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Mon repas d'anniversaire, version belge (1ère partie)

Par Eric Bernardin

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Comme l'année dernière, je suis monté en Belgique pour fêter mon anniversaire avec Ludovic, la seule personne que je connaisse qui soit née le même jour (de  la même année) que moi. Il fournit les vins et je prépare un repas autour de ceux-ci. Pour  nous aider à passer ce cap difficile, je retrouve la joyeuse "bande des houits" avec qui j'ai  visité deux le Bordelais (en 2014 et 2015).

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Si, si, ils sont bien houit. On voit le genou blanc de Françoise ;-)

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Pour démarrer, ce qui se fait de meilleur en jambon belge : le Grand Cru de Ganda (sans nitrites).

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Avec ce qui se fait de meilleur en champagne rosé : celui de Krug. Si je l'avais bu dans un verre noir, je crois que j'aurais cru boire une Grande cuvée plutôt jeune du même domaine. La palette aromatique est très  complexe, sur les fruits secs, le miel, la fumée. La  bouche est intense, vineuse, et accompagnerait sans souci un plat plus consistant (pigeon, pintade, ris de veau...).

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Puis des sucettes de foie gras au jambon cru et crunchy de fruits secs...

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... et Krug 1998. Je ne sais pas si on s'y habitue, mais il ne m'a pas filé le même uppercut que l'année dernière. Ceci dit, l'accord avec les sucettes est juste parfait. On peut presque se demander si on n'est pas en train de sucer le champagne ou de boire les sucettes

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Le repas commence avec un trio de poissons fumés (anguille, truite et saumon),

poire, fenouil, fruits de la passion,  oeufs de truite et atsina cress...

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...sur lequel je verse une infusion océane composée de jus de pomme verte, jus de citron vert, zestes

de citron vert et de combava, Lapsang Souchong, gingembre, algue nori et bonite séchée. 

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Le tout accompagné un Riesling Clos Sainte-Hune 2000 de Trimbach. Dès le nez, aucun doute que l'on a affaire à un Riesling. Mais ses arômes de citronnelle et de terpènes d'agrume m'auraient fait plutôt partir sur la Moselle. En bouche, le vin est tendu, élancé, sans que l'acididité soit trop saillante. Il y a un bon compromis entre maturité et fraîcheur, avec moins d'austérité que sur d'autres millésimes que j'ai pu boire. Assurément un grand Riesling. Le mariage avec le plat est très réussi: sûrement l'un des plus beaux de la journée. 

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Pour continuer, un rôti de cabillaud, quinoa comme un tajine, jus de volaille au yuzu

(carottes, courgettes, agrumes confits, noisettes et pignons de pin grillés)

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Avec un Meursault les Rougeots 2008 de Coche-Dury. Si je l'avais bu à l'aveugle, je ne serais pas parti sur un vin de Coche car on ne retrouve pas les habituelles notes de grillé et de sesame. Juste de l'agrume, des notes de fruits blancs mûrs et une touche de noisette fraîche. La bouche est plus "pulignienne" que murisaltienne, avec une fine acidité qui apporte juste ce qu'il faut de tension et une matière pure, presque cristalline, d'une grande digestibilité. Le millésime 2008 y est certainement pour beaucoup. C'est déjà très bon, mais on  a a la sensation que ce vin aurait demandé à être attendu encore une dizaine d'années pour dévoiler toute sa complexité.

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Nous poursuivons avec une crème de chou-fleur & amande/noisette légèrement fumée,

crumble de chou-fleur,noix de chou rave et jambon cru.

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... servie avec un Rayas blanc 2000. Ce vin est d'une incroyable fraîcheur pour Châteauneuf du pape contenant 50 % de Grenache blanc (et 50 % de Clairette). Pour dire :  au départ, je pensais que  l'on m'avait resservi du Meursault... En se réchauffant, il gagne en ampleur et en rondeur, épousant parfaitement les saveurs du plat. Nous ne sommes pas loin de la fusion totale.

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Pour accompagner ce filet mignon basse temp', trio de champignons,

sauce aux fruits rouges, cèpe et jambon fumé...

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Vieux Château Certain 2001...

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... et Vieux Château Certan 2004

Le premier a une finesse et une tension qui vous enverraient plutôt en rive gauche, d'autant que le Cabernet domine aromatiquement le Merlot. Le second est plus dense, plus puissant, assez loin du côté bourguignon que je lui avais trouvé lors de ma visite au domaine. Si je l'avais goûté ainsi, j'aurais plutôt choisi un tournedos de boeuf pour l'accompagner. Ceci dit, avec les champignons et les fruits noirs, l'accord fonctionne bien.

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Avec le filet d'agneau basse temp', nem d'agneau confit, ratatouille revisitée et crumble à l'olive noire,

un nouveau duo de vins :

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Rayas rouge 2004...

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et Grange des pères 2008.

Le premier aurait pu passer pour un Bourgogne (certes dans une année solaire) tant la matière est  fine sans être fluette. Je m'attendais à un vin plus évolué. En fait, il est encore très jeune, avec un fruit dominant et une palette tertiaire encore très réduite. Celui que j'ai en cave attendra encore quelques années. Ceci dit, il a emporté tous les suffrages de mes commensaux, car sa finesse le rendait plus classieux que son voisin, par contraste plus lourdaud.

Et pourtant, il était bien joli, ce Grange des pères 2008 : un nez plus complexe que le Rayas mêlant les notes de fruits noirs à celles de la garrigue, avec une touche résineuse et la petite pointe d'anchois, signature du domaine. Une bouche dense, séveuse, fraîche, d'une grande intensité aromatique, collant parfaitement avec le crumble d'olive noire (qui contient aussi de la baie de genièvre, du thym et du romarin). Mais je comprends qu'il pouvait paraître un peu lassant à des palais guère habitués aux vins languedociens. Perso, je l'ai préféré à Rayas. 

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En guise de fromage, une variation autour du coing et du parmesan... 

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... et un Vouvray moelleux 1ère trie 2008 de Huet (un de mes deux apports de la journée). Le nez est magnifique, sur des notes de coing, de miel, d'agrumes confits et de truffe. La bouche allie onctuosité et grande fraîcheur, avec une intensité aromatique qui n'a rien à envier au vin précédent. Il n'est qu'en tout début de vie, et c'est déjà une petite merveille. L'accord avec le plat est plus que beau : il est émouvant !

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Pour (presque) finir, un baba aux agrumes, abricots et turrons 

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... et Yquem 1976. Je comprends pourquoi il fait partie des plus beaux millésimes de ce château. Ce vin ne fait pas du tout ses quarante ans. Il est d'une jeunesse qui est bien partie pour être éternelle : abricot confit, mandarine, avec juste un pointe de truffe et de safran. La bouche est superbement équilibrée, finement crémeuse, avec une acidité assez rare dans le Sauternais. La finale, pas lourde pour un sou, est très persistante sur des notes abricotées/épicées. Le plus bel Yquem que j'aie jamais bu. 

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Pour finir pour de bon, des pains d'épices au chocolat et au yuzu...

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... avec un Madère Malvasia de 10 ans  de Barbeito. J'ai amené cette bouteille car je voulais faire découvrir à mes amis à quoi ressemblait un vrai Madère. La robe est d'un ambre sombre. Le nez évoque le caramel, le café, la figue et les fruits secs torréfiés. La bouche étonne par son acidité quasi tranchante qui équilibre une matière généreuse en sucre et en alcool. La finale est longue, sur des notes de toffee et d'agrumes confits. L'accord avec le pain d'épices fonctionne bien.

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J'ai parlé en titre de 1ère partie, car j'ai fait ce repas le 7 août, veille de mon anniversaire. Le 8 août, nous l'avons fêté dans un restaurant de Liège avec quelques superbes bouteilles. Mais c'est une autre histoire...



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