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American Crime Story – The People vs. O.J. Simpson

Par Tinalakiller

Créée par Larry Karaszewski, Ryan Murphy et Scott Alexander

avec Sarah Paulson, Cuba Gooding Jr., John Travolta, Courtney B. Vance, David Schwimmer, Sterling K. Brown, Kenneth Choi, Christian Clemenson, Nathan Lane, Bruce Greenwood, Selma Blair, Connie Britton, Jordana Brewster...

Drame judiciaire. 1 saison. 2016.
American Crime Story – The People vs. O.J. Simpson

American Crime Story est une série d'anthologie, qui se centre sur des affaires judiciaires différentes à chaque nouvelle saison. La première tourne autour du procès controversé et ultra-médiatisé de O.J Simpson, qui a fait la Une des médias au cours de l'année 1995. La star du football américain est accusée du meurtre de son ex-femme, Nicole Brown Simpson et de son compagnon, Ronald Goldman. Dans les coulisses de l'affaire, les deux camps essayent de tirer leur épingle du jeu. Entre l'excès de confiance des avocats et la relation tendue de la police avec la communauté afro-américaine, le doute sème le trouble chez les jurés.

American Crime Story – The People vs. O.J. Simpson

En tant que fan de la série American Horror Story (parfois chroniquée sur ce blog), j'étais décidée à découvrir le dernier objet télévisuel de Ryan Murphy, American Crime Story, qui a remporté récemment cinq Emmy Awards : meilleure mini-série, meilleure actrice (Sarah Paulson), meilleur acteur (Courtney B. Vance) et meilleur acteur dans un second-rôle (Sterling K. Brown) et meilleur scénario (toujours dans les catégories " mini-série "). Le titre étant très clair, chaque saison anthologique portera sur une affaire judiciaire. Pour cette première saison, on ne s'est pas attaqué à n'importe quoi : l'affaire O.J. Simpson. On l'a connait tous, on a même pu suivre (enfin surtout les Américains) le déroulement du procès à la télévision. Il n'y a évidemment aucune surprise même pour ceux qui n'étaient pas nés ou qui étaient trop jeunes. Pourtant, cette série est une excellente surprise. J'ai été surprise de prendre du plaisir à redécouvrir cette histoire comme si elle se présentait comme une nouveauté. Et surtout quelle satisfaction de voir de nombreuses qualités dedans ! En effet, on peut se rassurer : il ne s'agit pas d'une sorte de remake de Faites entrer l'accusé. On retrouve des thèmes chers à Ryan Murphy notamment le racisme et la célébrité. Il faut rappeler les faits : en 1992 ont lieu les émeutes de Los Angeles. Puis, en 1994, le célèbre joueur de base-ball (et occasionnellement acteur) O.J. Simpson est accusé d'un double meurtre dont celui de son ex-femme, mère de ses enfants. Comment défendre l'indéfendable (on se demande à ce moment-là comment Simpson va pouvoir s'en sortir avec de telles accusations !) ? Voilà que les avocats qui défendent ce cher Simpson, notamment dans un premier temps Robert Shapiro, puis le grand défenseur de la communauté afro-américaine, Johnnie Cochran. La dimension politique a clairement pris le dessus dans cette passionnante affaire judiciaire au point qu'on a fini par en oublier les victimes et surtout se demander s'il y avait d'autres suspects. Cette première saison instaure alors des enjeux d'une grande importance étant donné ce qui se passe actuellement. Comment ne pas penser aux récentes bavures de policiers envers des Noirs ? Comment ne pas voir le clin d'oeil (avec une pointe d'ironie) aux filles Kardashian qui ont bien mieux compris le star-system que leur père, meilleur ami de Simpson, et clairement dépassé par les événements ? La fin de la saison, qu'on connait alors tous, a quelque chose d'encore plus tragique. C'est comme si toute cette mascarade mise en place par la défense, en s'éloignant de la vérité, n'avait servi à rien : l'injustice contre les minorités existe toujours et la liberté d'O.J. Simpson est en réalité une nouvelle prison.

American Crime Story – The People vs. O.J. Simpson

Pourquoi cette série est-elle si passionnante ? Déjà, comme vous l'avez peut-être déjà lu sur ce blog, j'ai toujours aimé les films (et donc aussi les séries) de procès car il y a quelque chose qui entre déjà dans l'ordre de la comédie et de la mise en scène (le risque étant que l'oeuvre devienne trop théâtrale mais ce n'est pas le cas ici). Ce n'est pas nouveau, on a vu beaucoup de (bons) films de procès tournant autour de la question de la comédie. Mais les scénaristes ont réussi à renouveler, à partir de cette terrible affaire, cet élément en question. On constate alors le fait suivant : en reprenant les gros points de l'affaire, les spectateurs ont droit à de réels rebondissements (sincèrement, j'avais beau connaître l'affaire, j'étais tout le temps sur le cul !) comme si les scénaristes avaient inventé l'histoire de toutes pièces. J'ai envie de dire que la réalité a dépassé la fiction et c'est vraiment ça qui est fort dans cette saison ! On s'aperçoit à quel point cette affaire était déjà en soi une énorme mascarade. La reconstitution de l'affaire et plus généralement de l'époque est très bien exécutée (sans être too much) et en même temps même dans cette reconstitution on sent la continuité avec notre époque : un bon équilibre semble alors avoir été trouvé. Le tout a été traité sur dix épisodes durant chacun une petite cinquantaine de minutes (tous bien rythmés). C'était selon moi le format idéal : on ne s'étend pas une plombe sur l'histoire (déjà connue) mais on a suffisamment le temps de développer la psychologie et la complexité de chaque personnage, ce qui n'était pas évident vu qu'il y en a un certain nombre ! Mais ce qui est également intéressant, c'est que le spectateur devient lui-même une sorte de juré / avocat. On nous filme les deux camps avec une certaine égalité - même si je dois admettre que le personnage de Marcia Clark est peut-être un chouïa davantage mis en avant (mais ce n'est pas gênant par rapport au propos autour des minorités - elle qui défend les femmes violentées alors que la défense détourne l'attention en évoquant la communauté afro-américaine). Certes, on sent que les scénaristes se sont fait leur petite idée sur cette affaire mais le but n'est pas de savoir si O.J. Simpson a tué son ex-femme et son amant puisque de toute façon on a bien compris que ce procès n'avait pas pour but de chercher la vérité. En revanche, comprendre comment le jury, à partir de ce qu'il a pu constater sur le devant de la scène mais aussi dans les coulisses (on comprend bien que ça ne faisait pas rêver de faire partie de ce jury) a pris la décision finale fait partie des enjeux de la série.

American Crime Story – The People vs. O.J. Simpson

Enfin, cette saison d' American Crime Story bénéficie d'un excellent casting, très justement récompensé. Dans le rôle du célèbre O.J. Simpson (qui est actuellement en prison pour vol à main armée et kidnapping), Cuba Gooding Jr. est bluffant. Il parvient vraiment à montrer toute la complexité de ce personnage qui peut être autant charismatique qu'effrayant par ses accès de violence. Sarah Paulson, que j'adorais déjà tellement dans American Horror Story, trouve ici le rôle le plus intéressant de sa carrière, celui de la célèbre procureure Marcia Clarke, entrant pratiquement dans la culture populaire malgré elle (Tina Fey avait livré sa parodie à la fin de la première saison de Unbreakable Kimmy Schmidt pour ne citer que cet exemple) pour sa coupe de cheveux légendaire, son style très classique voire même assez froid et son ton qui envoie bien dans ta gueule. Pas évident de tenir un rôle aussi emblématique sans tomber dans la caricature. Pourtant, Sarah Paulson, servie par une écriture habile, donne une interprétation remplie de nuances tout en donnant de l'intensité à son jeu. Elle prouve ici qu'elle est l'une des meilleures actrices de sa génération et je suis étonnée qu'elle ait percé à la télévision relativement tard et qu'elle n'ait jamais été eu de réels bons premiers rôles au cinéma ! Il s'agit ici d'un personnage fort qui a des convictions mais on ne nous épargne pas non plus les erreurs qu'elle a pu faites et qui ont également conduit à l'acquittement d'O.J. Simpson (je parle ici de l'intervention du flic raciste). John Travolta (également co-producteur) fait aussi un joli retour dans le rôle de Robert Shapiro (avec une tête à la Donald Trump), l'avocat qui se donne en spectacle mais qui préfère faire des arrangements au lieu d'affronter les problèmes. Tout le casting est excellent, que ce soit Nathan Lane qu'on voit peu mais génial en avocat qui pense à tout, Kenneth Choi en juge, Connie Britton en pseudo-amie qui n'hésitera pas à balancer tout et n'importe quoi dans un livre pour du fric ou encore Selma Blair en Kris Jenner. David Schwimmer est également surprenant dans le rôle du touchant et dépassé Robert Kardashian. Mais on retiendra surtout les performances des deux acteurs récompensés aux Emmy : Courtney B. Vance et Sterling K. Brown. Le premier incarne à la perfection Johnnie Cochran, un personnage à la fois admirable et détestable, on comprend son combat pour la communauté afro-américaine mais il nous agace avec sa stratégie qui fait du mal à la vérité et à une autre communauté : les femmes. Quant au second, il est très attachant dans le rôle du collaborateur de Marcia, qui monte en grade pour de bonnes et mauvaises raisons.

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