J'aurais tendance à dire que c'est le destin de toute passion... d'être une affection négative
Quelle affection ne l'est pas ?
C'est triste... passionnément triste... tristement passionnel d'être amoureux, d'être malheureux, d'être affectueux.
Qu'est-ce qu'une passion triste ?
C'est une affection qui diminue ma puissance d'agir et de réfléchir.
Belle définition que j'emprunte à Spinoza.
Une affection qui diminue ma puissance d'agir et de réfléchir.
C'est fort bien dit.
Celui qui se couche parce qu'il est trop fatigué et qui se lève encore plus fatigué, sait de quoi je veux parler...
Tous ceux qui sont fatigués d'être fatigués ressentent ce genre de tristesse.
Ils sont le plus souvent auteurs et acteurs de leur propre détresse... "le mal de vivre" dit Barbara qui n'a jamais feuilleté Spinoza.
Ça immobilise.... ça paralyse... ça diminue considérablement ma puissance d'agir et de réfléchir.
Ça bouillonne à l'intérieur de moi mais ça ne rayonne pas.
Je ne fais pas feu mais je prends feu... je me brûle la cervelle et les ailes... jusqu'à devenir cendre... Tristan et Yseult... et toute passion d'amour tristement célèbre.
Certains pour se consoler ou se rattraper supposent que leur amour n'est pas une passion triste mais une passion joyeuse. Ce n'est pas une affection négative mais une affection positive... disent ils.
Je ne peux pas m'empêcher de leur faire de la peine en leur disant qu'il n'y a pas de passion joyeuse... ni de cercle carré, ni de cheval ailé...
La joie n'est pas une passion mais une action... hélas et heureusement.
Une affirmation purement et simplement.
Ce n'est donc pas une affection mais une action qui augmente ma puissance d'agir et de réfléchir. Une action continue.
Et comme exemples de tristesse et de joie je vais encore plus vous étonner en vous révélant sous le sceau du secret que la haine est une passion triste et que l'amour est une action joyeuse.
Les lettres d'Amour de Mitterrand à sa maîtresse que Gallimard vient de publier disent définitivement au revoir à toute tristesse en révélant que l'Amour est un mouvement et non un sentiment qui nous fait vivre, mouvement qui nous rend toujours vivant même après qu'on soit mort. On meurt mais la joie demeure.
Que Spinoza me pardonne de lui griller un peu la politesse au sujet de la joie ou de la tristesse.
Cependant, je crois comme lui qu'une passion triste est une idée inadéquate.
On le voit à chaque fois qu'on veut faire coïncider deux choses qui ne coïncident pas.
Mon désir et ton désir ne s'emboîtent pas... parce qu'on ne peut pas mettre nos désirs en boîte...
C'est une conduite d'échec sans cesse réitérée...
Une scène sans cesse répétée, une passion sans cesse attristée.
Au revoir tristesse !