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[INTERVIEW] 10 questions à Monsieur Africlap.

Publié le 19 août 2016 par Marie-Noelle Imbart @MarieNoImbart
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BERNARD DJATANG-Une-INTERVIEW-AFROZAPLe FESTIVAL AFRICLAP; le Festival des cinémas d’Afrique de Toulouse, revient du 30/8 au 4/9, pour une 3ème édition. Une semaine pour découvrir une trentaine de films,court-métrages et documentaires de l’ Algérie, du Congo, de la Guinée Conakry, mais aussi de la Réunion, des Comores, des Antilles…

À quelques semaines de ce rendez-vous, nous avons posé quelques questions à Bernard Djatang, fondateur et directeur artistique et programmation du festival Africlap. Depuis, 3 ans, il mène un combat avec son équipe de choc, pour mettre en lumière, ce cinéma que les médias classiques abordent avec peu d’intérêt. Pourtant, les réalisateurs-trices africains et issus de la Diaspora ont des choses, à dire, avec talent, créativité, ingéniosité. 

Différents lieux culturels, comme le Cartère, le Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse, l’auditorium du Sénéchal ou encore l‘Espace des Diversités et Liberté, vous ouvriront leurs portes aux festivaliers. Cette année, un thème fort a été choisi :   » l’Afrique: entre tradition et modernité « . Dans une société de plus en plus influencée par les nouvelles technologies de l’information et de la communication, comment est-ce que l’oralité, un des symboles forts de la transmission des savoirs et traditions africaines s’adapte-t-elle à cette mutation ?  En attendant, la cérémonie d’ouverture qui aura lieu le 31 août prochain, découvrez le fondateur de cet événement.

10 questions à BERNARD DJATANG alias Mr. AFRICLAP

AFROZAP : 3eme édition démarre dans quelques semaines, comment cela s’annonce-t_il ?

Bernard Djatang : La 3ème année – édition – est une étape déterminante pour le développement de tout projet, qu’il soit à but lucratif ou non.  Africlap est en bonne voie et nous sommes dans les starting block pour servir un bel événement culturel à la population de Toulouse et ses environs.

A. : Une programmation toujours aussi audacieuse autant dans le choix des films que dans l’organisation de la foire culturelle. Quelles sont vos critères de sélection?

B. D Nous sommes avant tout des passionnés de la culture, très sensibles aux sujets qui questionnent les rapports humains, l’homme dans son environnement, l’interculturalité. Tout cela guide sans aucun doute notre sélection, mais le thème de chaque édition constitue également l’un des critères non négligeables pour la sélection des films et par ricochet pour l’organisation de la foire qui est étroitement liée à l’ensemble de la programmation. Peut-être faudrait-il préciser que la foire n’est autre chose que la partie hors les murs du festival avec donc un petit côté guinguette, un marché des créateurs d’art africain, la littérature, les concerts et des animations pour les plus jeunes.

AFROZAP : Vous arrive-t-il de refuser  certaines des œuvres ?

B. D. : Sans aucune prétention, oui. Même si le projet Africlap est née de la volonté de combler le manque de visibilité des cinémas d’Afrique sur les écrans de Toulouse, comme c’est d’ailleurs le cas dans toutes la France et l’Europe, nous ne pouvons cependant pas montrer tous les films que nous recevons. IL y a d’une part les critères que nous nous fixons et d’autre part les messages que portent certains films car ces messages leurs donnent le pouvoir et l’avantage d’être nécessairement porté à l’écoute du public. c’est le cas de Lombraz Kann (A l’ombre de la canne), un film universel sur la perte d’un emploi et ses conséquences sociales. Au delà du travail complexe, parfois long et très couteux que fournit une équipe de professionnels passionnés du cinéma, nous devons malheureusement faire un choix, et c’est avec regret que nous laissons de côté certains films. Il ne faut pas oublier que nous devons aussi composer avec le nombre de jours, c’est à dire le nombre d’heures possibles de programmation, mais aussi le nombre d’écrans à notre disposition. Tout cet ensemble nous conduit à une sélection qui prenne en compte toutes ces contraintes.

A. : Les projections auront-elles lieu en présence des réalisateurs ?

B.D: Nous avons la chance d’accueillir durant le festival un certain nombre de réalisateurs venus de loin pour échanger avec le public après la projection de leur film. Bien que cela ne soit pas encore vrai pour tous les films, nous sommes très optimistes pour les années à venir. Notre festival a tout juste 3 ans, pourtant les rencontres avec les professionnels du cinéma ne manquent pas tout au long du festival.

A. : Comment les institutionnels vous apportent-ils leur soutien ?

B.D : Les budgets de la culture ont considérablement baissés dans toutes les villes de France et même au niveau de l’état et cela a des conséquences parfois dramatiques pour la vie de certains projets culturels portés par des associations. Les soutiens sont indispensables, voire vitaux pour la réussite d’un événement culturel comme le nôtre. Mais en ce qui nous concerne, je répondrais par une sagesse bien africaine qui dit que  » l’essentiel n’est pas de manger à sa faim, mais plutôt d’atténuer la faim avec le peu que tu trouves à manger. » Cela veut dire que nous nous contentons de l’aide que nous recevons de certaines institutions, même si on pouvait espérer une aide plus conséquente. Nous sommes une association loi 1901 sans aucun salarié dans l’équipe, donc constituée essentiellement de bénévoles ce qui absorbe une part très importante des charges de fonctionnement. Je voudrais néanmoins souligner la présence exceptionnelle de la ville de Toulouse à nos côtés depuis la première édition de ce festival et en particulier sur le plan logistique et administratif, et nous espérons une meilleure appréciation de nos besoins réels pour les prochaines éditions.

A. : Comment soutenir le Festival ?

B.D : Il existe plusieurs façons de soutenir le festival; adhérer à l’association Africlap déjà c’est permettre à l’association organisatrice du festival Africlap de continuer à exister et à développer ses actions tout au long de l’année. Apporter sa compétence, tous domaines confondus puisqu’un projet de société a besoin de toutes les ressources humaines disponibles pour se construire solidement et se développer. Pour finir, je dirais que toute entreprise qui à besoin d’investir dans la culture et notamment dans un projet vivant et porteur de valeurs humaines pour une monde durable et équitable ne devrait pas hésiter à nous apporter son aide pour qu’ensemble nous poursuivions la promotion de ces valeurs chères à la cohésion sociale et la connaissance de l’autre.

A. : Les temps  forts de cette 3eme édition ?

B.D : Cette 3ème édition dont le thème est : « L’Afrique, entre tradition et modernité » nous donne l’occasion de questionner certaines pratiques culturelles, traditionnelles qui semblent avoir résistées  au temps malgré le développement des TIC dont les personnes même qui entretiennent ces pratiques sont devenues elles-mêmes de grandes consommatrices. L’ouverture officielle du festival est sans aucun doute un des temps forts, mais il faut compter avec le colloque sur les droits des femmes autour du thème « L’excision, une pratique en question? » qui se tiendra le 01 septembre à 10h45 en présence d’une personnalité africaine très active sur la question. Je veux parler ici de Martha Diomandé, dont son histoire et ses origines même en disent long sur le sujet. La soirée du 02 septembre à la salle du Sénéchal constitue également un moment particulier de cette édition, entre tradition et modernité parce que nous recevons à Toulouse une des plus belles voix de la musique africaine contemporaine, mais avant tout fils de Sory Kandia Kouyaté,  la voix d’or du Mandingue comme l’avait surnommé ces pairs. Kaabi Kouyaté, viendra donc témoigner du génie de ce musicien hors-pair qui était Kandia Kouyaté – son père – à travers le film documentaire « La trace de Kandia », puis une performance musicale qu’il donnera à la fin. La foire culturelle, ce moment de métissage des cultures africaines pour permettre au public d’avoir sur un même lieu hors les murs, une meilleure vue sur ce que l’Afrique peut leur offrir. Et là encore la foire s’enrichie d’un nouveau programme cette année; « Le café Littéraire » présenté par Afrozap et Tetkolé. Bien entendu, la remise des prix constitue également un des temps forts à ne manquer sous aucun prétexte.

A. : La musique tient une part importante dans le festival, comment faites-vous le lien avec le reste de la programmation ?

B.D : Il est de coutume qu’on fasse appel à la musique aussi bien pendant les moments de tristesse comme lors des événements joyeux et festifs. Et ça, nous n’avons rien inventé et n’allons pas déroger à cette tradition. Cependant, la musique arrive dans notre festival comme un élément essentiel à son équilibre car elle est unificatrice au delà de toute divergence. Je voudrais dire par là qu’au festival Africlap la musique est vivante car souvent au plus prêt de l’image, conciliante, joyeuse pour permettre à chaque personne de repartir bien dans sa peau.

A. :  Donnez-vous une seule raison de participer au Festival Africlap ?

B.D. : Le festival Africlap est un concept unique de festival de cinéma à Toulouse et même au delà, puisqu’il allie des projections en salle aux projections en plein air avec une combinaison précieuse d’autres formes d’expressions culturelles autour des cultures d’Afrique pour le plaisir de tous les âges.

A : Le mot de la fin ! 🙂

B.D Pour conclure, j’invite tous les toulousains à se rendre massivement du 31 août au 04 septembre 2016 à ce grand rendez-vous des cinémas et cultures afro dans la ville rose, que ce soit par curiosité ou par sensibilité ils repartiront dans la bonne humeur.  
Merci à Afrozap qui est un pont essentiel à la diffusion des cultures afro-caraïbéennes dans la région. Longue vie à ce magazine formidable et à son promoteur.

Infos pratiques  Festival  Africlap

Toutes les séances sont gratuites exceptées celles-ci :

  • Séances au Cinéma Le Cratère Plein tarif : 6 € / Tarif réduit : 4,50 €
  • Soirée Ciné-concert en soutien au festival 10 € / 15 € avec repas africain
  • Conte musical 5 € Atelier Bogolan part.libre
  • Atelier Initiation aux techniques de réalisation 20 € + 10 € d’adhésion.
  • Atelier Jeu d’acteurs 25 € + 10 € d’adhésion.
  • Inscriptions : [email protected]

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