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PHOTOfolies 2016 | Rodez et en Aveyron

Publié le 25 septembre 2016 par Philippe Cadu

Du 1er au 30 octobre

Inauguration du festival PHOTOfolies 2016 samedi 1 octobre à 15:00 - 18:00

http://www.photofolies12.com/

L'image latente... un monde qui ne demande qu'à advenir. Ou plutôt à renaitre comme une résurgence s'extirpant du néant où l'a laissée la lumière fugitive qui l'avait originellement installée dans l'univers visuel de la forme. La photographie est évidemment, depuis les premières expériences qui l'auront " inventée ", une écriture par la révélation qui donne à voir l'invisible. Il y a 200 ans, Nicéphore Niepce entreprenait ainsi de passer de l'image latente à l'image révélée et fixée, introduisant ainsi le médium photographique dans l'ère d'une figuration échappant à la tyrannie de l'éphémère rétinien et lui conférant le statut d'un miroir qui ne contente plus de refléter mais qui officie désormais comme empreinte - ce qui, dans le cadre d'un monde moderne en mutation, conduira à faire de cette empreinte un document.

Mais si la photographie se met à rendre visible le monde et à documenter le réel, elle ne rend pas pour autant ceux-là absolument lisibles : la photographie parle ; elle montre, dit, raconte, éventuellement se contente de suggérer, mais quoi qu'elle entreprenne de faire, l'énoncé n'est jamais transparent dans sa signification ; pour franchir l'obstacle du simple voir et accéder au comprendre, il faut presque toujours un exégète, le scénariste du spectacle visuel qui s'est figé dans et par la prise de vue. Car la photographie n'est jamais un ex nihilo, et elle n'est surtout pas, non plus, une res nullius, une chose sans maître ; elle s'appuie toujours sur un opérateur qui, dans sa subjectivité irréductible, est un opérateur de sens.

Prendre une photographie, c'est en effet ramasser dans la densité de l'instant une histoire : celle sans doute que recèle cet instant en tant que moment isolé d'un continuum ; et dans un même temps, celle d'un geste qui veut donner à voir, et parfois même à se voir. La photographie s'impose ainsi comme un reliquaire où repose le monde mais aussi inévitablement le geste et l'intention qui auront conduit à enfermer le monde dans ce réceptacle que chacun peut ouvrir par son regard de spectateur.

Vestige, trace, preuve du temps, à l'épreuve du temps, la photographie entretient donc avec l'espace et le temps un rapport bien particulier : elle installe un hic et nunc qui projette dans un ailleurs qui n'est autre... qu'un autre hic et nunc. Nous sommes ici, nous sommes maintenant, mais nous sommes aussi dans un là-bas, plus ou moins lointain où ce qui est n'est déjà plus. La photographie, indépendamment du genre par lequel elle se concrétise (photographie de reportage, documentaire ou plasticienne, pour prendre quelques catégories contestables) est en fin de compte une expérience temporelle existentielle, une sorte de confrontation à la mort à travers l'absence présent(é)e.

L'image est alors, comme le dirait Camus, un " inlassable cri ", celui qui tient le photographe " debout, les yeux toujours ouverts, et qui, de loin en loin, réveille pour tous au sein du monde endormi l'image fugitive et insistante d'une réalité que nous reconnaissons sans l'avoir jamais rencontrée ".

Cette réalité, c'est chez Marc Riboud, celle d'une Chine visitée et revisitée, donnée à voir et à redécouvrir à travers ses évolutions, et qui finit par s'inscrire, grâce à la force du travail de Marc Riboud, dans ce qui devient un imaginaire collectif, où un univers devient cette étrange carte postale qui raconte une histoire que l'on croit connaître mais qu'on ne cesse de redécouvrir.

Sylvain Lagarde, Président de l'Association PHOTOfolies12

Regarder les portraits chinois de Marc Riboud, c'est regarder la Chine vivre et se transformer pendant plus d'un demi-siècle. En effet, Marc Riboud n'a cessé de retourner en Chine depuis son premier voyage en 1957 jusqu'au dernier en 2010 à Shanghai .

Fasciné par ce pays immense et sa civilisation millénaire, il a regardé les Chinois vivre les années Mao, puis sortir du Grand Bond en avant pour forger leur grand boom économique. Dans les rizières, à l'ombre des gratte-ciel, dans les montagnes des peintres, au nord et au sud, il a observé la beauté des visages, la force des gestes, la grâce ou la fatigue des attitudes et, de photographie en photographie, Marc Riboud a dessiné le portrait d'une Chine qui forme à elle seule tout un univers, autre, mouvant, et proche à la fois, un univers dont le regard humaniste du photographe fait émerger, par delà les différences, les incongruités, et le pittoresque, la part d'universalité, celle qui conduit à ce que les images parlent, à leur manière, à chacun d'entre nous.

La Menuiserie - 14 rue du 11 Novembre - Aglaé Borie

Ces photographies ont été réalisées aux bords de mers intérieures, la mer Marmara, la mer Noire, la mer d'Azov et la mer Caspienne.

Les images sont prises à l'heure où le jour s'efface pour faire place à la nuit.

Entre chien et loup.

La mer devient le décor de portraits en suspension.

Des hommes regardent la mer, nous les voyons regarder sans voir ce qu'ils observent.

Ce sont des photographies qui font état d'un processus de passage, où les corps quittent l'activité de la vie diurne, s'immobilisent.

L'horizon est comme un miroir de l'intériorité de chacun.

Le paysage enveloppe les hommes et les femmes de sa vibrance, leurs regards le teintent de leurs vies intérieures.

Le temps humain et le temps physique s'y confrontent.

" La mer demeurera, elle est ce qui perdure, ce qui nous survit. Sur le rivage, nous ressentons le défi incroyable que l'éternité lance à nos existences à travers le mouvement perpétuel de la mer. "* [...]

Ces mers intérieures sont situées entre l'Europe et l'Asie, entre l'orient et l'occident, où l'histoire des hommes est dense. Les paysages humains sont hors champ, mais leur présence sourde est tangible.

Ces photographies ont pour destination de créer des passerelles entre l'image et le symbole, entre le symbole et la réalité, entre le champ et le hors champ, entre les nations et l'universel.

Galerie Saint Catherine 5 place Sainte-Catherine - Frédérique Bretin

Que nous nous intéressions à un pan de leur histoire ou que nous les traversions à l'écoute de nos perceptions, les espaces sont un réservoir de significations, ils sont le terrain où se jouent les évènements de l'histoire. Chaque événement se produit, s'inscrit, puis finit par s'enfouir dans un coin d'espace.

Les travaux présentés ici poursuivent une recherche photographique née d'une commande des Archives de la Dordogne en 2011, concernant la résistance à l'occupant nazi durant la Seconde Guerre mondiale.

Un autre projet réalisé en 2014 en Pologne, en lien avec le camp d'extermination et de concentration d'Auschwitz II-Birkenau, s'est intéressé aux stratégies de déshumanisation mise en oeuvre par l'idéologie totalitaire. Puis, un troisième projet réalisé à Capdenac-Gare en Aveyron, pour lequel je me suis intéressée au geste de résistance de deux religieuses du couvent de Massip qui ont caché et sauvé de la déportation plus de quatre vingt personnes juives dont un très grand nombre d'enfants entre décembre 1942 et juillet 1944.

Frédérique Bretin.


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