La statue du nouveau saint à l'église argentine de Rome (photo Télam)
La Province de Córdoba se prépare à la canonisation de l'un de ses plus emblématiques enfants, le Cura Brochero, le père José Gabriel del Rosario Brochero (1840-1914), que le Pape François portera sur les autels dimanche prochain, à Rome, à l'occasion de la fête de Notre-Dame de Guadalupe, la sainte patronne du Nouveau Monde.
Le ministère de la culture de la province annonce, avec un vocabulaire qui montre un manque de culture religieuse considérable (1), la tenue d'un concert, samedi prochain, 15 octobre 2016, à 19h, en plein air, au Parque de Las Tejas, à Córdoba même. Il s'agit de la Cantata Brochariana, une œuvre du guitariste et compositeur Carlos Di Fulvio, qui la joue un peu partout en Argentine, depuis le début du procès en béatification. Dans cette cantate, Carlos Di Fulvio s'est emparé de la musique rurale argentine pour dire la foi populaire, comme le fit pour la première fois en 1964 Ariel Ramírez dans sa célèbre Misa Criolla, lorsqu'il mêla pour cette œuvre liturgique des rythmes issus des quatre coins de l'Argentine. Le morceau le plus apprécié de la Cantata Brocheriana est une cueca, un genre typique du centre du pays, intitulée Un paso aquí, un tranco allá (paroles et musique de Carlos Di Fulvio).
Eglise paroissiale de Villa Cura Brochero (Córdoba)
Cette Cantata Brocheriana sera aussi donnée à l'église argentine de Rome, grâce au Chœur latino-américain de la Ville Eternelle. L'archevêque de Córdoba se rendra à Rome pour l'occasion, en compagnie de l'évêque de Cruz del Eje, le diocèse où se trouve Villa Cura Brochero, la bourgade où vivait le saint lorsqu'il ne crapahutait pas à dos de mule dans les montagnes environnantes, devenue un centre de pèlerinage appelé à grossir en importance. Au cours de cette semaine, on attend d'autres prélats argentins à Rome. La cérémonie de canonisation de six nouveaux saints sera retransmise par CTV en direct de la place Saint Pierre, très probablement à partir de 10h30, avec sans aucun doute un commentaire en français de Radio Vatican sur le site Internet Vatican.va, comme pour toutes les célébrations présidées par le Pape. Nul doute que les médias catholiques argentins et la Televisión Pública diffuseront eux aussi l'événement, qui commencera vers 5h30 du matin à cause du décalage horaire.
La maison d'exercices spirituels a été transformée en un musée consacré au Cura Brochero
Le Président Mauricio Macri s'apprête lui aussi à se rendre en Italie pour l'occasion. Il bénéficiera d'ailleurs d'une audience privée auprès du Saint-Père à laquelle il a annoncé qu'il se rendrait accompagné de son épouse, de leur fille commune et de deux des filles que l'un et l'autre a eues de précédents mariages. Une famille recomposée dans toute sa splendeur, après divorces en cascade des deux côtés, pour célébrer la mémoire d'un pauvre prêtre de campagne du XIXe siècle... Macri a décidément le sens de la provocation ! Sans parler du caractère très contestable de cette présence de la famille dans une manifestation à laquelle il se rend en raison de son mandat politique et avec les moyens de l'Etat.
Pour en savoir plus : lire l'article de La Voz del Interior, le quotidien de Córdoba lire l'article de La Prensa sur l'audience privée accordée à Mauricio Macri et sa tribu lire l'article de La Nación sur le même sujet voir l'article de Radio María sur la Cantata Brocheriana (avec vidéo du spectacle donnée en 2013 pour la béatification, à Villa Cura Brochero) lire la dépêche de Télam sur la Semana Brocherania qui s'ouvre à Rome
(1) Le rédacteur parle de sanctification de José Gabriel Brochero (le fait par exemple de faire sur soi le signe de croix) en lieu et place de canonisation (la déclaration qui fait d'un baptisé décédé un saint, c'est-à-dire un modèle à imiter pour toute l'Eglise partout dans le monde). N'importe quoi !