Nerve. 1 heure 37. États-Unis. Thriller. Sortie en France le 24 août 2016. Réalisé par Ariel Schulman et Henry Joost avec Emma Roberts, Dave Franco, Emily Meade, Miles Heizer, Machine Gun Kelly, Juliette Lewis, Kimiko Glenn, Marc John Jefferies, Brian ‘Sene’ Marc, Samira Wiley…
En participant à Nerve, un jeu qui diffuse en direct sur Internet des défis filmés, Vee et Ian décident de s’associer pour relever des challenges de plus en plus risqués et gagner toujours plus d’argent.
Mais bientôt les deux « Joueurs » s’aperçoivent que leurs moindres mouvements sont manipulés par une communauté anonyme de « Voyeurs ». Le jeu vire au cauchemar. Impossible d’arrêter…
« La seule issue, c’est la victoire. »
Dès que j’ai eu connaissance de l’existence de ce film, « Nerve » m’a attiré. Au-delà de la présence de son duo en tête d’affiche qui me plaisait bien, je trouvais que le sujet pouvait être très intéressant et la bande annonce m’a donné envie. C’est ainsi que j’ai fait le déplacement pour le découvrir en salles.
Dans son ensemble, le scénario écrit par Jessica Sharzer, d’après le roman « Addict » de Jeanne Ryan est comme je m’y attendais, intéressant. Cette critique de notre société actuelle avec le pouvoir d’Internet, ses dangers, le respect à la vie privée… poussé à son paroxysme dans un monde très voyeur m’a captivé. Sur le fond, ce récit soulève des débats et même si ils n’apportent pas toujours de réponses (où alors avec une morale un peu trop facile comme le discours final), il a au moins le mérite de montrer une facette des dérives où cela peut nous conduire.
Après, je suis quand même un peu resté sur ma faim. A force de vouloir trop en faire, l’intrigue perd en crédibilité et de nombreux passages sonnent faux à cause d’une trop grande facilité scénaristique. C’est dommage car cela aurait pu rendre le fond plus percutant et prenant au lieu de tomber dans le simple divertissement. Cela reste efficace néanmoins mais pas assez abouti.
Quoiqu’il en soit, devant la caméra, j’ai bien aimé le duo composé par Emma Roberts (Vee Delmonico) et Dave Franco (Ian). Assez complémentaire, c’est plaisant de les voir évoluer ensemble. Il n’y a pas de grandes surprises quant à leurs évolutions respectives mais ils sont suffisamment frais et agréable à voir pour que je me laisse prendre au jeu et que j’éprouve de la sympathie à leurs égards.
Le reste du casting est plus en retrait. C’est dommage car là aussi, je pense qu’il y avait des facettes de l’intrigue à exploiter comme pour Juliette Lewis (La mère de Vee), à qui on tente de donner de la consistance, à qui on installe un trauma avec ce frère de Vee qu’on veut nous dépeindre mais qui s’avère au final jamais réellement exploiter et me fait douter de son utilité dans le récit.
C’est dommage car sans être transcendant, la distribution fait le boulot mais ils apparaissent plus comme des faire valoir qu’autre chose. On tombe même souvent dans la caricature avec par exemple Emily Meade (Sydney) ou encore Miles Heizer (Tommy) sans parler de Machine Gun Kelly (Ty). Pour le traitement des personnages, un peu plus de profondeurs aurait été préférable à mon sens.
La réalisation du duo Ariel Schulman et Henry Joost me frustre un peu aussi. Pourtant, pour de la caméra à l’épaule bien souvent (un procédé dont je ne suis pas fan), cela reste quand même lisible. C’est cohérent avec le sujet et l’aspect voyeur que le film veut critiquer. Cependant, la mise en scène, bien qu’en majorité efficace, tombe trop souvent dans l’excès.
Alors oui, la photographie est jolie et on sent un réel talent pour exploiter la lumière. Ceci dit, les écrans qui prennent vie à l’image ont trop souvent le dessus à mon goût. Après, vu l’histoire, je peux le comprendre mais associer à des couleurs flashy, ça donne un rendu joli mais qui me fait un peu sortir de l’histoire. J’ai souvent eu la sensation qu’on avait un stock de néons fluo à faire passer et le final haut en couleur sans que cela implique une quelconque interaction des autorités, fait que là encore, on perd en crédibilité pour moi.
Un peu plus de noirceurs n’aurait pas fait de mal pour justifier les réels dangers que peuvent provoquer Internet. Là, il y a une légèreté générale à laquelle j’ai moins adhéré et qui m’a fait sortir du récit comme pour le QG des hackers dont l’utilité me fait plus sourire qu’autre chose malheureusement. En revanche, même si du coup elle est en adéquation avec cette mise en scène colorée, j’ai bien aimé la musique de Rob Simonsen.
Pour résumer, « Nerve » est un bon film que je ne regrette pas d’avoir vu et que je pourrais même revoir. Cependant, il provoque chez moi une frustration que je ne peux que regretter. Son fond est très intéressant, il soulève des questions que je trouve importante mais à force de vouloir tomber dans le divertissement excessif et associé à une mise en scène trop riche en lumière, le long métrage perd pas mal en crédibilité. Reste que son sujet n’en demeure pas moins important et que son couple vedette est agréable mais il y avait quand même matière à faire quelque chose de plus fort selon moi.