Avignon 2016 : Volo, un concert intime et délicieux

17 août 2016

En 2013 j'avais dit tout le bien que je pensais du groupe Volo à l'occasion de la sortie de leur dernier album à ce jour " Sans Rire" et j'avais d'ailleurs fermement espèré que cet album soit celui de la consécration  d'un groupe qui connait un beau succès d'estime depuis le succès médiatique de leur premier album "Bien Zarbos", en février 2005 mais dont la notoriété reste confinée au rang d'un petit nombre d'initiés, le groupe manquant certainement d'une grande chanson populaire permettant de fédérer un plus grand nombre.

Mais ce qui est certain c'est que Volo  est aussi et même avant tout, un groupe de scène qui peut compter sur un public  grandissant ; les frangins Volovitch multipliant en effet les tournées avec un succès certain.

Si le groupe a défendu cet album pendant plusieurs mois sur toutes les scènes de France, je n'avais pas eu la chance de les voir dans la région lyonnaise, et j'avais un peu perdu leur trace avant de les voir à l'affiche du Off d'Avignon, puisque Volo y a joué tous les jours à 16h30 au Théâtre L'Arrache Coeur dans le cadre des Talents Adami "On y Chante"-un plateau qui généralement mettent en valeur des chanteurs à texte particulièrement brillants.

 J'avais donc coché de longue date l'heure et le lieu lors de mon dernier périple en Avignon tant j'aime le groupe et je me faisais enfin une joie de les découvrir sur scène, dans un cadre pour le moins intimiste et feutré puisque nous étions à tout casser une quinzaine de spectateurs, donnant l'impression d'assister à un concert privé particulièrement jubilatoire et savoureux.

Accompagnés par leur camarade de toujours, Hugo Barbet, à la guitare electrique,  Frédéric et Olivier y ont présenté un florilège de leurs nouvelles - dans un album à venir normalement en janvier 2017 et des anciennes chansons  dont le formidable C’est pas tout ça ( un titre culte, que je vous conseille fermement d'aller chercher sur You Tube), o ou encore les incontournables "Dimanche", "17 ans", "Montreal", "Aucun doute", "Syndrome", T- es Belle, dans des versions épurées et tout en guitare voix. 

J'ai pu me rendre compte à quel point le groupe avait pu évoluer depuis leurs débuts avec les Wriggles- un groupe qui a beaucoup compté dans mon éducation musicale- et, tout en restant fidèle à leurs convictions et leurs textes fortement ancrés dans le quotidien et notre société actuelle, le groupe sait adapter leurs préoccupations et leur thématiques à leur époque et à leur entrée dans la quarantaine :  ainsi, la  paternité, le temps qui passe, l’amitié, la solitude, le sentiment amoureux, sont autant de sujets qui traversent leur créations et qui me semblent très proches de ceux auxquels je suis confrontés tous les jours.

Qu'on l'aime, ce regard à la fois juste et cruel sur ces instants passés entre amis, de ces amours plus ou moins sereins et plus ou moins heureux, de ces coups d’œil en arrières que l’on jette par-dessus l’épaule, et on suit ce concert en alternant le sourire devant les saillies et la justesse de certaines phrases et la larme devant la beauté de chansons sur les sentiments -  "Tu connais", " L'amoureux", ou encore le magnifique "Rires aux Eclats" prévu dans le prochain album- et leur facçon de méler leurs deux vois toujours au bon moment, celle où l'émotion va forcément nous ceuillir.

Et juste après une si touchante chanson,  survient la petite phrase de transition entre deux chansons qui prouvent que les deux frangins n'ont rien perdu de leur (auto) dérision qui fait tout le sel de leurs compositions, comme cette petite pastille présente sur leur page Facebook pendant le festival l'illustre parfaitement :

Très vite, on a le sentiment, au cours de cette paranthèse enchantée, d’être en compagnie de deux amis de longue date  et on se réjouit de voir que Volo parvient malgré les années à concerver ce regard ironique et sarcastique sur la société et la politique,  tout en conservant des notes d'optimisme et d'espoir sur cette société qui part à vau l'au ( volo?). 

Autant de sujets que les frérots ( si loin des fadasses Delavéga) parviennent à méler, avec une aisance déconcertante à leur éternelle volonté de comprendre les enjeux et les effets d’un système économique mondialisé, accompagnée par .une maîtrise de la langue française- Olivier a été prof de philo, ce n'est pas le cas de tous nos chanteurs à textes, quand même- par de belles chansons douces et mélodieuses.

Tout en humour ou empreint de mélancolie, vu de leur quotidien, ou de ce qui se passe à l’autre bout du monde, les Volo conserve toujours cet amour et cette tendresse pour leur humanité,  et parvient à allier efficacité mélodique, finesse du propos, ancrage dans la réalité et les deux auteurs compositeurs d'aborder les entrefaits et la réalité de leur vie quotidienne avec un humour parfois un peu noir mais toujours plein de bienvaillance et de foi en l'humain. Et donnent aussi l'impression encore plus sur cette petite scène de l'arrache Coeur que sur ma platine hi fi, de me parler au creux de l'oreille de mon quotidien.

Sensibles mais lucides, idéalistes mais conscients, concernés par leur époque, les Volo défendent  plus que jamais des valeurs qui me touchent profondément, plein d'humanisme  et de tolérance, avec également de très beaux textes sur le couple  et les relations familiales, sans doute les titres et les morceaux que je préfère.

Bref, un moment avignonnais d'une belle émotion et d'une touchante simplicité dont j'ai simplement  regretté la trop grande brieveté- mais c'est le lot du Off d'Avignon, tous les spectacles sont chronométrés pour laisser la place aux suivants : à peine une heure de tour de chant,  alors que j'attendais encore plein de chansons qu'ils n'ont pu interpréter ( Elisa, comme si, Sans rire, Fiston, A ma place..) c'est forcément un peu frustrant et ca rend encore plus impatient de découvrir ce nouvel album qui devrait donc être une des premières bonnes nouvelles de 2017, tant Volo, à l'image de ce "J'hésite" qui figurera dans cet album, n'a rien perdu de leur acuité et de leur qualité de plume..