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Thomas Dreyfuss: « Pourvu que j’arrive quelque part ! »

Publié le 25 septembre 2016 par Pantalaskas @chapeau_noir
South nertherland

« South nertherland » 2015 Huile sur toile

Au pays des merveilles

Dans les « Aventures d’Alice aux pays des merveilles », le personnage de Lewis Caroll s’inquiète : « Pourvu que j’arrive quelque part ! »   C’est la préoccupation qu’exprime également Thomas Dreyfuss dans l’exposition qui vient de s’ouvrir à la galerie le Garage à Orléans. Car pour ce peintre né dans les années soixante dix, comme pour d’autres artistes de sa génération qui ont fait un choix différent, celui de la peinture aurait pu ne pas aller de soi. Pourtant, chez Thomas Dreyfuss, il s’est imposé semble-t-il naturellement. Fils du peintre Bernard Dreyfuss qui avec Claude Pougny a constitué le groupe « Objectal » dont le chemin a accompagné celui de la Figuration narrative, Thomas, après ses études d’Histoire de l’art et d’archéologie, a franchi une frontière magique pour pénétrer dans ce pays des merveilles : la peinture.
Une fois arrivé dans cette contrée à la fois connue et mystérieuse, beaucoup de directions pouvaient s’offrir au jeune peintre. Là encore, la voie semble s’être imposée sans hésitation : c’est la figuration qui, comme pour son père, deviendra le terrain de jeu de son travail. Mais c’est ici que tout se complique. Car, sous l’apparente évidence de ce rapport figuratif au réel, très vite les toiles basculent dans un univers qui ne se contente pas de cette relation au monde, notamment dans son appréhension de l’humain. Il faut donc explorer quelques pistes de la vie personnelle du peintre pour tenter de dénouer les fils de ces narrations singulières qui nous entraînent loin d’un réel reconnaissable.

Dédale

« Dédale » 2015 Huile sur toile

Métissage

Thomas Dreyfuss s’est enrichi de nombreux séjours chez les Afar, un peuple nomade de la Corne de l’Afrique. Il n’est peut-être pas anodin de rappeler  comment cette région de l’Afrique de l’Est s’identifie comme un point départ confirmé de l’aventure des hommes sur la terre. En France, le peintre découvre une expérience d’un autre ordre : le partage de son expérience avec de jeunes migrants du monde entier à qui il enseigne les arts plastiques. Il faut donc prendre en compte ces paramètres personnels pour considérer les œuvres récentes présentées ici. Cette figuration, ou plutôt cette « défiguration » bascule dans des propositions hybrides révélatrices du métissage culturel auxquels le peintre associe son spectateur.  Au passage c’est même la mythologie grecque qui s’invite avec ces références au Minotaure : personnage monstrueux possédant le corps d’un homme et la tête d’un taureau. Si bien que, entre les portraits de ses contemporains et la scène mythologique sur laquelle s’enhardit le peintre, cette relation au monde connaît des turbulences auxquelles nous sommes  nous mêmes soumis.
Au-delà de ce jeu sur les errances de la figuration, c’est sur la peinture même que le jeune peintre s’interroge d’une toile à l’autre, sur les modalités de la représentation, de la perspective, de la couleur.
A la question posée par Alice, celle-ci s’entent répondre :  » Oh, tu ne manqueras pas d’arriver quelque part, si tu marches assez longtemps. ». J’imagine que Thomas Dreyfuss fera sienne cette réponse pour continuer à explorer, avec le médium toujours vivant de la peinture, ce territoire encore inconnu dans lequel les merveilles de Lewis Caroll, sous couvert de féerie, observent sans indulgence un monde dans lequel les humains n’échappent pas aux cauchemars.

Photos: Galerie le Garage

Thomas Dreyfuss
 » Pourvu que j’arrive quelque part ! »
Du 24 Septembre au 16 Octobre 2016
Galerie Le garage
9 rue de Bourgogne
45000 Orléans


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