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Moselle, t'es belle !

Par Eric Bernardin

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Après la soirée autour des 1986, une journée de repos eût été la bienvenue. Mais voilà, mon planning était des plus serrés. Soit j'allais en Moselle le samedi. Soit j'étais bon à patienter une année de plus. Et ça, c'était juste pas possible. Cela faisait tellement longtemps que j'en rêvais que je ne pouvais refuser l'offre de Didier (oui, toujours le même depuis le début de la semaine!) : aller au domaine Clemens Busch – que par le plus grand des hasards j'importe en France – et visiter (un peu) la région. Histoire de profiter de notre passage dans la région, je propose à Didier de passer aussi chez Karl Erbes dont j'apprécie les vins depuis longtemps  : ce serait une grande opportunité, autant pour les prix pratiqués – modestes au regard de la qualité – que pour avoir l'occasion de déguster toute la gamme.

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Depuis la maison de Didier où nous avons dormi, il faut moins de deux heures pour se rendre en Moselle, avec une majeure partie du trajet en autoroute. Nous arrivons un peu en avance. Didier nous propose une petite balade au-dessus de Bernkastel. Sans le faire exprès, nous nous garons juste à côté des vignes du meilleur producteur du cru : Dr Thanisch.

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De là, on voit surtout Kues situé sur l'autre rive

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 Bernkastel est un peu plus visible, mais  c'est dommage que nous n'ayons pas eu le temps de visiter la  petite ville, ça a l'air magnifique (une des nombreuses raisons pour lesquelles je devrai revenir). Nous commençons à reprendre la route, et là, misère, nous sommes bloqués durant une trentaine de minutes car une horde de bikers monopolise la route.  Je n'en ai jamais vu autant de toute ma vie ! Nous sommes en effet tombés pile le week-end où les fans de Harley-Davidson se réunissent à Ürzig, le village où nous devons nous rendre pour voir Karl Erbes.  

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Finalement, nous arrivons à bon port. Heureusement que Didier parle couramment allemand, car ce fut nécessaire pour prévenir le domaine de notre retard (mon interlocutrice ne parlait pas anglais - ou je le parlais très mal...)

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Nous y voilà !

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C'est Stefan Erbes qui nous accueille. Il s'occupe depuis 32 ans du domaine que son père a créé en 1967 (l'année où je suis né, dis donc !). Le vignoble ne fait que 5 hectares, mais vu les pentes vertigineuses, cela suffit largement pour s'occuper. Les parcelles sont localisées à proximité sur les crus Ürziger Würzgarten (schistes rouges) et Erdener Treppchen (schistes bleus et gris). Le domaine a acquis en 2012 une parcelle du renommé Erdener Prälat. Depuis quelques années, ils ont vinifié séparément un secteur - le plus élevé en altitude -  du Würzgarten qui s'appelle In der Kranklei. Il est reconnu comme un cru à part entière depuis 2014.

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Stefan nous a demandé ce que nous voulions déguster. Nous avons répondu que nous étions intéressés avant tout par les Spätlese et les Auslese. Mais en fait, il nous fait quasiment fait goûter toute la gamme en remontant même jusqu'en 2005, et finissant des Trockenbeerenaulese assez impressionnants. Beaucoup de très bons vins sont en dessous des 15 € (et déjà à 9 €, on  se régale). Entre 15 et 25 €, il y a des p... de merveilles, déjà excellentes maintenant, sans aucun doute grandes dans 10-15 ans.

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Schistes provenant des différentes parcelles

Qu'est-ce qui est à recommander chez ce producteur ? Je dirais à peu près tout, du moment que vous aimez les sucres dans le Riesling. Ses Spätlese et ses Auslese, surtout s'ils ont ** ou *** sont absolument superbes (et encore plus les Golskapsel). Et par chance, si vous n'êtes pas patient, le producteur vend des millésimes de 10-15 ans à des prix très abordables (compter entre 14 et 18 € pour des Auslese **). Le plus difficile, c'est en fait de choisir parmi toutes ces perles. J'en ai choisi une douzaine pour environ 180 €.

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Il ne faut qu'un quart d'heure pour aller à Punderich chez Clemens Busch. Je suis en terrain un peu plus connu, car je travaille avec ce domaine depuis deux ans.  J'ai déjà rencontré Clemens Busch et son fils sur des salons. Mais aujourd'hui,  c'est son épouse Rita qui nous accueille. Le domaine est l'un des seuls à s'être converti au bio dans la région (dès 1984, alors que ce n'était pas trop tendance). C'est vrai que ça demande du courage - et beaucoup de temps - pour tout désherber manuellement. Cela explique en partie les prix plus élevés des vins (il y a quelques vins en dessous des 15 €, mais la plupart sont entre 25 et 40 €). Mais ceux-ci restent bien inférieurs aux "stars du Riesling" qu'elles soient allemandes ou françaises (Zind-Humbrecht, Egon Müller, Georg Breuer) alors qu'ils n'ont rien à leur envier.

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Car même si c'est assez indescriptible, nous sommes dans une autre  dimension par rapport à Erbes. Les vins sont peut-être un peu moins spectaculaires, mais ils vous font tressaillir au plus profond de votre être. A plusieurs reprises, j'étais au bord des larmes tellement j'étais ému par le message qu'ils délivraient. En particulier, je me souviens entre autres de Felsterrasse qui confinait au sublime. Lorsque l'on voit sur le site du producteur à quoi ressemblent les vignes qui lui ont donné naissance ... on n'est pas surpris ;-)

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Mais j'adore aussi Rothenpfad et Falkenlay. Dans un registre nettement plus simple, j'ai découvert deux cuvées sans soufre (hors tarif). Les nez sont moins purs que les vins sulfités, mais les bouches ont une rondeur et une gourmandise que les autres n'ont pas. Par contre, ils manquent de profondeur et de complexité. On ne peut pas tout avoir. Il faut dire que pour éviter toute reprise de fermentation, ces essais ont été faits sur des vins secs et peu alcoolisés. Or, c'est lorsque les raisins atteignent une certaine richesse que la transcendance pointe son nez.

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Rita Busch que je remercie pour cette dégustation inoubliable

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Un joli crachoir

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La maison a été construite en 1663

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Le vin est à l'honneur

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Cette photo du Marienburg a été prise à 20 m de la maison

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A gauche des rochers, Falkenlay.

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Un cygne peu farouche est venu nous rendre visite

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Dernière vue de la Moselle avant notre retour en Belgique



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