Partager la publication "[Critique] WILD HORSES"
Titre original : Wild Horses
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Robert Duvall
Distribution : Robert Duvall, Josh Hartnett, James Franco, Lucianna Pedraza, Angie Cepeda, Jim Parrack, Adriana Barraza…
Genre : Thriller/Drame
Date de sortie : 2 août 2016 (DTV)
Le Pitch :
Une Texas Ranger est chargée d’enquêter sur une vieille affaire de disparition. Elle se retrouve rapidement à poser des questions à Scott Briggs, un riche propriétaire, plutôt réfractaire à l’idée de voir son passé mis à jour. Briggs qui voit dans le même temps Ben, son plus jeune fils, refaire surface, plusieurs années après avoir été chassé du foyer en raison de son homosexualité. Ben qui autrefois, était justement lié à la personne disparue…
La Critique :
Robert Duvall, 84 ans, est une légende. Un monument du cinéma américain qui tourne encore régulièrement, sans se priver de se mettre en danger, démontrant d’une passion et d’une envie intactes. C’est ainsi qu’il a décidé, l’année dernière, de revenir derrière la caméra, 13 ans après Assassination Tango, sa dernière livraison (on lui doit aussi Le Prédicateur), pour mettre en scène un scénario qu’il a lui-même rédigé (avec Michael Shelle) notamment basé sur les relations difficiles d’un homme aux idées plutôt rétrogrades avec son fils homosexuel.
À première vue, il est plutôt consternant de voir débouler directement en vidéo, plus d’un an après sa sortie américaine, un film réalisé, écrit et interprété par un artiste incontournable comme Robert Duvall. Surtout qu’en l’occurrence, le bougre a su s’entourer, en recrutant James Franco et Josh Hartnett, deux dignes représentants de la nouvelle génération, connus par ailleurs pour la pertinence de leurs choix et pour leur propension à toujours proposer quelque chose de stimulant. Malheureusement, il suffit de voir le film pour comprendre dans un sens la décision du distributeur. Wild Horses n’a rien de majeur. Et si il n’est pas mauvais pour autant, il s’avère plutôt anecdotique à plus d’un titre…
On comprend rapidement où Robert Duvall veut en venir. Son propos est noble et même, sur le papier, très touchant. Il campe dans le film un homme de la vieille école, texan de surcroît, du genre qui met de gros ceinturons et qui monte des chevaux sauvages avant de boire de la bière et de chiquer du tabac. Un type peu enclin à accepter l’homosexualité de son gamin. Un gamin qu’il chasse d’ailleurs au début de l’histoire pour ensuite tenter de se faire pardonner auprès de ce dernier, avec cette volonté, avant de tirer sa référence, d’évoluer vers une tolérance qui n’a jamais vraiment fait partie de l’équation. Cela dit, Wild Horses raconte aussi autre chose. Une enquête vient se greffer à tout ceci pour souligner les thématiques principales et leur donner encore plus de substance. Le soucis, c’est que cette enquête, qui permet de suivre une Texas Ranger pas vraiment concernée, ne sert pas à grand chose si ce n’est à offrir au scénario l’occasion de nous parler un peu de féminisme. En voulant traiter trop de sujets, Duvall se perd. Ses intrigues secondaires, liées à la principale mais pas de manière très convaincante, comme la trajectoire de ce flic ripoux, ne font que diluer la tension et l’émotion. Un peu comme si l’acteur/réalisateur/scénariste (ça en fait des casquettes) désirait absolument nous convaincre du bien-fondé de son discours en en faisant des caisses, alors qu’au fond, une structure plus simple aurait davantage servi son film. On se retrouve ainsi face à une œuvre qui hésite en permanence et qui s’avère très maladroite. Certains personnages ne servent pas à grand chose, les dialogues manquent de pertinence… Seule la mise en scène parvient parfois à insuffler une vraie force, notamment quand elle met en avant les silences et arrive de justesse à faire ce que le script échoue à accomplir la majorité du temps.
Les acteurs bien sûr, sont pour la plupart parfaits. Wild Horses leur doit son salut. Le trio de tête en particulier. James Franco tire son épingle du jeu et campe le meilleur personnage du lot. Le plus écrit et le plus sensible. Josh Hartnett aussi s’en sort bien, face à un Robert Duvall à l’aise dans des bottes qu’il a souvent portées par le passé. Dommage, encore une fois, que le scénario ne leur laisse que peu d’opportunités de vraiment porter le récit.
Il y a avait vraiment moyen de faire un bon film. Un grand film peut-être. Mais Wild Horses se perd en digressions. Il est trop maladroit. Trop gauche dans ses intentions, pourtant louables. Le choc des génération, le mécanisme de la rédemption, les relations difficiles entre un père et ses fils et cette volonté de perdurer à travers le temps par le biais d’un héritage tragiquement biaisé… Tout est là, mais il faut vraiment faire un effort pour tout appréhender, surtout quand l’aspect thriller, inutile, prend le dessus. Quelque part se dessine ce que le long-métrage aurait pu être. Tel qu’il est né dans la tête de Robert Duvall. Dommage que ce dernier, malgré ses bonnes intentions, n’ait par réussi à le mettre en forme avec plus de puissance et de flamboyance.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Universal Pictures France