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Obia: le polar de l'été dépaysant et captivant

Par Filou49 @blog_bazart
02 août 2016

obia

 « La mort d’une mule, tuée par une autre mule. Une histoire de jeunes en difficulté financière, rien de plus. Un meurtre tragique rappelant le triste quotidien d’une partie de la jeunesse guyanaise. De cette jeunesse si nombreuse qui se cherchait un avenir en dehors du système. »

Clifton, Bradley, Willy, à peine plus de vingt ans, des destins brisés, symbole d’une jeunesse sans espoir. Trois jeunes hommes morts de mort violente. Ils devaient partir pour la France, l’estomac chargé de capsules de cocaïne. Le major Clifton, un créole qui connait la Guyane comme sa poche et le capitaine Anato un descendant des Noirs-Marron qui a passé toute son enfance en métropole, mènent l’enquête.

« Comment pouvons-nous continuer à lancer des fusées sur fond de bidonvilles ? C’est ce qu’avait dit Mitterrand dans les années 1980. Un constat qui sonnait encore comme un aveu d’échec. »

Une enquête qui va entrainer ce duo mal assorti, très loin dans l’histoire de la Guyane et du Suriname. En remontant le fleuve Maroni qui sert de frontière aux deux pays, ils vont soulever la boue et le limon d’une histoire géopolitique mal cicatrisée.

Beaucoup plus qu’un polar, Obia est un long voyage sur le fleuve Maroni. Un voyage entre le passé et le présent de deux pays frères, le Suriname et la Guyane. Que l’on soit Créole, Ndjuka ou expat-bourgeois ces pays et leurs croyances vous colleront à la peau. Une campagne électorale qui met la Guyane en effervescence, un candidat au passé trouble, un journaliste fouineur, une belle histoire d’amour entre une créole et un noir-marron, Colin Niel nous emporte.

« Frappe le sol…Appelle l’esprit…La réponse est sous ta peau…Frappe le sol… Appelle l’esprit…La réponse est sous ta peau… »

Dans un long récit de 500 pages il prend le temps de développer une savante intrigue, d’installer des personnages forts et de raconter l’histoire  et le passé récent d’un bout de France souvent oublié.

Dense et roboratif, Obia est un polar captivant dans lequel les flics se déplacent en pirogue, quoi de plus dépaysant. Et le jury Quai du polar 20 minutes ne s'y est pas trompé, qui l'a courronné de son grand prix il y a quelques mois à peine.

MD


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