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Anne-Sophie Martin : Le disparu

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Le disparu d’Anne-Sophie Martin     3.75/5  (18-09-2016)

Le disparu (287 pages) est disponible depuis le 25 août 2016 aux Editions Ring.

Bande annonce

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L’histoire (éditeur) :

Dans la nuit du 3 avril 2011, un homme de 50 ans décime toute sa famille dans le silence d’un pavillon nantais. Aujourd’hui recherché par toutes les polices du monde, une seule piste mène au tueur de Nantes.

C’est l’histoire d’un homme qui écrit. Clair, net. Plutôt bien, question de culture et de bonne naissance. Il sait tout dire avec les mots : l’amour et la fidélité, les interrogations d’un fils, d’un frère ou d’un père, le désamour et son cortège d’aigreurs et de regrets, les difficultés de la vie, les embrouilles amicales et les dettes. Mais Xavier Dupont de Ligonnès écrit pour tuer. Un journal intime émerge de ses correspondances sans que personne n’en possède la totalité.

Mon avis :

Avec Le disparu, Anne-Sophie Martin nous offre une reconstitution « romanesque » élaborée d’après un minutieux travail de reconstitution et de classement des écrits (lettres, mails, texto…) restants de Xavier Dupont de Ligonnès.

« Pour m’être plongée dans cette histoire énigmatique, cette affaire sans issue pendant des mois, en avoir battu et rebattu toutes les cartes, secrètes ou connues, tous les aspects et tous les mystères, je sais définitivement qu’elle me reste obscure et bouleversantes çà la fois. Pierre Bellemare m’avait dit un jour avec un sourire entendu :

« Les plus belles affaires sont les affaires non élucidées. »

Je crois que j’ai enfin pris la dimension de ce qu’il voulait dire. » Page 11

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Si l’auteure est une journaliste et qu’elle a rassemblé énormément de « preuves » et témoignages, son récit se lit plus comme un roman policier que comme un documentaire.

Elle livre également (à travers de petits appréciations, certains mots qu’elle emploie et par l’utilisation du Je) son opinion tranchée et un parti pris qui ne laisse aucun doute sur la culpabilité et la fuite de XDDL, qui reste aujourd’hui « meurtrier présumé ». Elle est d’ailleurs très claire dès le début et justifie très efficacement son jugement par les multiples détails qu’elle s’est appliquée à nous livrer ici.  Si ce jugement fait un drôle d’effet au départ, sa conviction devient au fil des pages la nôtre aussi tant l’éclairage qu’elle donne sur l’homme est net et sans équivoque. En posant les bonnes questions et s’appuyant sur du concret, elle nous permet de mieux comprendre Xavier Dupont de Ligonnès, qu’elle fait vivre avec beaucoup d’intensité !

« Qu’il est étrange de pister la vie d’un homme, de rechercher la vérité au milieu d’une foule d’avis, de jugements hâtifs ou tranchés, et d’informations plus ou moins vraies publiées dans la presse » Page 107

Son récit est bien structuré et fluide (pas de détails inutiles, Anne -Sophie Martin va à l’essentiel et nous épargne une lecture fastidieuse). La trame narrative alterne le fils des éléments depuis 2010 et les recherches liées au passé du Disparu, son entourage et ses motivations. 

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L’ensemble est évidement glaçant d’autant que sa démonstration est, sévère, rigoureuse et presque implacable au point que l’hypothèse qu’elle formule en dénouement semble réelle et véridique.

Le disparu pourrait faire un excellent polar, s’il n’y avait pas la réalité derrière tout ça ! J’ai d’ailleurs été admirative du travail de l’auteure qui réussit à transformer toute cette documentation en scénario très crédible sans que pèse, à la lecture, le poids des informations, des pistes qu’elle a explorées et des recoupements qu’elle a effectués.  Pour autant, si la narration est agréable et bien ficelée à la manière d’un roman, il n’en demeure pas moins qu’à aucun moment le lecteur ne perd de vue qu’il s’agit d’une réelle et terrible tragédie qui a eu lieu en avril 2011.


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