Crédit photo @Kirsty Melville
Martin Levin avait 83 ans lorsque je l’ai rencontré. Son cours au Stanford Publishing Courses for Professionals était celui qui nous faisait tous vibrer. Dans un programme de formation plutôt technique réservé aux éditeurs internationaux « mid-carreers » , il revenait, lui, à l’essentiel. L’éthique – « Would you publish that book? » -, la motivation – « Why did you decide to be a publisher? »…
L’édition est un secteur difficile, les « ups and downs » sont fréquents : Martin restait toujours disponible pour reforger notre conviction. Ce Mensch, plein d’humour et de bienveillance a marqué plusieurs générations d’éditeurs.
Dirigeant de Times Mirror, l’un des 5 plus gros groupes d’édition aux États-Unis, il avait décidé à l’âge de 61 ans de retourner à l’université de New York pour devenir avocat. Lors de sa « retraite », il avait ainsi rejoint le cabinet d’avocats spécialisé en propriété intellectuelle Cowan, Liebowitz and Latman.
Chargé de cours à Stanford et à l’université de New York, il est ensuite intervenu pour que le Professional Publishing Course puisse survivre, malgré les restrictions budgétaires de Stanford, et se poursuivre à Yale. Il y communiquait toujours son enthousiasme il y a à peine un an, à l’âge de 96 ans. Peu avant, il avait écrit un livre délicieux pour rendre un hommage émouvant à son chien, Angel, qui l’avait aidé à mieux supporter la disparition de sa femme: All I Know about Management, I Learned From My Dog, livre que nous avons eu le bonheur de publier en français (Le Management vu par mon chien).
Notre mentor nous a quittés lundi dernier. S’il y a un paradis pour les éditeurs, il y a déjà repris ses cours.