Magazine Asie

Rikuzentakata : le livre photo sur la ville qui n'est plus

Par Kaeru @Kaeru

Rikuzentakata : le livre photo sur la ville qui n'est plus
Le photographe japonais Naoya Hatakeyama avait signé en 2013 un ouvrage bouleversant, Kesengawa, où il juxtaposait des clichés de sa région natale avant et après le tsunami. Il revient une nouvelle fois sur la tragédie avec Rikuzentakata, nom de sa ville natale, détruite en 2011 et actuellement en cours de reconstruction.

Reconstruire mais pas renaître...

Après Fukushima, après la colère et l'immense gâchis humain, l'incommensurable douleur était tellement insupportable que je me suis un temps détournée du Japon. J'y suis retournée ce printemps, pour me gorger d'art (avec le festival de Setouchi) et de paysages. J'y suis partie sans aucune attente, juste dans l'acceptation du pays tel qu'il est, tel qu'il devient.Lorsqu'on est un étranger, simplement fasciné par cette culture, mettre à distance la douleur est plus aisé car nous n'y sommes pas confrontés en permanence, dans notre quotidien et dans notre chair. Pour ceux qui ont là-bas leurs racines, celles qu'on ne peut jamais oublier ni déterrer, la souffrance demeure, tapie, toujours là. Pourtant, la vie ne s'arrête jamais.Hatakeyama, lui non plus, n'a cessé d'évoluer, de travailler, de s'exprimer par les mots et l'image. Si Kesengawa est un ouvrage réalisé à chaud, issu de l'effarement lié  à un cataclysme trop vaste pour être appréhendé d’emblée  par un humain, Rikuzentakata, cinq ans plus tard, se tourne vers l'avenir, la reconstruction en cours de la ville, déplacée en partie sur les hauteurs.
Rikuzentakata : le livre photo sur la ville qui n'est plusRikuzentakata : le livre photo sur la ville qui n'est plusRikuzentakata : le livre photo sur la ville qui n'est plus

Retour sur Kesengawa


Pour saisir la dimension du travail de Hatakeyama, je veux d'abord vous parler de Kesengawa. Récit intime et pudique de la catastrophe, le titre provient de la rivière Kesen qui traverse la ville de Rikuzentakata. Une ville côtière, dans la préfecture d'Iwate, construite sur la plaine littorale, pour profiter des richesses de la mer mais aussi à la merci de ses fluctuations et de ses colères. Ce livre raconte avec textes et photos, l'avant et après 11 mars 2011. Juste après le séisme, Hatakeyama, qui était à Tokyo, traverse à moto le paysage dévasté, parti en quête de nouvelles de sa famille. Il juxtapose ses réflexions au fil de son voyage avec des photos d'avant la catastrophe. Des photos personnelles qu'il n'avait jamais imaginé montrer un jour.L'avant joyeux côtoie l'indicible, le traumatisme trop grand pour être contenu dans des mots. Hatakeyama a perdu sa mère dans la catastrophe. Avant le 11 mars, il travaillait déjà sur la notion de paysage (surtout urbain), notion géographique complexe d'interaction entre l'homme et la nature.Depuis, il n'a pas cessé. Cependant, les transformations qu'il observait, progressives et parfois insidieuses, ont connu une rupture tant dans leur rythme que leur échelle. La catastrophe a littéralement rayé de la carte des quartiers, des villes, fait table rase du paysage pour repartir de zéro. Ou pas tout à fait, car la menace invisible des radiations est là, et comme beaucoup de Japonais, Hatakeyama en a pleinement conscience.
Rikuzentakata : le livre photo sur la ville qui n'est plus

Participer à l'aventure de Rikuzentakata !


Son nouvel ouvrage, Rikuzentakata, aborde encore le thème du changement, de la modification des paysages. Cette fois, il suit les étapes de la reconstruction de la ville, la lente tentative pour déblayer, recommencer, après une fracture terrible dans l'histoire, aux conséquences difficiles à appréhender. Hatakeyama observe, propose son regard d'artiste qui a toujours saisi le point de jonction entre l'humain et la nature, là où se fabrique le paysage.Le livre Rikuzentakata sortira en octobre, aux éditionsLight Motiv. C'est une petite maison spécialisée dans les ouvrages photographiques de grande qualité alliant images et textes. Elle passe par une plate-forme collaborative pour s'assurer un seuil de financement, notamment grâce aux pré-commandes. La fabrication d'un bel ouvrage a un coût souvent difficile à porter pour des éditeurs modestes. Acheter en avance son exemplaire offre au lecteur le plaisir de participer activement à l'aventure et à l'éditeur une bouffée d'oxygène bien venue.Light Motiv propose d’ailleurs un achat groupé de Rikuzentakata et Kesengawa à un tarif préférentiel de 59 euros, disponible uniquement durant la campagne de financement. La filiation forte entre les deux livres justifie cette offre avantageuse pour saisir toute la profondeur du travail d'Hatakeyama et son évolution. Vous aurez deviné, c'est la contribution que j'ai choisi !Il ne vous reste que quelques jours pour pré-commander ce magnifique ouvrage photo. La traduction des textes de Hatakeyama est assurée par Corinne Quentin et l'ouvrage est préfacé par l'écrivain Eric Reinhardt. Il comptera 130 pages et sera au format 25 cm par 30.Si le projet vous touche, parlez-en autour de vous et partagez le sur les réseaux sociaux, c'est aussi un moyen efficace de le soutenir !
http://fr.ulule.com/rikuzentakata-livre
Rikuzentakata : le livre photo sur la ville qui n'est plus
Rikuzentakata : le livre photo sur la ville qui n'est plus
Pour feuilleter le livre Kesengawa (désactivé votre adblock !) : - http://fr.calameo.com/read/0013589846ab49760e3b0
Un article sur Rikuzentakata et un entretien avec Eric Le Brun, le responsable des édition Light Motiv : - http://www.journaldujapon.com/2016/08/15/rikuzentakata-un-livre-photographique-un-financement-participatif/
Deux articles passionnants sur Kesengawa : - http://www.philomag.com/les-livres/notre-selection/kesengawa-9931- https://blogs.mediapart.fr/edition/bookclub/article/061213/naoya-hatakeyama-ma-premiere-photo-est-celle-que-je-n-ai-pas-prise
Copyright : Marianne Ciaudo

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Kaeru 5607 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte