Le titre le claironne : attention film à thème ! Ensuite
le spectateur doit gérer sa relation aux images... Elles sont
dérangeantes, j'insiste très dérangeantes et le réalisateur nous
promène entre conte, métaphores et récit cruel -parfois à ma
limite de tolérance pour des images d'une crudité et d'une violence
inouïes.
Pour la partie fable, cette chèvre de Monsieur Seguin
qui s'installe dans les Causses aveyronnaises- pays d'origine du
réalisateur Alain Guiraudie- affiche clairement son intention de se
coltiner au loup- je devrais dire aux loups au pluriel car, c'est
bien connu, l'homme est un loup pour l'homme et ici les hommes
jeunes, adultes ou âgés sont tous terrifiants, agressifs, parfois
même inhumains . Notre anti-héros exprime aussi son choix de vivre
sans contraintes donc sans famille ; ce choix le mènera à la
solitude et au dénuement complet (jusqu'au sens propre).
Ce
récit déjà difficile dans le fond est rendu encore plus tortueux
et plus complexe (volontairement sans doute) par une narration qui
fait fi du classicisme et ne tient compte ni de l'espace temps-
accouplement et enfantement s’enchaînent sans gestation- ni de l'espace lieu, less différentes régions géographiques-Brest, Causses et
marais poitevins etc semblent être accessibles en quelques
lacets...
Seuls les petits agneaux sont épargnés de la laideur
(faut-il y voir un soupçon d'espérance ou une allusion mystique à
l'agneau pascal?) dans cette peinture bien noire de l'existence
humaine et de notre aptitude à rester non seulement verticaux mais
libres...