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Les aventures de Hergé

Publié le 06 octobre 2016 par Marcel & Simone @MarceletSimone
Les aventures de Hergé

On a coutume de croire que Hergé est né avec Tintin (et Milou) le 10 janvier 1929 (date de la 1ère parution d’un « reportage » du garçon à la houppette dans "Le Petit Vingtième", le supplément destiné à la jeunesse du journal Le Vingtième Siècle qui exista de 1928 à 1940).

Or, s’il est vrai, pour ne pas dire évident, que Tintin reste, et restera pour l’éternité, le chef d’œuvre du dessinateur, et une assurance pour sa reconnaissance, il est, à mon humble avis, temps de rendre hommage et de s’intéresser un peu plus en profondeur à celui qui fit de la bande dessinée une véritable discipline artistique.

Et l’exposition qui se tient au Grand Palais du 28 septembre au 15 janvier 2017 est bel et bien consacrée à Hergé, à l’homme, à son travail, à ses diverses activités, à ses passions, à son oeuvre et non uniquement à Tintin.

Hergé, Composition sans titre, vers 1960 huile sur toile, collection particulière © Hergé/Moulinsart 2016

Hergé, Composition sans titre, vers 1960 huile sur toile, collection particulière © Hergé/Moulinsart 2016

Georges Rémi (initiales nom/prénom RG donc Hergé) est né le 22 mai 1907. À l’école, il travaillait merveilleusement bien, sauf… en dessin. Un comble me direz-vous ? Non, car c’est certainement cette non prédisposition qui l’encouragea à développer son propre style, c'est-à-dire ce trait simple, naïf, voire grossièrement caricatural au début, qui va s’affiner, s’affirmer, se développer avec le temps et la pratique pour arriver à cette incroyable justesse, cette efficacité redoutable qui plonge le lecteur dans un monde irréel ou rien ne semble l’être puisqu’il n’est composé que de choses identifiables, de choses presque palpables. Le château de Moulinsart n’existe pas dans la réalité (même si le château de Cheverny a servi de modèle). Pourtant, il suffit de se promener à la campagne, de voir une grande grille et un long chemin pour s’attendre à le voir apparaître tout au bout.

Le ton est donné dès le début de l’exposition avec les deux premières pièces qui se nomment "La grandeur de l’art mineur" et "L’amateur d’Art". En effet, avant Hergé, le dessin, et plus particulièrement la bande dessinée ne sont que des illustrations de journaux. Il faudra tout le perfectionnisme d’Hergé, son sérieux dans le travail, l’accession à un éditeur important, Casterman, et des chiffres de ventes vertigineux des aventures de Tintin dans le monde entier pour que la bande dessinée soit désormais désignée sous le terme Neuvième Art.

Amateur d’Art, Hergé l’est depuis toujours. Il cultive surtout l’amour du beau. Cette passion se caractérise essentiellement à travers son goût pour la peinture et les objets. D’ailleurs, les planches de Tintin sont truffées de références artistiques en tous genres. Il envisagera même de mettre un terme à sa carrière de dessinateur pour se consacrer à la peinture. Peinture abstraite dont quelques toiles sont exposées. Mais, à partir de 1960, c’est en tant que collectionneur qu’il va s’illustrer, suivant l’évolution du monde, comme son héros, et allant jusqu’à rencontrer le nouvel empereur de l’Art moderne d’alors : Andy Warhol (qui vouait à Hergé une immense admiration et pour qui il réalisa quatre portraits).

Autres témoignages de l’importance de l’esthétisme chez le dessinateur Belge : ses réalisations publicitaires. Dans les années 30, pour "L’Atelier Hergé-Publicité", Hergé conçoit moult affiches sur laquelle transpirent à la fois la simplicité et l’efficacité. Il démontre par la même occasion une formidable maîtrise du « Tape à l’œil » (qualité primordiale dans la pub) en réussissant des associations parfaites d’images, de couleurs, de taille et de police pour les textes, véritable technique qui lui servira également pour les couvertures des albums de Tintin.

Andy Warhol, Portrait d’Hergé, 1977 Sérigraphie sur toile rehaussée d’acrylique, Collection particulière © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / ADAGP, Paris 2016 - © Jean–Pol Stercq / ADAGP, Paris 2016

Andy Warhol, Portrait d’Hergé, 1977 Sérigraphie sur toile rehaussée d’acrylique, Collection particulière © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / ADAGP, Paris 2016 - © Jean–Pol Stercq / ADAGP, Paris 2016

De la vie privée de Georges Rémi on ne sait pas grand-chose. Et l’exposition ne nous en apprendra pas plus. Sûrement parce qu’il n’y a rien à apprendre. Simplement, notons qu’Hergé se maria une première fois en 1932 avec Germaine Kieckens, divorça, puis se maria une seconde fois en 1977 avec Fanny Vlamynck. Crise sentimentale et personnelle qui débuta dès le milieu des années 50 et qui apparaîtra en filigrane dans Tintin au Tibet, dont le thème est la fidélité en amitié.

Hergé est avant tout un travailleur, presque un esclave de son œuvre. Quand il ne travaille pas sur un nouvel album, il en retravaille un ancien. Selon les différentes éditions, apparaît la couleur, un visage qui prend du caractère, une personnalité qui s’affirme (le capitaine Haddock, devenu entre temps incontournable, intervient dans "Au pays de l’or noir" alors que dans le scénario original imaginé par l’auteur et interrompu par l’occupation allemande de 1940, Tintin ne connaissait pas encore Haddock, logiquement "Le crabe aux pinces d’or", volume dans lequel né le capitaine au grand cœur, aurait dû lui succéder). Autre exemple avec le gorille de L’île noire qui cesse de version en version d’être un simple clin d’œil à King Kong (Hergé avait été très marqué par le film) pour devenir une vraie création, avec une sensibilité plus développée. Le perfectionnisme du dessinateur est largement encouragé par son éditeur Casterman. Hergé découpe ses histoires comme un cinéaste. Sur les planches, les lecteurs découvrent des champs/contres champs, des gros plans, des plans américains, des inserts, des plans de coupe. Il scénarise, accorde une importance primordiale aux dialogues dont ses albums fourmillent sans pour autant dénaturer ou faire de l’ombre aux dessins. Il développe les personnages, crée de vrais seconds rôles, des petits rôles importants, parfois récurrents (Séraphin Lampion). À partir Des Cigares du pharaon/Le Lotus Bleu ses histoires ne sont plus de simples récits de voyages d’un reporter en goguette. Il écrit quasiment des romans illustrés. La bande dessinée n’est plus une caricature, une pirouette, un divertissement pour écoliers en culotte courte, mais une œuvre romanesque. Un homme, un ami pour la vie, trouve ici son importance : le fameux Tchang Tchong-Jen qui encouragea Hergé à se dépasser, à repousser les limites du récit, ce qui permit à ce dernier de signer ce que beaucoup considèrent comme le premier de ses chefs d’œuvre (moi itou) : Le Lotus Bleu.

Hergé, Les Aventures de Tintin On a marché sur la Lune, 1954 Bleu de coloriage des planches 25 et 26, Collection Studios Hergé © Hergé/Moulinsart 2016

Hergé, Les Aventures de Tintin On a marché sur la Lune, 1954 Bleu de coloriage des planches 25 et 26, Collection Studios Hergé © Hergé/Moulinsart 2016

Hergé avait une fenêtre ouverte sur le monde. S’il ne sortit de ses studios pour connaître de visu les destinations où il envoyait Tintin qu’à partir de la fin des années 50 et de L’affaire Tournesol, il fut toujours au courant et documenté sur les dernière innovations : voitures, trains, avions, aéroglisseur. Il sentait merveilleusement bien vers quoi tendait le progrès et il n’est donc pas étonnant qu’il anticipa le voyage de l’Homme sur la lune. C’est à cette occasion qu’il créa les studios Hergé en 1950 et s’entoura de collaborateurs. La source de travail étant devenu colossal, il abandonna ses autres créations "Quick et Flupke" et "Jo, Zette et Jocko" pour se consacrer à son héros préféré : Tintin.

Tintin qui depuis 1983 continue d’être la face émergée d’un des artistes les plus mystérieux, secrets, discrets et talentueux du 20ème siècle.

Hergé. Grand Palais

Du 28 septembre au 15 janvier 2017

Galerie Nationale (entrée Square Jean Perrin).

Ouverture : Du jeudi au lundi de 10h à 20h

Nocturne le mercredi de 10h à 22h

Tarifs : Plein tarif : 13 Euros/ réduit : 9 Euros.

Tintin - DiscMuseum

Tintin - DiscMuseum

http://lp.discmuseum.com/tout-le-contenu/histoires-gratuites/tintin/

On a volé l'iPod de Tintin ! La Playlist de l'expo Hergé


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