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Nicolas Jaar - Sirens LP - Delicieuse Musique

Publié le 30 septembre 2016 par Delicieusemusique @delicemusique

Après Space Is The Only Noise , après Nymphs , après l’expérience Pomegranates , le détour par Darkside , le side project IVA Gocheva (que nous vous avions présenté ICI), Nicolas Jaar sort ce 30 septembre son second album après l’avoir dévoilé en streaming sur le canal 333 de son mystérieux site « The Network»..
Porté par son label Other People, cet album est celui d’une maturité que l’américano-chilien revendique avec insistance. Lui qui a commencé la musique pour se faire plaisir, comme un loisir, qui l’a continuée comme DJ, considérait qu’il était temps d’ajouter une vraie dimension artistique à ses disques, par des textes intenses et un vrai effort dans le contexte. Sirens est un voyage hors du temps, ou plutôt à travers le temps. Les références à l’histoire du Chili, des Etats-Unis ou simplement au vécu de Nicolas Jaar y sont nombreuses et constituent le véritable fil rouge de cet album.
L’introduction est particulièrement réussie. D’où vient le son, celui de ce drapeau qui flotte ? On frissonne, le piano chante. Puis, une voix aérienne se met à flotter de façon inquiétante au-dessus des battements percussifs et d’un piano faussement désinvolte. Mélancolie mais aussi douceur se mêlent à ce « Just Killing Time », et à ses textures si caractéristiques de l’artiste. Le morceau s’enchaîne avec le rapide « The Governor », sorte de post-punk haletant, loin d’être la partie la plus réussie de l’album. La faute à un manque de variété, d’inspiration parfois. Comme sur « Leaves », et ses faux airs de rock indé façon The Kills, on est moins convaincu, malgré une atmosphère toujours aussi pesante et présente.
Comme un symbole de cette dualité qui entoure l’album, l’exceptionnel « No », pièce maîtresse de Sirens, s’enchaîne alors. Au milieu d’enregistrements audio de Nicolas Jaar enfant, échangeant avec son père, le titre dégage une grande émotion. Minimaliste, teinté de rythmes latins et chanté en Espagnol, il est sans doute le meilleur titre de cet opus.
« Three Sides Of Nazareth » reprends l’esprit plus rock de « The Governor », mais reste paradoxalement la piste la plus proche des anciennes compositions de Jaar. Enfin, « History Lesson » conclue les 47 minutes de l’album sur une ballade plus pop, volontairement engagée. Et qui rappelle que ce n’est pas pour rien si la pochette de Sirens a été réalisée par Alfredo Jaar, lui qui, un jour de l’année 1987, illumina Times Square d’un grand « This Is Not America ».
C’est donc une œuvre toute en dualité que nous propose le producteur, baignant dans un sentiment mitigé entre paix intérieure et colère, en témoigne la transition entre « Leaves » et « No ». Musicalement, l’album est plus pop, mais n’en demeure pas moins expérimental et réussi. L’introduction, certaines transitions, et simplement certains sons nous transportent bien au-delà de ce à quoi l’on peut s’attendre, et c’est là toute la force de Sirens. Au cœur d’une métropole ou loin sur l’océan, nul ne sait où l’artiste nous attend.


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