Si je pouvais disposer d’un jour
– ou du moins de quelques heures –
pour courir derrière les morts
j’aurais la force et l’illusion
d’écrire enfin un vrai poème :
du pain dans la bouche de l’affamé
une béquille pour le boiteux désemparé
et le tambourinement incessant des pas
sur les ruelles désertes et graves,
où pas un ivrogne ne profère des imprécations en vain
ne lance ses insultes comme des crachats vers le ciel
vers son visage léché d’étoiles
semblable aux bâtiments désolés
et aux villes abandonnées
aux chemins insondables qui piègent les rêves,
les larmes, les espoirs et l’ombre des corps,
et les entraînent vers un éblouissant trou noir.
***
Miguel Espejo (né en Argentine en 1948) – Traduit de l’espagnol (Argentine) par Philippe Chéron