
J'ai eu l'opportunité de le voir en avant-première cet été. J'avais aimé le livre de Gilles Paris, Autobiographie d'une courgette, publié aux éditions Plon en 2002. J'ai adoré le film. Différent mais respectueux de l'univers installé par l'auteur et parfaitement construit et qui m'a fait pensé aux films d'animation de Jean-Rémi Gired.
Le genre est assez inhabituel : c'est un film d'animation en volume ayant nécessité un travail colossal : soixante décors, 54 marionnettes dans trois déclinaisons de costumes, huit mois de tournage, huit autres mois de sonorisation et d'assemblage sur un total de deux ans de fabrication mais qu'importe : le résultat est là.
Icare, alias Courgette vit seul avec sa mère depuis que son père est parti avec une "poule", c’est ce qu'elle lui a raconté. Et il ne fait pas bon la contredire même si cela semble bizarre. Le garçonnet (il a 9 ans dans le livre) prend des raclées pour un oui pour un non. Un soir Courgette tue accidentellement sa maman alcoolique et va se retrouver au foyer des Fontaines, où il rencontre une petite troupe d’enfants : Simon, Ahmed, Jujube, Alice et Béatrice.

Ce qui fait le succès du film (il a déjà reçu plusieurs récompenses) est d'avoir réussi à restituer la légèreté et la tendresse qui imprégnaient le livre alors que le sujet est grave. On entre très vite dans l'histoire qui me semble pouvoir être regardée en famille. Les adultes remarqueront des détails très fins comme le croquis d'une gallinacé sur le mur de la chambre de Courgette.

Avoir choisi des acteurs non professionnels pour les voix des enfants confèrent une authenticité supplémentaire. Il faut une bonne oreille pour reconnaitre Michel Vuillermoz (sociétaire de la Comédie-Française) dans le personnage de Raymond, ce flic au grand coeur qui prendra Courgette en affection.

Les cinéphiles considéreront Ma vie de Courgette dans la lignée des grandes épopées telles que Heidi, Belle et Sébastien ou Les 400 coups mais c'est d'abord un hommage aux enfants maltraités pour témoigner de la force de résilience possible quand on est entouré d'amis et d'adultes bienveillants. Les contes sont cruels, Ma Vie de Courgette ne l’est pas, ayant la tendresse et la force des récits initiatiques dans un monde qui existe, le nôtre, celui des enfants à qui s’adresse le film.