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Brussels Summer Festival ( day 5) - Fishbach- Sage - Jay-Jay Johanson à La Madeleine ( Bruxelles) le 9 août 2016

Publié le 09 août 2016 par Concerts-Review

Brussels Summer Festival ( day 5) - Fishbach- Sage - Jay-Jay Johanson à La Madeleine ( Bruxelles) le 9 août 2016

Brussels Summer Festival ( day 5) - Fishbach- Sage - Jay-Jay Johanson à La Madeleine ( Bruxelles) le 9 août 2016

Tu l'as jouée à pile ou face.

La pièce est tombée sur l'effigie du Baudouin 1er ( c'était 20 francs belges de 1981), direction la rue Duquesnoy!

Les autres t'ont dit, Thiéfaine il ne fallait pas le manquer, t'as rien répondu et souri, H F tu l'avais vu l'an dernier à Namur, concert grandiose, mais Jay-Jay J., lui, t'as fait pleurer comme une Madeleine, je sais c'est con, mais tu y étais chez Madeleine et puis t'aimes Proust.

Quoi, Grégoire, non, pas Alain, on te cause du copain de Dave!

La soirée débute avec Fishbach!

Flora Fischbach est Carolomacérienne, si comme moi t'es du genre analphabète, on t'explique: une habitante de Charleville-Mézières, elle est séduisante, un brin canaille et affiche une morgue farouche et effronterie littéraire.

Elle affirme passer à Bruxelles pour la première fois de sa courte existence ( 1/4 de siècle), certains l'ont connue punk avant son aventure solo.

A se mettre sous la dent jusqu'ici: un EP quatre titres!

Au bout d'un set de 40' ( bis non inclus), on peut avancer que la demoiselle a laissé une excellente impression aux indigènes.

19:00, tapante, une frêle jeune fille se dirige vers le micro, un orteil écrase le footswitch d'une loopstation, elle salue, c'est parti.

La voix est profonde, caverneuse même, dramatique, elle vient d'entamer ' Tu vas vibrer', nous, on ne vibre pas, on frémit et on l'aime déjà cette lolita au regard intense.

Changement d'univers après ce titre gothique, de gros beats remplacent les climats byroniens...ce soir je dors à l'hôtel... ' Béton mouillé' joue la carte cold wave rencontrant Mylène Farmer, et ça marche.

Attitude glacée, gestuelle théâtrale, je me la joue diva, je prends des poses affectées et Bruxelles aime ça.

Question, Flora, quel hôtel?

'Le château', où comment faire danser en relatant en second plan l'histoire d'un suicide.

T'entends murmurer Christine and the Queens, Yelle, Brigitte...tu dis, sorry, Fishbach est moins bidon!

Elle ramasse une guitare et amorce 'Feu',... un pauvre corps qui se consume qui tient à toi jusqu'à la mort...les Ardennes, la Moselle, Rimbaud, Verlaine, une idée de la décadence, des excès en tous genres, sensibilité exacerbée et anti-conformisme, tout y est!

Le programming a déjà envoyé la suivante, ' Ma voie lactée'.

Morceau emballé, elle décide de nous expliquer la genèse des chansons qu'elle a bricolées seule dans sa petite chambre alors que, vraisemblablement, papa et maman s'imaginaient qu'elle étudiait ses leçons.

Après un nouveau titre quasi post punk elle décide d'en jouer une sans l'apport de la beatbox, à la guitare, une ballade morbide..la passion dévorante ressemble à la mort lente... tiens, elle a lu Pierre Alexis de Ponson du Terrail, le papa de Rocambole.

Le pied écrase l'accélérateur, les beats réapparaissent, allons visiter un château magique.

Elle entame un pas de danse mécanique avant de balancer un dancetrack tropical rappelant JP Mader, dont elle reprenait d'ailleurs ' Disparue'.

Grosse claque avec la reprise rugueuse et tremblante de Lavilliers, ' Night Bird', et pour achever ce trip magnétique, 'Mortel'.

C'était Fishbach, merci, à la prochaine!

Bruxelles, vous avez été sympa, je reviens et vous interprète ' La Babouche'.

Non, ce n'est pas Kate Bush mais bien une reprise de l'irrésistible oriental disco hit de Salim Halali , elle la joue Edith Piaf rencontrant Patricia Kaas et te fixe droit dans les yeux!

Elle est bien, cette fille!

Si t'es sage, St Nicolas t'apporte un revolver à pétard!

Donc, le Revolver s'est enraillé, Ambroise Willaume est devenu encore plus Sage, a sorti un EP pour se mettre en jambes, puis l'album intitulé 'SAGE'.

A 20:30', il rapplique, seul, à la guitare, il entame la ballade 'Time never lies' '.

Tout le monde va te bassiner avec James Blake, c'est évidemment plus judicieux que d'avancer Shamir ou Jake Owen.

Belle voix, maîtrisée, ta voisine défaille déjà!

Arrivée des complices, deux batteurs travaillant dans l'électronique, Antoine Boistelle et Victor Le Masne, Ambroise passe derrière les touches et amorce 'Don't tell me', de l'electro pop symphonique et satiné.

'Fall in love' lui permet de crooner sur une tapisserie duveteuse et raffinée.

Encore une ballade' Only Children' avant de revenir au EP ' In Between' et proposer ' Last call couples' , un midtempo aux climats vaporeux.

C'est le style de truc à passer dans le lounge bar du Marriott, on te recommande un Wheated Bourbon Flight!

Et pour se dégourdir, après avoir ingurgité quelques cocktails, on te propose une promenade sur les berges de la rivière, tiens ta compagne par la main, laisse-la sautiller, 'To the river' introduit au xylophone électronique ne va pas effrayer les truites.

Romantisme désuet et délicieux, les nanas adorent!

Exit le duo de batteurs, Ambroise attaque ' Summer rain', elle est annoncée pour la seconde moitié de la nuit.

Torpeur, éclairage tamisé, délicatesse extrême, voici le lyrique 'In between' suivi par le plus turbulent 'August in Paris'.

'One last star', son piano sautillant et ses effets de voix acrobatiques, voit quelques téméraires battre des mains puis Sage tire sa dernière flèche, le tribal ' Drifted', un morceau des Shoes pour lequel il avait été invité à participer au chant.

Bruxelles a apprécié, le fait entendre, Ambroise revient sans ses copains, un bis, pourquoi pas, mais le stock est épuisé, ne riez pas je vous chante un Phil Collins, ce n'est pas une punition.

Au contraire, c'était courageux et sympa de reprendre 'Against all odds', nous étions nombreux à psalmodier la mélodie en background.

Jay-Jay Johanson

Le cliché le plus entendu pour décrire le long et blond Jäje Johansson, 46 ans - né à Trollhättan, 46,457 âmes, est: le crooner venu du froid;

Oui, Jay- Jay est un dandy, androgyne, à la voix de miel, sensuelle à mourir, il paraît fragile, délicat, ce qui éveille l'instinct maternel chez toutes les personnes du sexe dit faible, elles veulent le protéger ce grand garçon, tendre, qui a souffert 196 peines de coeur et nous, les rustres, les balourds, les campagnards, nous n'osons guère l'affirmer, mais nous l'adorons aussi, en cachette, comme on aimait Bronski Beat, Dean Martin, Frank Sinatra ou Gene Pitney!

Son dixième album, 'Opium', est sorti l'an dernier, il le défend sur scène accompagné par deux musiciens talentueux, Erik Janson aux claviers et programming et Magnus Frykberg aux drums.

Sur l'écran, en noir et blanc, une jeune fille au look Françoise Hardy 1967, Jay- Jay sur la pointe des pieds s'avance, saisit le micro, place un good evening de bienvenue et entame 'I love him so'.

Pourquoi tu trembles, Sandrine?

Sandrine n'est pas la seule à avoir été touchée en plein coeur par ce premier trip hop mélancolique et caressant.

Pendant près de 85', toute la salle sera pendue aux lèvres du chanteur suédois, tu lui donnes la déclaration des droits de l'homme à chanter il en fait un poème amoureux.

Que dire de la suivante, 'It hurts me so', la température de la salle indique 28° et pourtant le public a la chair de poule.

Profondeur, élégance, grâce... tu le vois sortir son mouchoir immaculé pour sécher les larmes de la séduisante personne qu'il a blessée.

Sur fond 'Fever', voici 'Dilemna' suivi par ' Escape' aux grésillements Portishead.

Tu dis, Julie?

Non, ce n'est pas du jus de pomme qu'il sirote, après avoir déposé ce long drink, il amorce 'NDE' et quand il arrive au refrain ... Oh it's frightening (it's frightening)

But yet so delightful (delightful)....tu te sens pousser des élans lyriques, toi le terre à terre, le sans âme.

Oh douce douleur, oh agonie sublime!

Jay-Jay nous balade dans son oeuvre, Bruxelles se laisse dériver sur 'She doesn't live here anymore' ( Bonjour Tristesse), 'I don't know much about loving' ( confession, I've never been a seducer..), puis piano/voce 'She's mine but I'm not hers' ( elle était difficile, on était malhabiles...) , l'electro 'I miss you most of all' et le dansant ' On the radio'.

Soudain, c'est Yoko Ono qui apparaît sur l'écran et l'esthète revient au crooning, ' Milan, oh! Madrid, Chicago, Paris' suivi par 'Tomorrow' qui une nouvelle fois nous permet d'admirer le travail extraordinaire de ses accompagnateurs.

'Far away' , Jay-Jay aime les climats jazzy, nous aussi, pas le jazz aventureux issu du free mais le smooth jazz celui des grandes voix suaves, Andy Williams, Nat King Cole, Johnny Matthis ou pour s'approcher de notre siècle, Sade.

Après une plage issue de 'Spellbound' de 2011, 'Driftwood', il s'adresse à nous se souvenant que sa dernière apparition à Bruxelles date d'il y a 18 ans, I hope I can come back earlier, sinon je viendrai avec une canne.

A capella, il amorce 'Skeletal' qui devient 'I'm older now' lorsque Magnus et Erik le rejoignent, il les laisse s'amuser avant d'entamer son aveu.

Une dernière perle, 'On the other side' met fin au set normal.

Bruxelles le supplie de revenir, les rappels débutent par la rêverie érotique ' I fantazise of you' qui permet au pianiste de s'évader pour une escapade groovy éclatante, et se terminent par le nerveux 'Rocks in pockets'.

Pousse-toi, dit-il à Erik, il vient tapoter le Rhodes, son copain passant derrière le Roland, Bruxelles bat le plancher du talon.

L'aventure se termine ici, tandis que les musiciens s'éclipsent, Jay-Jay, visiblement heureux, vient serrer 79 mains tendues et embrasser deux gosses du premier rang.

Un dernier signe de la main, see you again, soon!


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