C’est un récit atypique à la fois de la vie du célèbre acteur mais pas seulement, de l’histoire hollywoodienne mais aussi de la face industrielle de l’Amérique. Le récit fait à la fois la part belle à l’enfance de Bronson et à sa famille de mineurs qui sont littéralement dévorés par cette activité. L’auteur s’attache aussi au caractère de l’acteur, c’est un taiseux, à sa carrure monumentale qui le fascine. L’auteur cherche à comprendre celle-ci et se met en scène dans son enquête sur les lieux où Bronson a vécu. Il évoque aussi les films même les plus obscurs de sa filmographie, notamment un qui va servir de fil rouge à l’histoire. Son écriture est tellement réaliste qu’on a l’impression d’assister avec lui au visionnage, il réussit de manière efficace à transmettre sa passion et ses interrogations autour de l’acteur.
Au-delà de l’acteur, l’auteur tisse aussi une réflexion sur la violence de la société américaine mais aussi de l’industrie cinématographique à travers le portrait d’acteurs et d’actrices oubliées. Notamment la figure de Wallace Beery qui est un modèle pour l’acteur ou de sa jeune épouse Gloria Swanson. Cette fascination intrigue le lecteur tout comme le portrait par petites touches réalisé par l’auteur. On s’interroge avec lui sur cette usine à rêve qui broie certains destins.
Le récit est aussi intimiste car à travers sa quête, l’auteur s’interroge sur lui-même comme le souligne la belle couverture où l’auteur nous regarde et on aperçoit le reflet de Bronson derrière lui. Cette place de l’autofiction est intéressante car l’auteur évoque sa vie, ses blessures en filigrane. J’ai été très touché par cet aspect personnel.
L’écriture est très imagée, poétique pour nous faire entrer dans les pensées de Bronson. Il souligne le paradoxe entre son physique hors du commun et le peu de paroles dans ses films, il n’a jamais été hors la loi, lui qui a un physique de voyou. L’auteur réussit à retranscrire les silences, mais aussi la présence omniprésente de la mort, de la violence au cœur de sa vie.
L’auteur de manière poétique réussit à nous capter en nous emmenant dans l’univers de Bronson, ses choix, ses autres activités de peintre et de dessinateur et son intimité. Mais c’est avant tout le portrait d’un homme, d’une certaine époque et d’une vision de l’Amérique. L’auteur s’interroge sur le thème récurrent de la vengeance. J’ai été peu à peu phagocyté et capté par l’obsession de l’auteur qui devient peu à peu la notre. J’ai été fasciné par les analyses de films, des détails et des personnages de Bronson.
Un puissant chant mélancolique se dégage de cette œuvre que j’ai beaucoup apprécié. Donc partez à la découverte du fils de l’ombre (Bronson),cette figure hollywoodienne,terriblement humaine et plongez dans l’obsession muette de Bronson, un beau voyage littéraire.