La passion du Christ (The Passion of The Christ). 2 heures 01. États-Unis. Drame. Sortie en France le 31 mars 2004. Réalisé par Mel Gibson avec Jim Caviezel, Maia Morgenstern, Monica Bellucci, Christo Jivkov, Luca Lionello, Hristo Naumov Shopov, Rosalinda Celentano, Claudia Gerini, Sergio Rubini, Hristo Chopov, Fabio Sartor, Mattia Sbragia, Francesco Cabras…
Les douze dernières heures de la vie du Christ. Rendu au Mont des Oliviers, Jésus prie après avoir partagé un dernier repas avec ses apôtres. Il résiste maintenant aux tentations de Satan. Trahi par Judas, Jésus est arrêté et emmené à Jérusalem, où les chefs des Pharisiens l’accusent de blasphème et lui font un procès qui a pour issue sa condamnation à mort…
« Vous avez entendu ce qu’il a été dit… Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dit aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent… Car si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quel mérite en aurez-vous ? »
Bien que j’avais beaucoup aimé à l’époque, je n’avais pas revu « La passion du Christ » depuis sa sortie en salles. Du coup, c’est très loin des débats animés qu’il pouvait y avoir à l’époque que je me suis replongé dans ce long métrage en espérant que le résultat me conviendrait toujours autant.
Et ce fut le cas. Je trouve ce scénario écrit par Mel Gibson, Bruce Davey, Stephen McEveety d’après les textes de Saint Matthieu, Saint Marc, Saint Luc et Saint Jean passionnant. Personnellement, je suis athée. Je suis assez hermétique à la religion et c’est même un thème qui peut vite m’ennuyer au cinéma. Cependant ici, j’ai de nouveau été pris de bout en bout par cette histoire que je trouve bien raconté.
Je ne vais pas faire de comparaison avec les textes que je ne connais pas ni même faire un parallèle avec l’aspect historique du film puisque je suis très mal placé pour en parler mais je trouve que dans son fond, malgré une violence assez inouïe (qu’elle soit physique ou psychologique), le film me parle plus de paix et d’amour que n’importe quel discours religieux que je peux entendre à la télévision.
J’ai entendu à l’époque la polémique sur le caractère soi-disant antisémite de cette œuvre mais pour ma part, je ne les vraiment pas pris ainsi. Lorsque je vois cette histoire (que je connaissais quand même du coup dans les grandes lignes), ce ne sont pas les romains ou les juifs qui sont coupables de la mort de Jésus, c’est l’Homme.
Qu’ils soient juifs, romains ou même adeptes de Jésus, chaque communauté est décrite avec son lot de défauts mis en avant et s’il y a quelques choses à pointer du doigt, c’est plus la bêtise humaine à mes yeux où l’on peut voir des personnes se satisfaire de cette mise à mort. Après, je n’adhère pas au message religieux, le final avec la résurrection fait même partie des quelques fausses notes pour moi, mais que l’on y croit ou non, cette histoire d’un homme humilié qui pardonne à ses bourreaux et qui véhicule un message de paix me plait. D’autant plus que les bourreaux eux-mêmes vont parfois être amenés à se remettre en question même si ils sont vite dépassés par leurs actes.
Devant la caméra, Jim Caviezel (Jésus-Christ) livre une prestation incroyable. L’acteur est habité par son personnage et il lui donne remarquablement vie. Que ce soit dans le partage ou dans la souffrance, le comédien est très crédible et parvient à véhiculer une multitude d’émotions avec un simple regard. Je ne suis pas spécialement un amateur de son travail mais à ce jour, c’est sans doute le rôle dans lequel il m’a le plus bluffé.
Derrière, le reste de la distribution est plus en retrait ce que je peux le comprendre et tout comme Jim Caviezel, on peut souligner l’énorme travail qui a été fait pour parler en araméen et en latin. Convaincu par leurs jeux respectifs, à aucun moment cela m’a déstabilisé. Cela apporte un brin de crédibilité en plus au récit et permet de nous plonger encore un peu plus dans cette époque.
Parmi les rôles secondaires qui m’ont marqués, Maia Morgenstern (Marie) incarne son personnage avec beaucoup de justesse. J’ai apprécié aussi la sobriété de Monica Bellucci (Marie-Madeleine) qui s’efface dans le bon sens du terme derrière son personnage. Rosalinda Celentano (Satan) trouve très bien sa place aussi (même si encore une fois, ça fait partie des aspects religieux du film que je n’ai pas aimé plus que ça) et son doublage en post-production par un homme apporte un peu plus à la confusion et au mystère qu’entoure son rôle.
Pour son troisième long métrage, Mel Gibson n’a pas choisi dans la facilité et c’est tout à son honneur. Sa réalisation est très efficace et contribue grandement à la réussite de ce film. Il n’hésite pas à alterner entre flashback qui nous font un peu respirer et une violence incroyable qui ne nous laisse pas indifférent.
Cette violence a été lors de sa sortie la cause d’une autre polémique de par sa présence assez brutale. De mon côté, cela ne me gêne pas. Après tout, on parle d’un homme qui va se faire flageller sur la place publique et crucifié. Adoucir ceci aurait été une grande erreur à mes yeux. Il y avait aussi la possibilité du hors champs mais en nous faisant témoin de cette souffrance, Mel Gibson nous invite à ne pas fermer les yeux pour souffrir aux côtés de son personnage et mieux ressentir la bêtise de la situation.
Alors oui, Mel Gibson n’hésite pas à montrer mais c’est plutôt bien fait je trouve avec de très bons cadrages qui donne à la plupart des scènes un aspect de tableaux. On est beaucoup dans le symbole, la représentation, l’iconographie… La photographie magnifique avec l’exploitation de la lumière accentue beaucoup cela.
Les différents décors sont eux aussi très bons tout comme les costumes et les maquillages. Pour ses derniers, bien que le film ait plus de dix ans au moment où j’écris ses lignes, je suis surpris de voir qu’ils fonctionnent encore sur moi dans leurs réalismes. Certaines scènes très dures en deviennent insoutenables.
Quant à la bande originale composée par John Debney, elle me parait tout aussi efficace. Elle appuie pas mal parfois sur la situation mais contribue à l’ambiance lourde et oppressante du film qui dans son ensemble passe assez vite grâce à un montage efficace. Bien que l’histoire soit connue de tous, cela reste rythmé et à aucun moment, je n’ai trouvé le temps long malgré les deux heures de film.
Pour résumer, « La passion du Christ » a fait couler beaucoup d’encre. On ne peut être insensible face à la puissance des images et à un récit connu de tous qui a rarement été montré avec autant de réalisme. Pour ma part, bien qu’étant athée et ayant du mal avec la religion au cinéma, je continue de trouver cette œuvre passionnante. Chacun tirera de ce film les enseignements qu’il souhaite mais de mon côté, je continue de trouver ce film percutant. L’interprétation est excellente avec un Jim Caviezel possédé tandis que la réalisation de Mel Gibson est juste incroyable. Un long métrage dont il ne faut pas abuser mais dont il serait quand même dommage de passer à côté.