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José Ángel Valente – Corps, que sais-tu de moi… (1984)

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

José Ángel ValenteCorps, que sais-tu de moi
pour ainsi me fixer
dans la mélancolie du soir,
tu me scrutes, tu penses, bouges
la tête où perdure l’insolite
l’air
de ce qui fut notre jeunesse.

Et maintenant
que la traversée s’annonce longue et qu’il n’est
rien, semblerait-il, à quoi nous ne fussions morts,
corps nu, dis-moi,
que sais-tu de moi pour ainsi me fixer
au bord obscur et effacé de cette mer.

*

Qué sabes, cuerpo, tú de mí
que así me miras
en esta tarde melancólica,
me escrutas, piensas, mueves
la cabeza donde insólito dura
el aire
de aquella nuestra juventud.

Y ahora
que la navegación se anuncia larga y nada
parecería haber que no hubiéramos muerto,
desnudo cuerpo, dime,
qué sabes tú de mí que así me miras
en la borrada orilla oscura de este mar.

*

What do you know, body, of me
that you look at me so
on this melancholy afternoon,
scrutinize me, think, move
your head where strangely remains
the air
of that our youth.

And now
that the navigation promises to be a long one and nothing
would seem as if we had not died,
naked body, tell me,
what do you know of me that you look at me so
on the erased dark shore of this sea.

***

José Ángel Valente (Ourense, Espagne 1929-2000)L’éclat (El Fulgor, 1984) – Traduit de l’espagnol par Jacques Ancet – Translated by Allison Schaaff



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