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{Ciné} Divines d’Houda Benyamina

Par Alittlepieceof @Alittle_piece

Dounia vit dans une cité en bordure de l'A3 et passe ses journées avec son amie Maimouna. Pour s'en sortir, elles volent des sodas au supermarché etles revendent à la récréation. Elles végètent en BEP "accueil". Elles rêvent de gagner beaucoup d'argent et pensent avoir trouvé le moyen en travaillant pour Rebecca, une dealeuse respectée qui s'offre des "boy toys" et se fait conduire en décapotable. Alors qu'elle gravit les échelons dans la criminalité, Dounia rencontre Djigui, un jeune danseur...

Oui on peut penser qu'un énième film sur la banlieue n'apportera pas grand chose de neuf au cinéma français mais ce serait rangé " Divines " trop rapidement dans une catégorie dont le film s'affranchit dès les premières minutes. Certes la violence, les combines, la galère, la ghettoïsation, tous les éléments sont là pour nous rappeler qu'il n'est pas question d'autre chose que de la vie (difficile) dans les cités si ce n'est... si ce n'est que le scenario est porté par des personnages féminins d'un charisme fou.
Elles ne sont pourtant pas bien vieilles Deborah Lukumuena et Jisca Kalvanda mais elles crèvent l'écran. Déborah (qui interprète divinement Dounia) par son regard, sa beauté, sa rage. Jisca (alias Maimouna) par son sourire, son humour et ses mimiques.
La vie de banlieue on a beau en entendre parler, il faut avoir mis le doigt dedans pour la comprendre, y avoir vécu pour juger. Houda Benyamina réalise un long métrage qui ne cache rien de cette vie, de ses galères, de ce sentiments d'être laissé pour compte (le quartier est en ruine et les travaux en pause longue durée comme exemple), de ce sentiment que suivre le système classique ne mène à rien à part à toujours plus de précarisation.
Dounia elle a déjà compris tout ça. Sa vie est loin d'être un compte de fées. Pas de papa, une maman alcoolique et incapable de garder un boulot, un squat dans un camp de rom faute de mieux... Dounia tente pourtant de suivre des études mais pourquoi faire ? Gagner le smic ? Non merci ! Dans une scène magistrale elle envoie bouler tout ça parce que ce qu'elle veut Dounia c'est plus que s'en sortir, elle ce qu'elle veut c'est " Money, money, money ". Du fric, et pas qu'un peu ! Le grand jeu sinon rien !
Elle sait comment ça marche et à qui s'adresser. A Rebecca la dealeuse qui règne d'une main de maître sur le quartier, celle qui a une belle voiture flambant neuve, qui se paie des voyages à l'autre bout du monde, des mecs en veux-tu en voilà en les tenant par les c******* et qui représente pour la jeune fille le meilleure moyen d'accéder à ses rêves.
Dounia réussi par force de persuasion à se faire " embaucher " et de petits vols passe aux petits trafic et de petits trafic devient la meilleure recrue du quartier, ce qui évidemment ne plait pas trop aux mecs à qui elle pique la place. Le quartier est dirigé par des meufs et elles en ont dans le pantalon ! Car Dounia n'a peur de rien, ni de personne... enfin c'est ce qu'elle veut faire croire parce qu'au fond d'elle même elle flippe grave. Et ce n'est qu'en se confiant à son amie, son âme soeur, sa plus grande alliée, Maimouna, que Dounia laisse apparaître ses craintes. A elles deux elles font les quatre cent coups, se filment sur snapchat en jouant les dures ou en s'imaginant au volant d'une Ferrari (autre scène culte)... Elles rient et nous font rire, leur amitié transperce l'écran et l'on en oublie parfois que l'on est devant une fiction. Maimouna est l'opposé de Dounia, elle est aussi ronde que Dounia est mince, elle est aussi respectueuse que l'autre est rebelle, elle est en quelque sorte la voix de la raison qui tente toujours de ramener son amie, son inséparable vers le droit chemin. Voler du Nutella chez Carrouf oui, cracher sur des types pour se marrer ok mais risquer sa vie, non ! Maimouna va à la mosquée, croit en dieu, respecte ses parents, elle n'a pas l'audace de sa copine et joue les anges gardiens pour elle. Une amitié plus forte que tout, comme l'on en vit que lorsque l'on a 16 ans.
Mais l'ambition de Dounia est la plus forte, elle prendra des coups, ira au bout de ce que Rebecca lui demandera, malgré son amie, malgré sa rencontre avec Djigui, malgré une issue plus heureuse qui peut-être s'offre à elle.
La fin est évidemment tragique, la fin est évidemment violente, la fin est évidemment intense et bouleversante et ces 2 heures passées avec cette incroyable Dounia semble être passées comme un claquement de doigts. Des scènes mémorables, une grande justesse dans le jeu des actrices, des phrases cultes, une bonne dose d'humour et une dimension sociétale font de ce film un grand film !
Un film qui " a du clitoris ", j'aime bien (petit clin d'oeil à l'une des phrases phares du film)

{Ciné} Divines d’Houda Benyamina


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