Emmanuel Venet maîtrise l’art des titres insolites. Son précédent roman s’intitulait Rien et celui qui vient de sortir en librairie, Marcher droit, tourner en rond (Verdier, 128 pages, 13 €). Il est aussi un écrivain subtile, apte à manier avec une égale habilité tendresse, humour corrosif et style. Le héros de son nouveau roman peut à bon droit être qualifié d’atypique. Ce quadragénaire souffre en effet du syndrome d’Asperger, un trouble autistique dont l’auteur, psychiatre de profession, connaît parfaitement le tableau clinique, ce qui donne substance et crédibilité au personnage. Au fil des pages, se dessine donc le profil d’un homme touchant, timide, peu doué pour les relations interpersonnelles, incapable d’intégrer la sphère professionnelle, mais passionné par deux sujets qui occupent tout son temps et dans lesquels il se révèle être un véritable expert. Le premier, le scrabble (ainsi que le jeu connexe du petit bac) entretient son goût naturel pour les listes de mots – la signification n’étant qu’accessoire dans la mesure où on peut faire « autant de points avec « asphyxie » qu’avec « oxygène ». » Le second, les recherches sur les catastrophes aériennes, semble, par son caractère morbide, le marginaliser encore davantage aux yeux de son entourage. Une dernière passion, pour le moins singulière, l’anime encore, elle a pour nom Sophie Sylvestre, actrice de seconde zone dont il fut le condisciple au lycée Diderot, qu’il bombarde de courriels incessants.