
Et sans doute plus encore parce qu'il présente de multiples facettes que je fais tenter de partager avec vous : comment y aller, où dormir, où se restaurer, que visiter ... de jour comme de nuit ...
Commençons par le commencement, à savoir comment l'aborder ? On aurait tort de penser que le monument est devenu inaccessible depuis que la digue a été démolie. C'est en fait tout le contraire. Il faut certes abandonner sa voiture dans un parking (immense, et bien organisé) qui se trouve à deux-trois kilomètres mais c'est pour gagner en liberté.
Car les navettes (on dit passeur) sont gratuites et fréquentes. Et même la nuit il suffit d'un coup de fil pour qu'on vienne vous chercher si votre dîner ou votre balade s'est éternisé.





Que l'on arrive par la route depuis Fougères, après avoir roulé direction Nord, ou depuis Avranches, en ayant progressé fers l'Ouest, on est saisi par le surgissement du triangle gris sur fond bleu qui signale la "relative" proximité du Mont. La route ensuite semble s'enfoncer dans les terres et on se demande si on n'a pas rêvé cette apparition.



Les quatre kilomètres se feront agréablement à pieds. Vous pourrez toujours reprendre la navette au retour puisque il n'y a pas de billetterie à prévoir. Mon conseil est alors d'emmener de quoi pique-niquer pour le premier repas (je vous ferai une autre recommandation pour le soir) et de le prendre sur l'immense ponton du barrage, avec une vue imprenable sur le spectacle des marées. Avec ses 100 mètres carrés de surface on ne risque pas de souffrir de la promiscuité avec d'autres touristes. On y est parfaitement à l'abri du vent. On peut s'asseoir sur les bancs de bois et sans être gêné par la barre de sécurité qui ne coupe pas la vue sur le monument. On y est aux premières loges pour apprécier les jeux de lumières. C'est en quelque sorte le balcon de la baie avant le pèlerinage.

C'est Dominique, guide depuis 25 ans, qui m'a expliqué le phénomène. Il a suivi toutes les étapes du projet. On doit cette réussite à la volonté d'un enfant du pays, Monsieur Vannier qui n'a eu de cesse de restaurer l'image qui s'était imprégnée dans son cerveau quand il venait visiter sa grand mère à l'âge de 7-8 ans.
Il sera en 1983 le plus jeune maire de France, bien décidé à lutter contre la prolifération des herbeux, c'est comme cela qu'on appelle les terres gagnées sur la mer, qui abolissent la frontière entre la terre et la mer. Il n'a alors eu de cesse de redonner au Mont Saint Michel son caractère maritime.
Il a fallu pour cela effectuer deux opérations gigantesques :
1. La construction d'un nouveau barrage sur le CouesnonLe Couesnon est ce fleuve qui se jette dans la baie mais qui est si "faible" que dans l'ancien temps on disait que selon les marées ses eaux arrivaient vers le Mont par la gauche (le site était alors normand) ou par la droite (et il devenait breton). Cela amusait les enfants de sauter d'une rive à l'autre en criant qu'ils passaient d'une région à l'autre.

Contrairement aux idées reçues un barrage n'a pas forcément vocation à produire de l'électricité. Par sa fonction hydraulique de régulation des eaux, l'ouvrage (associé en aval à d'autres aménagements hydrauliques destinés à faciliter les courants) redonne au fleuve suffisamment de force pour chasser les sédiments vers le large, loin du Mont, pour éviter donc son envasement.
Avant la pleine mer, les vannes s'ouvrent une à une en vue de remplir le Couesnon pendant la marée montante. Plus tard, les vannes se refermeront et seront progressivement ouvertes par le dessous créant un lâcher d'eau efficace pour transporter les sédiments loin dans la baie. Elles fonctionnent donc dans les deux sens, aval et amont.




Vous pouvez suivre une visite commentée et en extérieur de 45 minutes à 15 H 30 (gratuite et sans réservation), au départ du pont-promenade pour comprendre le fonctionnement des vannes au nombre 8 avec une écluse à poissons à chaque extrémité. La dimension écologique est déclinée dans toutes les directions et on peut voir passer les anguilles, saumons, plies ou truites jusqu'à Pontorson.

La visite est plus ou moins impressionnante selon le niveau de la marée. Mais quel que soit le moment on remarque l'élégance du profil de l'ouvrage que Monsieur Vannier voulait efficace, mais beau. De fait, le barrage se fond dans le nouveau parcours d’approche du Mont-Saint-Michel de près comme de loin.












2. La démolition de la digue-pontA l'origine, l'apport du Couesnon suffisait à maintenir le Mont Saint Michel dans l'eau 150 jours par an. Et puis on a construit la digue qui a tout bouleversé, réduisant le nombre à 50. Le barrage de la Caserne ne parvint qu'à limiter un peu les dégâts. On vient de voir qu'il a été remplacé. Mais ça n'aurait pas suffit. il fallait démolir la digue.











