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« Eh bien moi le mien… » ou la mère parfaite

Par Artemissia Gold @SongeD1NuitDete

chronique-societe-eh-bien-moi-le-mienVous avez sûrement déjà entendu des gamins qui pour répondre à la provocation balancée par un copain ou une copine  prétentieux(se), balançaient des phrases du genre :

— Eh ben moi , mon papa, il est très fort et si tu continues à m’embêter….tu verras ce qu’il va te faire.

— Eh ben moi mon papa,  il est policier et il est plus fort que le tien et si tu m’embêtes il t’enverra en prison.

—C’est même pas vrai d’abord….! T’es trop un mytho !

Eh bien, réunissez autour d’un café quelques femmes adultes, dynamiques, actives et intelligentes et mères de famille ; laissez-les bavarder de leur travail, débattre de sujets plus ou moins sérieux, vous obtiendrez un après-midi agréable, des échanges divertissants et enrichissants… jusqu’au moment où profitant d’une pause entre deux sujets, l’une d’elles balance, l’air de rien, la première attaque qui va toutes les ramener en enfance :

— Ce qu’elle est mignonne ta petite dernière… Mais dis-moi, elle ne marche pas encore toute seule? La mienne, elle, marchait pour ses un an.

Voilà, les enchères sont ouvertes.

— Ouais mais elle a parlé très tôt. A un an, elle faisait des phrases très claires. Je trouve que la  tienne a fait de gros progrès, on comprend mieux ce qu’elle dit… depuis qu’elle est à l’école…

Un partout, la balle au centre. Le nez baissé sur leurs tasses de café, celles qui ont échappé à cette première offensive, prient secrètement pour que ce statut quo signe la fin de ce sujet de conversation brûlant.  Malheureusement, la trêve est de courte durée:

— Eh ben moi, je suis allée voir la maîtresse pour lui demander si on ne pouvait pas faire sauter une classe à Alex et l’envoyer directement en CM2. Après tout, ses résultats sont excellents et surtout il est très mûr pour son âge.

…..à ma droite…..

— Eh ben moi, l’instit’ m’a dit qu’elle était embêtée parce que Jules est bon partout et est curieux de tout. Du coup, elle n’arrive pas à savoir s’il y a un domaine qui l’intéresse plus qu’un autre.

…à ma gauche…

— Eh ben moi, Arthur vient d’entrer au CP mais il s’ennuie parce que ça fait belle lurette qu’il sait lire et faire des additions. Je vais demander à la prof de lui donner du travail supplémentaire pour le stimuler davantage.

….qui dit mieux? Une fois, deux fois…

— Et toi ton fils, tu l’as inscrit à quelles activités périscolaires ? Alex, lui, va faire de la musique le mercredi, de la piscine le lundi, jeudi, vendredi et samedi matin. C’est un peu dur à gérer avec nos horaires, mais il lui faut ces 10 heures d’activité  pour se défouler.

— Et bien moi, Arthur s’est pris de passion pour l’équitation, le judo, le… enfin…un truc bizarre dont je n’ai pas retenu le nom, mais c’est japonais. Ça va l’ouvrir à de nouvelles cultures. Bon par contre, le mercredi après-midi c’est la course, même pas le temps du goûter. La maîtresse m’a dit que c’était de trop. Ces profs, je te jure quand il s’agit de stimuler les enfants : il n’y a plus personne !

(C’est normalement à ce stade que je lorgne sur la fourchette à gâteau et pense à me l’enfoncer dans l’œil pour abréger mon calvaire)

Pendant que les mères se gargarisent, dans la cour, les futurs prix Nobel, eux, vaquent à leurs occupations. Loin, très loin, du monde de leur génitrices qui les regardent fièrement. Et là, c’est le drame.

Alex le mature ( qui tombe surtout de fatigue après la 4e séance de piscine de la semaine) tétouille son pouce tout en malaxant, avec maturité, un doudou défraîchi.

Jules met en pratique son insatiable curiosité pour les sciences naturelles en explorant l’intérieur de ses fosses nasales.

Arthur se stimule tout seul et découvre de nouvelles contrées, la main dans le pantalon.

Prises en flagrant délit d’exagération devant ce banal tableau d’enfants, les mères replongent tout d’un coup  le nez dans leurs tasses de café:

— Sinon, c’est quoi ta prochaine lecture ?

La femme parfaite est une connasse

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Vous avez sûrement déjà entendu des gamins qui pour répondre à la provocation balancée par un copain ou une copine  prétentieux(se), balançaient des phrases du genre :

— Eh ben moi , mon papa, il est très fort et si tu continues à m’embêter….tu verras ce qu’il va te faire.

— Eh ben moi mon papa,  il est policier et il est plus fort que le tien et si tu m’embêtes il t’enverra en prison.

—C’est même pas vrai d’abord….! T’es trop un mytho !

Eh bien, réunissez autour d’un café quelques femmes adultes, dynamiques, actives et intelligentes et mères de famille ; laissez-les bavarder de leur travail, débattre de sujets plus ou moins sérieux, vous obtiendrez un après-midi agréable, des échanges divertissants et enrichissants… jusqu’au moment où profitant d’une pause entre deux sujets, l’une d’elles balance, l’air de rien, la première attaque qui va toutes les ramener en enfance :

— Ce qu’elle est mignonne ta petite dernière… Mais dis-moi, elle ne marche pas encore toute seule? La mienne, elle, marchait pour ses un an.

Voilà, les enchères sont ouvertes.

— Ouais mais elle a parlé très tôt. A un an, elle faisait des phrases très claires. Je trouve que la  tienne a fait de gros progrès, on comprend mieux ce qu’elle dit… depuis qu’elle est à l’école…

Un partout, la balle au centre. Le nez baissé sur leurs tasses de café, celles qui ont échappé à cette première offensive, prient secrètement pour que ce statut quo signe la fin de ce sujet de conversation brûlant.  Malheureusement, la trêve est de courte durée:

— Eh ben moi, je suis allée voir la maîtresse pour lui demander si on ne pouvait pas faire sauter une classe à Alex et l’envoyer directement en CM2. Après tout, ses résultats sont excellents et surtout il est très mûr pour son âge.

…..à ma droite…..

— Eh ben moi, l’instit’ m’a dit qu’elle était embêtée parce que Jules est bon partout et est curieux de tout. Du coup, elle n’arrive pas à savoir s’il y a un domaine qui l’intéresse plus qu’un autre.

…à ma gauche…

— Eh ben moi, Arthur vient d’entrer au CP mais il s’ennuie parce que ça fait belle lurette qu’il sait lire et faire des additions. Je vais demander à la prof de lui donner du travail supplémentaire pour le stimuler davantage.

….qui dit mieux? Une fois, deux fois…

— Et toi ton fils, tu l’as inscrit à quelles activités périscolaires ? Alex, lui, va faire de la musique le mercredi, de la piscine le lundi, jeudi, vendredi et samedi matin. C’est un peu dur à gérer avec nos horaires, mais il lui faut ces 10 heures d’activité  pour se défouler.

— Et bien moi, Arthur s’est pris de passion pour l’équitation, le judo, le… enfin…un truc bizarre dont je n’ai pas retenu le nom, mais c’est japonais. Ça va l’ouvrir à de nouvelles cultures. Bon par contre, le mercredi après-midi c’est la course, même pas le temps du goûter. La maîtresse m’a dit que c’était de trop. Ces profs, je te jure quand il s’agit de stimuler les enfants : il n’y a plus personne !

(C’est normalement à ce stade que je lorgne sur la fourchette à gâteau et pense à me l’enfoncer dans l’œil pour abréger mon calvaire)

Pendant que les mères se gargarisent, dans la cour, les futurs prix Nobel, eux, vaquent à leurs occupations. Loin, très loin, du monde de leur génitrices qui les regardent fièrement. Et là, c’est le drame.

Alex le mature ( qui tombe surtout de fatigue après la 4e séance de piscine de la semaine) tétouille son pouce tout en malaxant, avec maturité, un doudou défraîchi.

Jules met en pratique son insatiable curiosité pour les sciences naturelles en explorant l’intérieur de ses fosses nasales.

Arthur se stimule tout seul et découvre de nouvelles contrées, la main dans le pantalon.

Prises en flagrant délit d’exagération devant ce banal tableau d’enfants, les mères replongent tout d’un coup  le nez dans leurs tasses de café:


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