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Un boulevard appliqué

Publié le 04 septembre 2016 par Morduedetheatre @_MDT_

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Critique de Mariage et Châtiment, de David Pharao, vue le 1er septembre 2016 au Théâtre Hébertot
Avec Daniel Russo, Laurent Gamelon, Delphine Rich, Fannie Outeiro, et Zoé Nonn, dans une mise en scène de Jean-Luc Moreau

Enfin, le début de la nouvelle saison théâtrale est là, et c’est avec Mariage et Châtiment que j’entame cette période. La nouvelle pièce de David Pharao ouvre la saison du théâtre Hébertot avec en tête d’affiche Laurent Gamelon et Daniel Russo – qui joue par ailleurs une pièce à la Madeleine 2 heures plus tôt. Malheureusement, voici un boulevard un peu décevant par son côté poussif et qui gagnerait beaucoup à être resserré…

L’intrigue est trop tarabiscotée à mon goût : Edouard doit assister au mariage de Fred, son meilleur ami, avec une présentatrice météo un peu benête – c’est le mot qu’emploie Marianne, la femme d’Edouard, pour la qualifier, et son explication pour son absence au mariage : ainsi, elle montre sa désapprobation devant une telle union. Edouard doit donc se rendre seul au mariage de Fred pendant que Marianne va retrouver une amie. Mais alors qu’il se prépare dans son appartement, une stagiaire de sa boîte, Gabriella, débarque pour lui faire signer un projet qu’elle considère primordial, et auquel il n’avait accordé jusque là que peu d’attention. Devant le refus d’Edouard à s’en occuper immédiatement, elle finit par lâcher qu’elle porte son enfant avec comme témoin une échographie qu’elle vient de faire. Devant une telle annonce, Edouard capitule et retarde sa présence au mariage. Une fois le travail terminé, il se rend compte que l’heure du mariage est passée et ne trouve d’autre excuse à annoncer à Edouard que la mort de quelqu’un…

L’histoire bien trop longue à s’installer, et rien qu’à la résumer on devrait se rendre compte qu’il y a un problème. Ce problème d’écriture revient à plusieurs reprises dans la pièce, qui rame un peu pour en arriver à ses fins. Et c’est dommage, car certaines répliques bien placées m’ont fait rire d’un rire franc et qui se faisait attendre parfois. Malheureusement, on dirait que l’histoire a été construite sur ces petits moments qui marchent très bien pour la salle entière, et non pas comme un tout – la salle n’était d’ailleurs pas si enthousiaste pour un soir de première. On touche parfois à quelque chose d’intéressant : la pièce tombe dans une absurdité qui n’est pas pour me déplaire. Mais j’ai eu l’impression que l’auteur n’y allait pas totalement, n’osait pas mettre les deux pieds dans l’absurde et avait trop d’idées : il aurait fallu en sélectionner quelques unes plutôt qu’enchaîner ces farces qui auraient pu marcher en solitaire mais agacent, ainsi mises à la longue.

Pourtant, je n’ai rien à reprocher aux acteurs, qui sont tous très bons : à commencer par Daniel Russo qui ne quitte pas la scène durant la pièce et parvient malgré tout à maintenir – ou à récupérer lorsque le cas se présente – notre attention grâce à son énergie débordante et son excellent sens du rythme. Il faut dire qu’il a de très bons partenaires avec qui il semble avoir plaisir à jouer : Laurent Gamelon sort son numéro de gros méchant qui hurle et qui fait peur pour le plus grand plaisir du public, Delphine Rich est d’une grande justesse dans ce rôle de femme classe et élégante qui sort des répliques piquantes face à une Fannie Outeiro jouant à merveille la cruche et contrastant parfaitement avec la première. Enfin Zoé Nonn s’en sort très bien pour ce rôle peu gratifiant qu’est Gabriella, qui n’apporte rien à l’histoire et qui est, à mon avis, l’origine de l’invraisemblance de cette pièce.

Pas essentiel en ce début de saison. 

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