Magazine Cinéma

Dans la presse…

Par Tobie @tobie_nathan

Un moment de rêve avec Flavie Flament sur RTL le 19 septembre 2016

flavie_flament

un moment matinal avec Jean-Jacques Bourdin le 14 septembre 2016

chez_jj_bourdin2

et…

une ITW parue dans l’OBS n° 2705

Qui détient la clé de nos songes ?

Le psychologue Tobie Nathan publie « les Secrets de vos rêves » (Odile Jacob), un manuel à l’usage des rêveurs qui veulent percer le mystère de leurs visions nocturnes.

PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVAIN COURAGE

Illustration d’ÉLOÏSE ODDOS

Comment en êtes-vous venu à vous intéresser au rêve ? Est-ce vraiment un objet d’étude ?

Dans l'OBS du 8 septembre 2016

Dans l’OBS du 8 septembre 2016

Nous autres, modernes, avons tort de négliger le rêve, ce brainstorming installé au cœur de nos nuits, qui nous permet de trouver des solutions inattendues, d’inventer, de nous renouveler… Mon livre est un plaidoyer pour se ressaisir de cette fonction.

Autrefois, on prêtait au rêve — ailleurs on lui prête toujours — des vertus divinatoires. Au XVIIème siècle, la chasse aux sorciers — surtout aux sorcières —, au XVIIIème un culte naïf de la raison, ont presque eu raison de lui. Fin du XIXème, début du XXème, Freud l’a invité, non sans mal, dans l’univers scientifique. Mais il a privilégié une interprétation des rêves tournée vers le passé — traumatismes de l’enfance, désirs refoulés… J’ai fait mes classes, au sein de cette pensée freudienne qui est devenue immensément populaire. Mais des progrès dans plusieurs disciplines ont modifié mon approche. Et avant tout la neurologie qui a montré que durant le sommeil paradoxal, au moment où on est parvenu au plus profond du sommeil, alors que notre corps est paralysé, le cerveau se réveille, les yeux sont en mouvement et le sexe en érection… celui des hommes comme celui des femmes. C’est dans cet état, purement instinctif, que surviennent les rêves les plus longs et les plus élaborés. Le rêve ne peut par conséquent être l’expression d’un désir, puisqu’il est une machinerie automatique — car on ne peut pas ne pas rêver ! Quatre à cinq fois par nuit, inéluctablement, se reproduit cette phase de sommeil paradoxal.

image_obs

Comment l’ethnopsychiatrie dont vous avez fait votre spécialité contribue-t-elle à mieux comprendre les rêves ?

Depuis 45 ans, je m’occupe de patients immigrés. J’ai ouvert une consultation spécialisée et un centre universitaire consacré à l’ethnopsychiatrie. J’ai découvert avec mes patients des univers, des modes de pensée et d’action — autant de manières d’interpréter les rêves. Dans certains univers, amérindien notamment, le rêve joue un rôle capital. Là, rien ne peut survenir dans le monde qui n’ait auparavant été rêvé par une personne. À l’inverse de notre pensée, c’est le rêve qui confère la réalité aux événements et qui conditionne les comportements des hommes.

Mais nous ne sommes pas des indiens d’Amérique ! S’il ne prédit pas l’avenir comme le pratiquent les shamans et s’il n’est pas l’expression de désirs refoulés comme l’a postulé Freud, à quoi peut bien servir le rêve, selon vous ?

Des expériences ont montré que le rêve ne sert ni à fixer la mémoire, comme on l’a longtemps cru, ni à évacuer les tensions de la journée. Des approches cognitivistes ont montré de manière expérimentale que le rêve contribuait puissamment à la résolution de problèmes ou d’énigmes posés au rêveur avant son sommeil. C’est ce qui m’a mis sur la voie. J’ai acquis la certitude que le rêve est une machinerie destinée à inventer des solutions imprévues. Combinant de manière aléatoire fragments d’images, restes visuels, sonores et même olfactifs et pensées, notre cerveau produit ces petits films singuliers que sont nos rêves où nous sommes quelquefois acteurs, toujours spectateurs et jamais réalisateurs. Impressionné par ce qui lui a été donné à voir, le rêveur n’a de cesse que de trouver une signification à son rêve. Fonction complexe, qui produit du neuf surprenant et contraint le rêveur à en chercher le sens chez un tiers. Comme vous pouvez l’imaginer, de multiples interprétations sont possibles pour chaque rêve. C’est que le rêve n’a pas de signification prédéfinie ; il constitue une contrainte à l’interprétation. Nous devons en conclure que le rêve est une activité mentale qui débute au cœur de la nuit, se poursuit silencieusement durant la veille jusqu’à rencontrer un tiers par la parole duquel il s’accomplit. De ce point de vue, on pourrait dire que tout rêve est prémonitoire, car il tend vers le lendemain.

Tobie Nathan Paris 2016

Tobie Nathan Paris 2016

Comment abordez-vous ce travail d’interprétation ?

Les gens m’adressent par e-mail des récits de rêves par l’entremise du mensuel Psychologies Magazine. Je m’entretiens longuement avec eux au téléphone. On fait le chemin à rebours, remontant du récit aux fragments d’images, puis aux pensées jusqu’à saisir le problème que tente de résoudre ce rêve-ci. Ce sont le plus souvent des rêves récurrents, qui se répètent et nous angoissent par leur insistance. Je n’ai accompli ma tâche que si j’ai pu prescrire une action, un geste ou une parole, qui libèrera le rêveur de l’emprise de son rêve.

Dans tous les cas, le rêve nous met en contact avec nos forces vives, notre capacité à inventer des solutions nouvelles. Ce serait dommage de s’en passer…



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Tobie 15019 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte