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Borderline, Marie-Sissi Labrèche

Par Maliae

15340-gfRésumé : Je suis borderline. J’ai un problème de limites. Je ne fais pas de différence entre l’extérieur et l’intérieur. C’est à cause de ma peau qui est à l’envers. C’est à cause de mes nerfs qui sont à fleur de peau. Tout le monde peut voir à l’intérieur de moi, j’ai l’impression. Je suis transparente. D’ailleurs, tellement transparente qu’il faut que je crie pour qu’on me voie.
Sissi est borderline, sans doute, c’est-à-dire à la limite de la raison et de la folie, mais on devine que, bardée d’humour et gardant une grande aptitude à la tendresse, elle saura tomber du bon côté des choses, non sans faire un joli pied de nez aux méchantes fées qui se sont penchées sur son berceau.

Avis : Cela faisait pas mal de temps que je voulais lire ce livre, me précipitant pour l’acheter et finalement le laissant dans ma pile à lire durant des années, je l’ai enfin sorti et c’est sans regret. Il s’agit d’une auto-fiction, alors la ligne est mince entre le réel et l’imaginaire. D’autant plus que le personnage principal s’appelle Sissi.

C’est surtout l’écriture de ce livre qui est hyper entraînante, une écriture qui prend vraiment aux tripes, de par sa poésie, son côté cynique et également introspectif des sensations de Sissi. Puisque c’est elle qui nous raconte ce qu’elle vit. Partagé entre son présent et son passé, on découvre ce qui a pu l’emmener à devenir Borderline. Coincée durant son enfance avec une grand-mère hyper possessive, castratrice, et qui fait pas mal de chantage, et une mère en total dépression, on sent Sissi être paumée, se créer un genre de carapace, essayer d’être vu également.
Plus tard Sissi « ouvre ses jambes » comme elle dit, pour se sentir aimé même rien qu’un peu, elle boit beaucoup également. Elle est perdue entre réalité et folie, se sent invisible et parfois se retrouve dans des situations « choquantes » afin qu’on la voit.
On la sent dans une sorte de processus d’auto-destruction, un peu, Sissi. Et on voudrait qu’elle s’en sorte, mais on est impuissant, on peut juste suivre son histoire, ses mots, jusqu’au bout.

J’ai adoré ma lecture, même si elle est dur, l’auteure explore cette histoire avec un regard acéré et un peu ironique par moment. Il m’est arrivé de rire, même si des fois je me sentais plutôt mal. C’est aussi très gênant parfois d’être lecteur de ce genre d’histoire, on se retrouve un peu voyeur de situation pas super agréable.

J’ai très envie de voir le film désormais.

Un plus : c’est un livre québecois et j’ai adoré les expressions qu’on pouvait retrouver, typique du Québec.

Passages post-itées : 
« Mais par-dessus tout, ce dont j’ai le plus peur, c’est de ne pas être aimée. Alors, j’ouvre mes jambes afin de voir le ciel ou mon petit bout de paradis. J’ouvre les jambes pour oublier qui je suis, j’ouvre les jambes de manière à briller comme une petite étoile. Je m’aime si peu, alors que m’importe d’ouvrir les jambes pour tous ceux qui semblent m’aimer un peu. »

« Je pleure comme une débile, je pleure à m’en expulser les yeux de la tête. Mes larmes sont comme des balles de mitraillette, on dirait que je veux transpercer l’humanité de ma douleur. »

« Je ne sais pas comment j’ai fait, mais j’ai fermé les yeux et je l’ai embrassé. Tout le long, j’ai pensé au couteau qu’il y a dans mon sac. Est-ce que je le poignarde ? Est-ce que je me poignarde ? Ou est-ce que je poignarde tout ce qu’il y a dans la chambre ? »

« Ce n’est pas pour rien qu’il est gros. Il mange plus que ses émotions, il mange toutes les émotions de la terre depuis le début des temps. »

« On dirait que je veux mordre la vie à belles dents. A vrai dire, j’ai plutôt envie de la dégueuler, la vie. J’ai huit ans, et j’en ai déjà une indigestion, de la vie. M’enfin. »

Bande annonce du film : 


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