Frank Ocean « Blond(e) » @@@½

- Soul/R&B/Funk

Frank Ocean « Blond(e) » @@@½

Sagittarius Laisser un commentaire

Tout a déjà été analysé, décrypté, commenté, à propos  de la double sortie de Frank Ocean un week-end du mois d’aout 2016, après des mois et des mois à être resté hermétique à la pression insistante de la Terre entière. Le film à écouter Endless -> prétexte pour conclure le contrat chez Def Jam, le successeur de Channel Orange de couleur Blonde -> exclu digitale sur Apple Music, Boys Don’t Cry -> le nom de sa structure indé et son magasine. Plus une attente supplémentaire de quelques jours qui s’ajoute à quatre ans de hiatus pour en disposer sur Spotify… Mais pas de quoi tomber à la renverse.

Une première écoute, à froid, n’a rien provoqué chez moi, si ce n’est immense perplexité qui s’est muée en une nuée de questions :  qu’a-t-il fichu durant tout ce temps? N’a-t-il pas trop forcé son inspiration au point de rendre des chansons qui semblent n’être que des démos d’excellente qualité? Aime-t-il le gratin de chou-fleur?  A-t-il vraiment sorti ce disque pour nous faire plaisir? Blond ou Blonde bordel!?! Où s’est paumé le batteur entre la piste 4 et 9? Frank (paraît que tu as vraiment effacé Christopher Breaux de ta carte d’identité pour Frank Ocean), c’est quoi tous ces orgues, tu t’es cru à la messe mec? Il manque pas encore deux, trois interludes supplémentaires  tu crois pas? Hého pourquoi tu crédites pas les featurings? Et d’ailleurs on l’entend où Kendrick sur « Skyline To« ? La robe de Young Thug est bleue ou blanche et dorée? Pourquoi je ne comprends pas ce que tu as cherché à faire? Une voix dans ma tête m’a dit de réécouter, pour voir. Parce que là, c’est peut-être beau mais que c’est ch…

Et plutôt deux fois qu’une, l’ouïe plus attentive. Deux coups de coeur : le groove léger « Pink + White » (découvrant après coup que c’est Pharrell qui est crédité à la production) et « Nights« . La musique est quasiment en second plan, pour ne se focaliser que sur les belles poésies de Frank et son interprétation très humaine -dira-t-on- qui font résonner les âmes comme sur « Ivy » (co-écrite par Jamie xx). Les images fortes s’accumulent comme dans le clip de « Nikes« . L’intimité est totale, sans atteindre l’extase ou un état de bouleversement, pour ma part. Tout de même un peu troublé, sensible, à cette ballade romantique « Self Control« , ou « Seigried » qui verse dans le mélan-bucolie avec ces instrumentations d’origine britannique. Comme on le remarque, Frank aime bien la musique anglaise, s’entourer d’artistes provenant de ce royaume, physiquement ou spirituellement, vivants ou morts (Bowie, les Beatles forcément). Après, cet album, quasi expérimental, n’a rien à voir avec channel ORANGE, déjà il n’y a pas James Ho qui l’avait co-réalisé. En revanche la touche d’Om’Mas Keith (de Sa-Ra Creative Partners) se laisse entendre dans ces claviers finement psyche-funk.

Ça vaut le coup de s’attarder sur Blond(e) car, très important, il y le couplet rap de l’année 2016 sur « Solo (reprise)« , décerné à Andre 3000 (qui préfère tuer les albums des autres plutôt que de taffer sur le sien). Secondement, pour l’interlude de SebastiAn qui raconte avec son french accent une anecdote personnelle sur les liens avec Facebook. Et enfin pour la voix de Kim Burrell sur « Godspeed« .

Des fois il faut se rendre à l’évidence et accepter qu’on n’est pas dans la tête d’un artiste, qu’on n’a pas à lui dicter ce qu’il doit faire ou non et que ce n’est pas la fin du monde si on n’accroche pas bien. Blond(e) fait partie de ces affaires de goût et de coloration, de ces oeuvres qu’il faut réécouter plus tard d’une autre oreille pour voir si la première impression se confirme, ou si notre perception mature autrement dans notre esprit.