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[Critique] THE CROW

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] THE CROW

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Titre Original : The Crow

Note:

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Origine : États-Unis
Réalisateur : Alex Proyas
Distribution : Brandon Lee, Ernie Hudson, Rochelle Davis, Michael Wincott, Tony Todd, Bai Ling, Anna Levine, Jon Polito, David Patrick Kelly, Michael Massee, Marco Rodriguez, Laurence Mason, Angel David, Bill Raymond, Sofia Shinas
Genre : Fantastique/Action/Adaptation
Date de sortie : 3 août 1994

Le Pitch :
La veille d’Halloween et de leur nuit de noces, Eric Draven et sa fiancée Shelly Webster meurent sauvagement assassinés par une bande de criminels. C’est la Nuit du Diable. Une nuit pendant laquelle, chaque année, les hommes de main du criminel Top Dollar déclenchent d’immenses incendies dans la ville. Un an plus tard, un corbeau frappe de son bec la tombe de Draven et le fait revenir à la vie. Doté de certains pouvoirs, Draven compte se venger…

La Critique :
31 mars 1993, à huit jours de la fin du tournage, le jeune acteur Brandon Lee s’effondre après un tir accidentel sur le tournage d’un film ; une destinée tragique rappelant celle de son père, Bruce Lee, mort durant la préparation du Jeu de la Mort. Brandon Lee entre dans la légende et le film, The Crow, devient immédiatement célèbre. Tout comme d’autres œuvres, touchés par des tragédies, il entre dans la catégorie des films maudits. Il faut dire que plusieurs événements tragiques ont émaillé le tournage, notamment un camion d’accessoires qui a eu un accident ou encore un technicien sérieusement choqué et brûlé suite à un choc électrique. Parmi les quelques critiques négatives du film, certains ont écrit, de manière irrespectueuse, que « le seul intérêt du film, c’est que le mort qui revit à l’écran pour tuer ceux qui l’ont tués est vraiment mort dans la vie. Tué par une balle à blanc qui ne l’était pas. Coïncidence assez distrayante en soi » (sic). Pourtant, si le film fut un succès, certes parfois pour cette raison, il n’avait pas besoin de cet horrible drame pour gagner le cœur des spectateurs.

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À l’origine de The Crow, un comic book de James O’ Barr qu’il a dessiné pour évacuer sa colère et le fait qu’il n’a pas pu venger la mort brutale de sa fiancée, fauchée par un chauffard ivre. Fans absolu de la BD, le réalisateur Alex Proyas et l’acteur Brandon Lee décident d’adapter le concept original de manière très fidèle. Tout ce qui fait l’essence du matériau d’origine est retranscrit, notamment l’imagerie gothique et celle de groupes de rock qu’affectionnaient James O’ Barr, ce qui vaut au film d’être particulièrement apprécié par toute une génération de spectateurs. Le gothique est au cœur même du film, dans les décors somptueux, les symboliques ou encore la musique. Outre le score très émouvant des compositeurs Graeme Revell et Brian Williams, la bande-originale est en accord parfait avec le film. De très beaux noms y figurent comme The Cure (qui livre un de ses plus beaux joyaux : Burn), Nine Inch Nails (pour la très belle reprise de Dead Souls de Joy Division), Rage Against The Machine, Pantera, Helmet, Rollins Band, Violent Femmes, Stone Temple Pilots et des groupes moins connus mais très talentueux. Les chansons sont régulièrement magnifiées dans de superbes séquences comme le moment où le personnage d’Eric Draven devient The Crow,les survols de la ville par le corbeau ou encore la scène où The Crow joue de la guitare électrique sur le toit d’un immeuble. Venu de l’univers du clip, Alex Proyas transpose dans le film les effets pratiqués dans les vidéos musicales. Si maintenant ils peuvent sembler avoir vieillis, ils faisaient merveille à l’époque. C’est son deuxième long métrage, mais il montre qu’il est loin d’être un manche en multipliant les plans iconiques comme, par exemple, la très belle introduction ou encore la baston finale. Le film se déroule en grande partie la nuit et sous la pluie, mais la très belle photo de Dariusz Wolski sublime chaque instant et l’esthétique est très bien travaillée.

Le destin tragique de Brandon Lee est d’autant plus cruel car The Crow marque le début de son envol, après avoir brillé grâce à ses capacités physiques dans des œuvres comme Dans les Griffes du Dragon Rouge et Rapid Fire. Son personnage est bien badass. Un revenant qui tue sans aucune pitié, balance des punchlines bien senties (dans la lignée des films d’action de l’époque), récite du Poe et se montre hyper à l’aise dans le maniement d’armes. Face à lui, des méchants assez convaincants dans la majeure partie. On peut citer Funboy, le junkie au look grunge (Michael Massee, qui sera sans le vouloir le bourreau de Brandon Lee), T-Bird le pyromane psychopathe (joué par David Patrick Kelly, connu aussi pour ses rôles dans Les Guerriers de la Nuit et Commando), la flippante Myca (jouée par la sculpturale Bai Ling) et surtout le big boss Top Dollar incarné par Michael Wincott (connu pour ses rôle de salopard au cheveux longs dans Robin des Bois, Prince des Voleurs, 1492). Les amateurs de cinéma de genre reconnaîtront dans le camp des méchants Tony Todd (connu avec le très marquant Candyman). Dans le cas des gentils, la jeune Rochelle Davis est très touchante et Ernie Hudson (alias Winston Zeddmore dans S.O.S Fantômes) fait très bien le job en apportant un peu de légèreté.
On pourrait regretter quelques défauts comme le jeu de certains acteurs (les méchants Tin Tin et Skank qui sont moins bien exploités et joués), le doublage parfois moyen (du coup, certains dialogues sont assez cheap) notamment dans certaines bastons où les doubleurs ne se cassent pas la tête et du coup, on entend parler anglais (défaut souvent retrouvés dans les films d’action de l’époque). Mais ces défauts paraissent minimes face aux immenses qualités du film. D’une très grande générosité et extrêmement sincère, le long-métrage est respectueux à la fois de la BD d’origine et de son dessinateur, de l’acteur Brandon Lee (dont l’ombre plane dans chaque instant, ce qui accentue l’émotion quand on connaît sa destinée) mais aussi des spectateurs. On ne peut pas dire la même chose des trois suites, opportunistes et cyniques, pondues par des mecs qui ont fleuré le bon filon. Trois suites inutiles pour ne pas dire pire. Inutile également de mentionner le remake prévu avec Jason Momoa à l’affiche et qui, quand on connaît le drame autour du film originel, dépasse le sacrilège et s’apparente presque (du moins quand on est fan) à une profanation.

Bien rentre-dedans dans la partie action, respectant les codes à la fois du cinéma de genre comme fantastique, monument d’émotion porté par une ambition sincère, transcendé par un drame terrible, The Crow est un film culte pour plusieurs raisons. Il en ressort un sentiment mêlé de la jubilation apportée par ce genre de films et d’émotion pure cultivée à la fois par la musique et l’interprétation magistrale de certains acteurs. Brandon Lee est parti au sommet de son art, Alex Proyas n’a rien réalisé d’aussi bon, pas mal de répliques méritent de figurer au panthéon du 7ème art. The Crow est une œuvre unique inscrite à jamais dans la culture des années 1990. Plus de vingt ans après sa sortie, l’émotion est encore intacte. The Crow est au mouvement gothique ce que, dans un autre registre, la comédie Singles fut au grunge : un chef-d’œuvre définitif et respectueux de toute une culture et de ses codes.

@ Nicolas Cambon

The-Crow
  Crédits photos : Miramax Films


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