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We miss you so, Farrokh

Publié le 12 septembre 2016 par Storiagiovanna @StoriaGiovanna

Ce lundi 5 septembre 2016, Farrokh Bolsara, alias Freddie Mercury, aurait eu 70 ans. Pour moi, il représente l’un des plus grands génies créatifs de ce XXe siècle. Je placerais même Queen dans la mon panthéon de la pop culture au-dessus de tout, au-dessus de Michael Jackson, d’Eric Clapton, de n’importe quel obsession du moment ou de toute une vie. Si je devais resituer ce que je ressens pour Queen dans le monde réel de la vérité véritable, c’est ce que je ressentirais pour ma mère : de l’amour inconditionnel mâtinée de respect ultime.

Dire que je suis fan de Queen est un euphémisme. Comme à mon accoutumée, je peux être péremptoire quand on dit du mal de ce que j’idolâtre.

queen

Certes, ça peut paraître assez violent comme ça, mais je vous assure qu’il ne faut pas critiquer Queen lorsque je suis dans les parages. Pour moi, ce groupe et notamment son leader est plus qu’un groupe : c’est une véritable ode à la fantaisie, sous toutes ses formes. Et bien que Brian May la joue guitar hero dans la plus grande tradition des années 1970, bien que le très pudique John Deacon ait mis toute l’âme du funk dans sa basse, bien que Roger Taylor ait puisé dans toutes les techniques rythmiques pour soutenir tout le bordel, la sommes d’eux trois n’a jamais fait pâlir ce monstre de charisme et d’exubérance qu’était Freddie Mercury.

Car à l’instar de David Bowie, Freddie Mercury était. Une voix sublime, en tout premier lieu, qui pouvait tout chanter, du heavy metal au chant lyrique. C’est pour exploiter ce répertoire vocal aussi riche qu’il a fallu que Queen se réinvente dans tous les styles. Ca passe comme ça casse, mais au moins, tout le monde aime au moins une chanson de Queen. Le Mari est très friand du répertoire 1970 et d’Innuendo, par exemple. Moi je trouve qu’il n’y a rien à jeter, même les trucs les plus kitsch.

Mais surtout, Freddie Mercury était une idole et a vécu comme tel. Constamment paré de mille feux, il était lumière au milieu de la nuit et espoir au milieu des questionnements sociétaux les plus lourds. Les idoles, on les brûle comme on les vénère, et il a pris le risque de ne plus exister en tant que Farrokh Bulsara pour offrir sa majesté au monde. Je suis peut-être excessive, mais que pouvait-il faire d’autre avec autant de charisme ?

Je sais que cela m’est difficile, mais rendons hommage à Freddy Mercury à travers ses albums avec Queen. Je précise « ses albums avec Queen » parce que j’ai du mal avec ses productions solo que je trouve certes sympa, mais pas à la hauteur de ce qu’il a pu parfois faire au sein du groupe. Prenons par exemple une chanson telle que Love Kills, produite en premier lieu par Giorgio Moroder en 1984 :

Ce que l’on voit : une chanson très datée dans la production – on est bien dans les années 1980, on retrouve bien le maître du beat aux manettes – et qui a servi pour la colorisation du Metropolis de Fritz Lang (1927). Résultat : un Razzie pour la pire BO (c’est largement mérité). C’est d’autant plus injuste que reproduite par Brian May et Roger Taylor 30 ans plus tard, la chanson est beaucoup plus écoutable on va dire.

Le Mari propose de faire le même comparatif avec Living On My Own avec l’originale de 1984 (qui est pourrie) et celle que nous avons tous connue et qui date de 1993 (qui est dantesque et qui a rythmé toutes les boums de l’époque). Là, on ne peut pas accuser Moroder, c’est carrément les années 1980 qu’il faut vouer aux gémonies.

Allez, c’est parti !

1 – In the Laps of the Gods (Sheer Heart Attack, 1974)

L’une des chansons préférées du Mari, grand fan du Queen des tous débuts – ses albums préférés sont Queen II (1974), Sheer Heart Attack… et Innuendo (1991). On retrouve déjà sa propension au lyrisme dans une période très orientée rock et métal.

2 – Bohemian Rhapsody (A Night At The Opera, 1975)

Si je devais expliquer la quintessence de Queen en une seule chanson, ce serait avec celle-ci. En six minutes, Freddie Mercury fait mieux qu’un entretien d’embauche au top : il résume toute la carrière du groupe. Du rock qui lorgne vers le métal, de la pop très vaporeuse, de l’opéra. Bref, 6 minutes de pure perfection que ni Panic At The Disco, ni the Braids – qui en ont fait une pathétique version R’n’B dans les années 1990 (https://www.youtube.com/watch?v=d9DJkopkDOg) – et encore moins Kanye West à Glastonbury n’arrive ne serait-ce qu’à effleurer.

3 – Somebody To Love (A Day at the Races, 1976)

J’avoue tout de go : c’est ma chanson préférée du groupe, même si je me suis expliquée avec le Mari sur le sujet car il a beaucoup de mal avec cette chanson. Ma passion pour la chanson vient du fait que j’ai connu le répertoire de Queen avec la diffusion du concert organisé à Wembley en 1992, quelques mois après le décès de Freddie Mercury. C’est alors George Michael qui l’interprète et – truc de fou – il l’interprète avec encore plus de conviction que la version originale. Une rumeur le disait nouveau leader de Queen et je pense que ça a été une immense occasion ratée au regard de son interprétation de Somebody To Love.

4 – We Are The Champions (News Of The World, 1977)

La chanson-valise qui me fait chialer, que ce soit de bonheur ou de désespoir, à chaque échéance sportive d’importance ou à chaque accomplissement de ma vie. Mais News Of The World, outre le fait qu’il soit considéré comme le dernier album de l’ère « classique » de Queen, contient un autre titre calibré pour les stades bondés qu’est We Will Rock You.

5 – Don’t Stop Me Now (Jazz, 1978)

Attention, c’est la dernière fois qu’on voit Freddie Mercury sans son emblématique moustache avant Innuendo (1991). Mais surtout, Jazz est un album bourré ras-la-gueule de titres emblématiques du groupe tels que Fat Bottomed Girls, Mustapha, Bicycle Race ou encore Don’t Stop Me Now qui a été reprise récemment par Micky Green qui aurait mieux fait de fermer sa bouche au lieu de nous pondre une version aussi molle pour un site de fringues. Oui, on ne reprend pas Queen impunément.

6 – Another One Bites The Dust (The Game, 1980)

Attention, on entre dans les années 1980, donc changement radical de style. Cela se traduit donc par le fameux look moustache et marcel chez Mercury, mais aussi par un éloignement de la tonalité métal des débuts pour adopter des sonorités plus dansantes, que ce soit la pop ou le funk ici exploité. C’est au très discret John Deacon, bassiste du groupe, qu’on doit le riff emblématique et la composition du morceau. Preuve que personne n’était à jeter dans le groupe.

7 – Flash’s Theme (Flash Gordon, 1980)

Le groupe a profité de son identité très épique pour composer des musiques de films. Si le public a préféré Highlander (Russell Mulcahy, 1986) tant pour la B.O. que pour le film, Flash Gordon (Mike Hodges, 1980) n’a carrément été porté que par l’efficacité de ce Flash ! Aaaaaaaaaaaaah ! Saviour of the universe ! Si le film est un navet sans précédent, voir un nanar malgré tout navrant, le thème, quant à lui est resté dans les consciences.

8 – Under Pressure (Hot Space, 1982)

Le Mari conspue ce choix de chanson : Ouais, ce n’est pas représentatif de l’album, ça a rajouté son dernier moment ! Certes, mais en l’occurrence, à l’instar d’Another One Bites The Dust, cette chanson est mythique grâce à sa ligne de basse. David Bowie en attribue la paternité à John Deacon, qui renvoie l’ascenseur. Quoi qu’il en soit, ce duo de monstres sacrés a tellement marqué son époque qu’il a été samplé (Ice Ice Baby !)

9 – Radio Gaga (The Works, 1984)

Même si le single I Want To Break Free a dominé l’album, cette chanson composée par le batteur Roger Taylor inspiré par son fils de 3 ans tient la dragée haute. Le fait d’un clip inspiré par Metropolis qui a nécessité des centaines de figurants et qui montre un groupe au sommet de sa gloire.

10 – Who Wants To Live Forever (A Kind Of Magic, 1986)

Queen, échaudé par l’expérience de Flash Gordon – du caviar aux cochons – a décidé de ne pas faire qu’une bande originale unique pour Highlander. C’est pour cette raison que le groupe a décidé de prendre les morceaux les plus tubesques du film et de les mêler à d’autres morceaux. Résultat : Highlander est un succès relatif qui n’est pas dû qu’à l’art de Queen est c’est tant mieux. Who Wants To Live Forever me touche d’autant plus que Freddie Mercury, sachant peut-être déjà à l’époque qu’il est atteint du mal qui le tuera et sachant la dimension qu’il a prise auprès du public, semble poser un questionnement sur son statut d’icône.

11 – The Miracle (The Miracle, 1989)

Outre le clip très mignon – joué par 4 enfants dont l’acteur britannique Ross McCall dans le rôle de Mercury –, cette chanson résonne en moi comme l’une des chansons que je dédie quand quelqu’un est au fond du trou. Parce que je pense que vivre est en soi un miracle, et c’est sûrement ce que se disait Freddie Mercury de plus en plus malade. A l’époque déjà, il portait la barbe pour éviter de faire voir à quel point il avait maigri. C’est pour cette raison qu’il ne faisait plus de concerts ou d’apparitions en public.

12 – The Show Must Go On (Innuendo, 1991)

Comme toute légende a son chant du cygne, il fallait un titre au niveau de The Show Must Go On pour dire adieu de la manière la plus flamboyante qui soit. Et, à l’instar d’Il voyage en solitaire du Bleu Pétrole d’Alain Bashung et le All Apologies de l’In Utero de Nirvana, le dernier morceau du dernier album du vivant de Freddie Mercury ne laisse aucun doute sur le message qu’il veut laisser à ses fans. Même dans la mort, il veut laisser l’image d’un excentrique et d’un flamboyant que la blancheur cadavérique n’affadit pas.

Si depuis 25 ans, les albums de Queen sont régulièrement augmentés, réédités, repris en dépit du bon sens, Freddie Mercury ne souffre d’aucun ternissement de son étoile. Peut-être qu’à l’instar de beaucoup de légendes, peu importe qui il était, ce qu’il a fait de sa vie et de son cul, il restera à jamais une icône qui a su dépasser sa condition humaine. Il nous manque tellement, comme il manque ce genre d’icône à ma génération.



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