Dead Combo : Pedro Gonçalves (guitare, basse) et Tó Trips (guitare)
Pedro Gonçalves : le "gangster" au visage impassible
Tó Trips, le "croque-mort" au chapeau haut-de-forme
Le festival Atlântico à la Philharmonie, qui s’est déroulé la semaine dernière, du 8 au 15 octobre, a été une réussite et un succès.D’abord parce qu’il a attiré la foule. D’accord, cela n’est pas vraiment surprenant au vu des énormes moyens de diffusion dont dispose l’établissement. Mais ça fait plaisir quand même, surtout pour tous ceux, comme moi, qui savent que la musique portugaise va bien au-delà du fado et du folklore. Les salles étaient combles et l’esprit des plus jouissifs pour tous les spectacles ; les spectateurs « portugais » sont venus en nombre, ainsi que plein d’autres personnes de plein d’autres nationalités. Il me semble qu’il était vraiment important d’enregistrer un soutien massif de la part des lusophones dans ce pays, car l’un des enjeux était de définir une dynamique collective, un désir partagé, une « masse critique » identifiée, de façon à rendre possible dans le futur d’autres initiatives dans cette direction. Gageons qu’une deuxième édition d’Atlântico sera à l’ordre du jour pour les saisons prochaines de la Philharmonie !Un enseignement essentiel à tirer de ce festival est que le public lusophone répond présent pour des événements culturels de qualité, mais il faut que ceux-ci fassent l’objet d’unepromotion conséquente.D’autre part, pour que le plat ait du goût et pour qu’il plaise, il faut des ingrédients de premier choix. (Et il faut cuisiner avec amour !).Un festival des musiques lusophones n’a de sens que s’il donne lieu effectivement à une diversité de propositions. Ce qui fut le cas pour Atlântico, qui a fait venir des artistes aussi variés que Waldemar Bastos, Antonio Zambujo, Mayra Andrade ou les Dead Combo. Bravo aux programmateurs, pour avoir su mettre à l’affiche à la fois du fado (dans une version très rafraîchie), du jazz, de la bossa, de l’indie alternatif… Et quelle belle brochette de talents ! Rendons-leur grâce de nous avoir évité des dinosaures tels que les Xutos, Rui Veloso ou Mariza (même si parmi les trois, il y en a un que j’apprécie beaucoup)!Je voudrais vous dire quelques mots encore au sujet du concert des Dead Combo, auquel j’ai eu le bonheur et le plaisir d’assister vendredi 14 octobre, dans l’Espace Découverte.Déjà, j’étais ravi que ça se déroule dans le cadre intimiste de cet espace, et non dans la grande salle, où franchement les Dead Combo, ça n’aurait pas marché. Car ces deux messieurs ont un look et un univers bizarroïdes, et il fallait absolument qu’on soit au plus près de leur spectacle hyper-stylisé, de leurs silhouettes excentriques, de leurs sons croisés, de la façon dont ils se barricadent dans leur film imaginaire. Les Dead Combo, ce sont un peu les cousins lusitaniens de Tom Waits. D’ailleurs, ils ne renient en rien cette filiation, ils la mêlent à tout un tas d’autres influences qui leur sont propres, Carlos Paredes, le fado, les rythmes latins et africains, le blues-jazz ou encore les bandes sonores des films de Tarantino. Au final, un cocktail éclectique et unique qui ne peut être dissocié de leur pose visuelle.Pour en venir au concert à la Philharmonie : for-mi-da-ble !Cela fait bien dix ans que j’attendais de voir ces Lusitânia Playboys en concert, et je n’ai pas été déçu – au contraire, j’ai compris que c’est véritablement sur scène que l’on a la pleine mesure de la force poétique et musicale de ce duo inclassable.Cette même impression était partagée, il me semble, par tout le public heureux d’être là, après tout.Un pur bonheur pour nous tous, donc, et en particulier également pour les photographes présents, car des mises en scène aussi baroques, il est jouissif de pouvoir en capter des émanations ! Les autres photos du concert, c'est par ici : https://flic.kr/s/aHskJTjKqJ