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States of Grace

Par Tinalakiller

réalisé par Daniel Destin Cretton

avec Brie Larson, John Gallagher Jr., Stephanie Beatriz, Rami Malek, Kaitlyn Dever, Keith Stanfield, Kevin Hernandez...

titre original : Short Term 12

Drame américain. 1h40. 2013.

sortie française : 23 avril 2014

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States of Grace

Sensible et déterminée, Grace est à la tête d'un foyer pour adolescents en difficulté. Parmi les jeunes membres de son équipe, diversement expérimentés, la solidarité et le bon esprit sont de mise. Jusqu'à l'arrivée soudaine d'une fille tourmentée qui ignore les règles du centre et renvoie Grace à sa propre adolescence... pas si lointaine.

States of Grace

Le titre " français ", States of Grace, ne donne pas forcément envie de découvrir ce film. Son titre original, Short Term 12, est plus intéressant même s'il s'éloigne du personnage principal. " Short Term 12 ", c'est donc le nom du foyer pour adolescents dans lequel bosse (et dirige) la fameuse Grace de notre titre " français ". Il faut savoir qu'avant d'être un long-métrage, il est passé par la case court-métrage en 2008 (portant le même nom). Ce sujet tient à coeur au réalisateur hawaïen Daniel Destin Cretton lui-même ayant été éducateur en centre spécialisé. Il voulait même à l'origine en tirer un documentaire (avant de signer ce premier long de fiction, il réalisait des docs pour HBO et Discovery Channel). Finalement, le réalisateur a préféré signé une fiction pour des raisons pratiques (les autorisations étant difficiles à obtenir) et morales (Cretton ne voulant pas non plus avoir l'impression d'exploiter les jeunes). Le risque quand on signe une fiction, en voulant partir de base sur le documentaire ou en étant influencé par ce genre, est de perdre justement cette part de fiction. Certes, on sent derrière le vécu du réalisateur, on le sent également bien documenté mais on est bien face à une histoire qui fonctionne de A à Z. Une histoire certes " simple " en apparence mais qui reste pourtant bien construite, logique mais sans être non plus attendue ou sirupeuse et surtout il n'y a pas de surenchère dans l'émotion, la dureté du milieu ou même dans les quelques moments de joie. Evidemment, la sincérité ne sauve pas toujours tous les films mais ici c'est véritablement un atout. On croit à l'histoire proposée, aux personnages, à leurs réactions, à leurs souffrances. Ce centre pour ados semble si vivant à l'écran, on a l'impression d'être en immersion dans cette enrichissante expérience humaine même si derrière il y a des difficultés émotionnelles pour les êtres qui y sont impliqués. On se sent proche des personnages tout simplement même si on ne connait pas ce milieu. Grace, qui illumine ce film, malgré toutes ses souffrances et ses interrogations, est bien le personnage principal mais les seconds rôles parviennent aussi à exister, même les plus petits. Le film évoque des situations sociales difficiles mais n'est pas un drame social. Ce n'est pas la volonté du réalisateur même s'il dépeint derrière une réalité. C'est un beau film d'espoir sur l'humain, plus particulièrement l'enfant ou de l'adolescent qui peut malgré ce qu'il peut traverser de pire (même si ça va forcément le marquer à vie et que ça sera parfois un obstacle pour sa construction) devenir un adulte plein d'avenir et d'espoir.

States of Grace

States of Grace est donc un film émouvant (oui, j'ai pleuré, vous commencez à avoir l'habitude) sachant très bien mêler avec une grande cohérence histoire personnelle et histoire collective. Ce long-métrage est donc très bien écrit, toujours crédible, et bien structuré, notamment par cette idée de boucle (la première et la dernière scène sont similaires que ce soit au niveau du dialogue ou de l'action à venir après ce dialogue) mais également bien mis en scène. Ce n'était pourtant pas évident mais pour un premier long-métrage de fiction, Daniel Destin Cretton s'en sort plus que bien. Il a su éviter les tics très pénibles d'un certain cinéma indépendant américain (et pourtant j'aime et je défends énormément ce cinéma en question mais il faut parfois savoir être honnête. On retrouve dans son travail de nouveau ce mélange de force et de sensibilité. Le montage est également selon moi de qualité, permettant de donner du rythme à ce film déjà énergique rien que par son sujet. States of Grace est évidemment porté par l'excellente Brie Larson, récemment oscarisée pour de Lenny Abrahamson cette année mais qui aurait dû selon moi être, au moins, en compétition dans la célèbre cérémonie américaine (d'ailleurs, le film tout court aurait dû concourir). Son interprétation est d'une grande justesse. Il y a chez elle une combinaison incroyable entre la force et la fragilité. Elle est également naturelle mais sans entrer dans les clichés extrêmes d'un certain cinéma indépendant américain actuel (encore une fois). John Gallagher Jr. (une découverte en ce qui me concerne) est également très bon dans ce rôle plus décontracté en apparence cachant évidemment bien son douloureux passé. Les ados sont également tous convaincants, que ce soit Kaitlyn Dever (vous l'avez sûrement vue dans la très bonne série Justified ou dans le naze ) ou Keith Stanfield (qu'on a pu voir dans Dope produit par Forest Whitaker ou encore dans Straight Outta Compton), tous les ados des ados sombres aux idées suicidaires et ayant des relations toxiques avec des parents monstrueux. On sera également ravi de retrouver Rami Malek, en ce moment connu pour son rôle sombre dans l'excellente série Mr Robot, dans un rôle secondaire sympathique (il incarne un jeune sortant de la fac voulant se faire une expérience) et finalement plus intéressant qu'il en a l'air dans le sens où il représente le regard du spectateur qui ne connait pas encore ce milieu et qui apprend et observe petit à petit. Finalement, à l'image des protagonistes, le spectateur ressort de ce grand petit film grandi.

States of Grace

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