Dans la seconde partie de notre podcast sur le syndicalisme 2.0, nous continuons notre discussion sur le passage du Syndicalisme 1.0 (avec des tracts papier, le panneau d'affichage...) ver le Syndicalisme 2.0 qui utilise les Media Sociaux et les nouveaux outils digitaux.
Vous pourrez retrouver dans la vidéo à la fin de l'article l'enregistrement complet du Podcast (45 minutes) avec Guillaume. Voici ci dessous la synthèse de notre discussion, en particulier avec l'utilisation du livecast & des podcasts pour communiquer auprès des salariés. La fin de l'article sera consacré à l'utilisation de Facebook @Work en entreprise, avec les implications pour les salariés.Le Syndicalisme 2.0 et la vidéo
1 - La diffusion de vidéo en live et le replay, un des piliers pour faire passer ses message
Lors de notre dernière compagne électorale, nous avons a souhaité marquer le coup auprès des salariés et innover, en faisant tout simplement un live grâce à https://www.twitch.tv/
Twitch est à la base une plateforme de diffusion de vidéos sur le jeu vidéo, c'est pourquoi si vous allez sur le site, vous verrez beaucoup de vidéos de jeux vidéos :
Alors pourquoi avoir sélectionné twitch.tv ?
Tout simplement parce que c'était le seul outil qui nous paraissait pertinent à l'époque et qui permet de faire en même temps :
Aujourd'hui cela s'est généralisé, c ependant TWITCH nous a permis d'assurer pas mal de vues pas en niveau du live lui-même mais sur le replay.
On s'est rendu compte qu'en communiquant sur le fait qu'il existait un replay du live avec les salariés, avec l'enregistre des questions en direct était un vrai plus.
Cela nous a permis certes de communiquer sur notre programme (notre but, nos moyens et ce qu'on cherchait à faire lors de cette compagne), mais aussi de répondre aux questions des salariés.Grâce au live et au replay, on a attiré pas mal de salariés qui venaient se renseigner et voir qui nous étions.
Parce que c'est vrai que dans une grosse entreprise telle que la mienne (1500 salariés), la plupart des gens ne connaissent pas ceux qui se présentaient.
Avec la vidéo live, ils peuvent nous voir en direct, nous entendre parler toujours en direct et même nous poser des questions auxquelles on pouvait répondre en direct ou via le chat.
Ceux qui regardaient le replay voyaient aussi le chat, et donc les questions qui ont été posées en direct par les salariés, avec nos réponses.
La seule chose à laquelle il faut faire attention pour ce genre de live et vidéos c'est de s'assurer d'avoir une connexion internet montante suffisante.Pour le premier live que nous avions fait nous n'avions que 2 mégas en descendant et 2 mégas en montant ce qui est très limite.
Donc je vous conseille vraiment de faire attention à avoir une bonne connexion (en évitant le WIFI), ou alors d'avoir une bonne connexion 4G.
2 - Les limites de twitch.tv et la nécessité d'utiliser d'autres outils de diffusions de vidéos comme Facebook Live, BigBlueButton...
Depuis nos premières diffusions, d'autres outils permettent de faire la même chose.
C'est tout particulièrement important, parce que nous avons eu des soucis avec https://www.twitch.tv : certaines personnes ce sont amusées à dénoncer notre contenu auprès de la plateforme qui a donc supprimé nos contenus.Nous ne savons pas qui l'a fait, en tout cas la diffusion de contenu "syndical" ce n'est pas dans les règles de https://www.twitch.tv/ qui est orienté jeux vidéo.
C'est ce "ménage" ce qui nous a poussés à changer de plateforme.
A l'époque on cherchait une alternative, et Facebook Live qui n'existait pas encore.Nous avons donc utilisé un outil professionnel open source de visio conférence qui s'appelle http://bigbluebutton.org/.
C'est un plugin que l'on peut installer dans n'importe quel site, et qui permet de faire du streaming en live avec le partage de documents, du chat...Bref, tout ce que nous faisions avant, avec en plus du partage de documents !
C'est gratuit, néanmoins, cela nécessite un peu de paramétrage... donc il faut avoir un minimum de connaissances en informatique.
Cependant nous nous posons maintenant la question de repasser à Facebook Live pour la suite, car c'est un outil extrêmement convivial, et diffuser directement sur notre page Facebook est un vrai avantage.En plus, Facebook est le premier réseau social en France, cela évite d'avoir plusieurs canaux pour les gens qui veulent nous suivre.
Et comme c'est un outil que tout le monde utilise et que le live qui apparait dans les flux d'actualité, c'est vraiment un outil très pertinent pour nous.
En plus le replay est visible juste après et tout le monde peut continuer à poster des commentaires, à envoyer des messages...
A contrario, l'intérêt de Bigbluebutton.org, c'est
- de récupérer le fichier la vidéo pour faire des montages.
- d'être propriétaire du contenu (même si quelqu'un s'amuse à dénoncer notre contenu (sur Facebook ou ailleurs).
- on peut présenter des documents à l'écran
- ...
- Avoir son téléphone pour filmer et une tablette pour répondre aux commentaires
- Toujours diffuser et partager sur la page, mais aussi les profils persos et les groupes
- Avoir un bon micro de qualité
- ...
Or avec les autres système de vidéo conférence, on peut utiliser du matériel PC. Par exemple nous avons une excellente webcam et un très bon micro.
Pour des diffusion sur plusieurs lieux, le multi-cam de Big Blue Button est intéresant car Facebook Live c'est juste toi qui te filme.
Mais il est vrai que Facebook live est conçu pour faire de l'instantanéité, de capitaliser sur une audience... car c'est aussi important de diffuser sa vidéo là où les gens sont.A noter : Facebook dispose d'une application Windows 10 de Facebook. Pour l'instant le bouton live bouton qui est présent mais selon le matériel que vous utilisez cela peut ne pas fonctionner. Donc il est certain que dans les mois à venir cela sera possible de faire du Facebook Live sur un PC (pour l'instant il faut bidouiller...).
3 - Quels formats, optimisations... mettre en place dans ses vidéos et podcasts ?
Votre premier podcast / vidéo doit être vraiment soigné et préparé, car c'est celui qui va "donner la température", et qu'il est souvent le plus vu / écouté.Notre premier contenu multimedia était un Podcast, et nous avons fait deux fois plus d'audience que la moyenne des épisodes suivants.
Tout simplement parce qu'il y a une curiosité initiale naturelle des gens qui veulent voir ce qu'on fait, pourquoi on le fait,...Il faut donc qu'ils soient étonnés (dans le bon sens) du contenu produit.
D'où l'importance de préparer à l'avance sa première émission.
Pour cela il faut regarder l'actualité, et si possible celle de l'entreprise.Par exemple on s'est pas mal focalisé sur la loi EL KHOMRI sur plusieurs épisodes, avec les implications dans notre entreprise.
Le but était de sortir de la généralité pour arriver dans le quotidien des salariés.
Nous faisons aussi un plan pour chaque épisode avec de l'actualité sur notre l'entreprise, de l'actualité au niveau national... et on essaye de terminer toujours par une note un peu humoristique avec des petites rubriques qui sont très courtes mais qui permettent de créer une certaine connivence avec ceux qui nous écoutent.Par exemple dans notre entreprise on a un syndicat très "patronal", et donc tous les mois on parle des promotions internes dans l'entreprise, et souvent ce sont des personnes de ce syndicat là.... En 9 mois on a 7 promotions dans ce syndicat-là, cette petite rubrique qui nous permet de donner une petite touche humoristique à une réalité peu connue.
Au niveau des contenus, il faut aussi des formules plus courtes.Le premier podcast que nous avons fait faisait pas moins d'une heure... et effectivement même si moi personnellement j'écoute énormément de podcasts et que cela me dérange pas, tous ne sont pas habitués.
Avec une durée trop longue, on risque que les gens aient envie de zapper, d'avancer dans le contenu sans tout écouter, de perdre de l'attention...
Donc nous faisons maintenant des formats entre 20 min et 30 min pour les Podcasts.Mais il faut tester, par exemple suite au lancement de nos podcasts, un syndicat concurrent a aussi mis en place des podcasts, et eux sont directement partis sur une formule extrêmement courte de 10 minutes.
Il faut aussi donner une petite touche professionnelle... et c'est super simple !Il suffit de prendre une image fixe, avec le logo du syndicat et le nom de l'entreprise, puis de rajouter un musique libre de droits que tu peux acheter par exemple sur des sites comme https://www.stockmusic.net/ ou .
Une musique libre de droits coûte environ 30 dollars pour 30 secondes, et cela donne un côté un peu plus Pro.
Pour le podcast, nous avons aussi une petite introduction avec de la musique, nous utilisonsAudacity, un logiciel gratuit de montage audio.
Audacity est simple à utiliser.
Je ne savais pas l'utiliser avant de faire les podcasts, j'ai regardé quelques tutos sur YouTube, et en tâtonnant on finit par améliorer la formule.
Au début il me fallait 3 ou 4 heures pour monter un podcast mais aujourd'hui il me faut 20 minutes !Donc c'est vrai que c'est un outil qui peut paraître extrêmement compliqué au départ mais une fois qu'on maîtrise les trucs de base on peut aller chercher des petites choses qui font la différence.
Par exemple supprimer les " euh ", les respirations... On peut aussi amplifier les voix qui sont plus faibles, remettre tout d'équerre...
Et bien entendu, mettre la musique en intro et en outro.Pour la vidéo nous ne faisons pas de montage, c'est du live on ne change rien du tout !
On utilise une bonne webcam, je vous la conseille d'ailleurs, c'est une créative c920 (moins de 100 €):
Vous pouvez la trouver facilement moins chère sur le web, dernièrement je l'ai vue à 45 euros en solde.
Cette webcam a un bon angle de vue et un micro qui est très bon en omnidirectionnel.
4 - Quels sont les contenus les plus pertinents à diffuser pour un Syndicat 2.0, que cela soit en vidéo ou en podcast ?
Pour des élections syndicales, on peut par exemple faire une présentation des candidats.Par exemple, j'avais demandé à tous mes co-listiés d'enregistrer un petit portrait audio de 30 secondes à une minute, enfin qu'ils se présentent (depuis quand ils étaient dans la société, pourquoi ils avaient choisi notre syndicat plutôt qu'un autre...).
Là encore, c'est important de se faire connaître, car nous sommes dans une entreprise de 1500 salariés répartis sur toute la France, et donc on ne se voit jamais !
Avoir cette présentation nous rend plus concrets, les autres salariés nous entendent.
Les podcasts tendent à humaniser ce qu'on est en train de raconter ,ce qu'on est en train de leur dire...
Lors de la représentation des candidats quand je connaissais bien les personnes, je pouvais compléter avec des anecdotes complémentaires.
Pour y obtenir les fichiers audio des collègues, j'ai simplement dis à mes : "Prenez votre téléphone, vous m'enregistrez un fichier MP3, vous me le transférez par mail".
Cela nous a permis d'être vraiment naturels, je voulais qu'ils disent ce qu'ils avaient à dire, cela donne aussi un côté humain.Nous allons aussi continuer les podcasts toutes les deux à trois semaines, mais cela dépend de l'actualité.
Il y des mois où il n'y vraiment rien à dire, mais par exemple là on est dans un mois important chez nous, on est en pleine négociation.
Notre entreprise a bien compris l'intérêt des réseaux sociaux, car depuis l'intégration de Facebook At Work dans notre entreprise, il y a clairement une décroissance de l'usage des salariés des outils qu'on avait mis en place avant en dehors de Facebook.
5 - Facebook @ Work et le syndicalisme
Il faut déjà savoir qu'un Syndicat n'a pas le droit de communiquer sur Facebook at work.Je n'ai pas le droit de faire de la communication syndicale, je n'ai même pas le droit de dire je suis secrétaire du CE de mon entreprise ou de faire de communication sur les offres que fait le CE pour les salariés.
Et même dans l'espace "Pause Café" de Facebook At Work : il est interdit d'avoir des réflexions qui sont liées au syndicat, liées à la politique de l'entreprise...De toute façon les administrateurs de notre espace Facebook at work sont au taquet : la direction à embauchée quelqu'un uniquement pour animer notre Facebook At Work.
Il poste des "conneries" parce à la gloire du groupe dans lequel je travaille, et bien sûr il supprime les posts indésirables, il supprime les commentaires mal placés...
Et j'ai déjà eu plusieurs collègues ont été convoqués à des entretiens pour des propos qu'ils avaient tenus sur Facebook at work !D'ailleurs, ceux qui ont été convoqués à ce genre d'entretiens sont des gens qui ne sont pas syndiqués, ne sont pas élus... c'était plus une manière pour leur faire peur... et cela a marché !
Cependant c'est un peu contradictoire de vouloir mettre un réseau social en place pour la discussion et l'échange, et de mettre de la censure sachant que les commentaires en question ne sont pas des propos injurieux.
Par exemple notre patron a mis en place un sondage sur Facebook at work en demandant ce que les salariés attendaient des négociations salariales, et leurs revendications...
Il y avait déjà des propositions, et certains ont rajouté des options comme la prise en charge par nos employeurs de la journée de solidarité. En effet dans certaines filiales du groupe cette journée est chômée et payée par l'employeur, or ce n'est pas le cas chez nous.
Donc un salarié a rajouté cette option là, et l'option a été supprimée du sondage et la personne a été convoquée dans la journée... En effet Facebook c'est nominatif... on sait qui fait quoi !Ce sont certes des comptes différents d'un Facebook "normal", par exemple chez nous il y a le prénom, la fonction dans la société et son département, et pas plus, et les salariés sédentaires ont eu un compte qui a été créé d'office, pour les salariés en province, c'était à eux de l'activer ou pas.
J'ai pas mal de mes collèges syndiqués qui refusent d'utiliser ces outils-là, et je peux le concevoir.... Mais c'est un outil qui est utilisé par les salariés, et donc on ne peut être absent.Par exemple beaucoup de salariés me contactent comme cela, mais immédiatement après on passe sur les outils externes à l'entreprise pour respecter la Loi.
Cela reste un outil pratique pour pouvoir me joindre, mais sans but syndical.