficile d’y croire, malgré le caractère téléphoné de l’entreprise.
En fait, le film soigne le fond sans chercher l’originalité. Et comme il soigne aussi la forme, pas de quoi faire un esclandre.
Car The Wave est spectaculaire. D’une part grâce aux paysages qui servent de toile de fond, superbes, dépaysants et magnifiquement filmés, puis par rapport aux effets-spéciaux, assez sensationnels, si on prend en compte qu’il s’agit d’un film norvégien et non américain, qui n’a pas bénéficié de l’apport technique d’un grand studio pour donner du corps à sa fameuse vague. Pourtant, celle-ci en jette. On sait à quel point il est difficile de « manipuler » l’eau sans qu’à l’écran, le résultat ne ressemble qu’à un amas difforme de pixels. Ici, le show est assuré car il reste réaliste. On croit en cette énorme masse lancée à pleine vitesse. Le risque que représente le raz de marée est tangible. Le scénario a préparé le terrain et les effets font le reste. Jamais The Wave ne prend des airs de série Z fauchée comme on peut en voir sur le câble. En d’autres termes, il ne s’agit pas d’un film catastrophe bâclé. Un véritable soin a été apporté à l’exécution, aux décors et à tout le reste. C’est d’ailleurs la principale qualité de cette œuvre, peut-être modeste sur le fond, mais audacieuse sur la forme.
En revanche, The Wave arrive un peu tard. Les amateurs ont déjà vu des spectacles similaires auparavant. Le suspense est solide, tout comme le reste, mais au fond, une fois tout le monde au sec, difficile de trouver ce qui fait la singularité du projet si ce n’est sa sobriété et son désir farouche de sonner avec une belle humanité. Nous voici donc en face d’un blockbuster sincère, qui assure jusqu’au bout, mais qui fatalement, se heurte un peu aux limites du genre dans lequel il s’inscrit.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Panorama Films