Le train sifflera trois fois (High Noon). 1 heure 25. États-Unis. Western – Drame. Sortie en France le 26 septembre 1952. Réalisé par Fred Zinnemann avec Gary Cooper, Grace Kelly, Llyod Bridges, Katy Jurado, Thomas Mitchell, Lon Chaney Jr., Otto Kruger, Ian MacDonald, Lee Van Cleef, Harry Shannon, Henry Morgan…
Alors qu’il s’apprête à démissionner de ses fonctions de shérif pour se marier, Will Kane apprend qu’un bandit, condamné autrefois par ses soins, arrive par le train pour se venger. Will renonce à son voyage de noces et tente de réunir quelques hommes pour braver Miller et sa bande. Mais peu à peu, il est abandonné de tous…
« Écoute moi bien. Tu es beau garçon et très costaud. Mais Kane, lui, est un homme. Les muscles ne suffisent pas, tu as encore du chemin à faire. »
Bien que j’ai conscience qu’il s’agisse d’un classique dans le monde du western, je n’avais jamais rien vu, ni lu, au sujet du film « Le train sifflera trois fois » avant de le découvrir. Bien lancé dans mon cycle consacré au genre cinématographique, ma principale attente était de passer un bon moment et d’être pris par ce récit.
Si dans son ensemble, j’ai pris du plaisir à suivre ce scénario écrit par Carl Foreman d’après l’œuvre de John W. Cunningham. Je n’ai malheureusement pas été autant captivé que j’aurais aimé. Du moins, ma fascination dans cette histoire est arrivée tardivement. D’un côté, ce n’est pas plus mal car cette tension qui monte crescendo avec ses gros plans sur les rails et sur les horloges font leurs effets mais à côté de ça, il m’a quand même semblé qu’il n’y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent.
Pourtant, le thème de ce shérif abandonné par ses institutions et les citoyens qu’il défend est une bonne idée. Je trouve que le fait de nous proposer un anti-héros qui a peur, qui doute et qui se retrouve humilié sur la place publique est très intéressant mais on en fait quand même assez vite le tour à tel point que, comme la scène dans l’église, on en oublie presque parfois que le shérif est encore là.
Pour jouer cet homme de loi esseulé, Gary Cooper (Will Kane) fait le boulot. Il n’est pas mauvais, je l’ai trouvé crédible dans la peau de ce shérif, c’est juste que je regrette la façon dont on l’a exploité. Bien que charismatique, sa présence à l’écran est parfois si légère qu’on se demande réellement pourquoi il reste dans cette ville qui de toute façon veut le voir partir.
Quant à son adversaire, il s’agira davantage justement de ses différents citoyens qui tour à tour lâcheront notre héros car le grand bandit Ian MacDonald (Frank Miller) ne fera son apparition que pour le dernier quart d’heure. Ce dernier quart d’heure sera synonyme d’une action qui se réveille mais qui nous laisse sur notre faim tant après une telle attente, on se dit que le danger n’était pas si terrible que ça.
Parmi le reste de la distribution, les acteurs sont convaincants mais là aussi, je suis un peu resté sur ma faim. Grace Kelly (Amy Kane) s’avère transparente et inutile, Katy Jurado (Helen Ramirez) est intéressante mais sous exploité tandis que Llyod Bridges (Harvey Pell) est caricatural. On pourra quand même noter pour sa première présence dans un long métrage Lee Van Cleef (Jack Colby), qui dans un rôle muet faisait déjà preuve de pas mal de charisme.
La réalisation de Fred Zinnemann est sinon intéressante. Pas seulement pour son utilisation du noir et blanc à une époque où le western profité déjà des joies de la couleur mais parce que le cinéaste parvient quand même malgré tout à crée une tension et une atmosphère. Il tarde à se passer quelque chose, le final nous laisse un petit goût amer mais la mise en scène parvient à captivé.
Sans jamais le voir, on ressent ce compte à rebours fatal que tout le monde prédit, l’ambiance est là et le portrait dépeint de cette ville lâche est efficace. Cette critique d’une société qui abandonne les armes, qui crie plus qu’elle n’agit prend sa force dans cette mise en scène. Le montage est aussi bien ficelé avec une belle exploitation de la ville.
Il n’y a pas de grand plan mémorable qui me reste en tête mais ça fonctionne tout comme la bande originale sobre de Dimitri Tiomkin qui utilise très bien son thème phare « Do not forsake me, oh my darlin' » interprété par Tex Ritter (j’ai vu le film en version originale, je ne sais donc pas ce que vaut la version française « Si toi aussi tu m’abandonnes »).
Pour résumer, même si cela ne se ressent pas forcément dans mon avis, j’ai bien aimé « Le train sifflera trois fois » et je ne regrette pas mon visionnage. Maintenant, je ressens quand même une certaine frustration car il y a quand même beaucoup de personnages bien lisse et sous exploité tandis que son final, bien qu’efficace, n’est pas aussi percutant que ce que l’on nous met tout un film pour nous le vendre. Heureusement, les thèmes abordés et l’approche du genre pour l’époque justifie à eux seul une découverte.